Lettre ouverte à Valérie Pécresse, grande féministe devant l'éternel

Madame la Présidente du Conseil régional d'Île-de-France,

J'apprends aujourd'hui - sans grande surprise je dois bien l'avouer - que vous avez décidé de mettre un terme aux financements des études sur le genre, les inégalités et les discriminations.
Depuis plusieurs années maintenant, la Région soutient des Domaines d'Intérêt Majeur (DIM) en matière de recherche. Depuis 2006, le genre faisait partie de ces Domaines d'Intérêt Majeur justement. En 10 ans, ce sont près de 90 allocations de recherche de doctorat et de post-doctorat qui ont été financées par la Région que vous présidez depuis un an, à hauteur de 10 millions €.

C'est une somme importante, certes, mais c'est bien peu lorsqu'elle est ramenée à l'échelle d'un budget annuel comme celui de la Région Île-de-France. 

Vous avez donc fait le choix de supprimer purement et simplement les femmes, le genre et les droits des mots-clés directement concernés par les nouveaux DIM portés par la Région Île-de-France.

Mais ce n'est pas une surprise venant de votre majorité régionale, noyautée par la Manif pour Tous et Sens Commun.

Vous aviez d'ailleurs clairement annoncé la couleur pendant la campagne des Régionales. Ainsi, en page 22 de votre programme, vous déclariez:
"Tous ceux qui prétendent à une subvention de la Région signeront une Charte par laquelle ils s'engagent à partager et mettre en œuvre les valeurs de notre République dont la laïcité et l'égalité homme-femme. Toute entorse à cette règle conduira à la suppression de cette subvention."
"En finir avec le clientélisme et l'opacité.
Les subventions de la gauche que nous ne reconduirons pas:
Plusieurs dizaines de millier d'euros pour promouvoir la théorie du genre"
Je me dois donc de vous féliciter d'avoir tenu une promesse de campagne. Une promesse quelque peu schizo puisque d'un côté vous vous vantiez de défendre l'égalité femme-homme mais que de l'autre vous promettiez de mettre un terme aux organismes promouvant les gender studies (oui parce que, comme vous le savez parfaitement, la "théorie du genre" n'existe pas).

J'en conclus donc que vous considérez que toutes les recherches visant à faire avancer l'égalité femmes-hommes, la lutte contre les stéréotypes sexués dans le monde du travail, la lutte contre les discriminations sexuelles, dans la société, la culture, les médias, le monde universitaire... etc., ne sont plus des domaines d'intérêt majeur.

Prenons acte, Madame la Présidente, de votre décision parfaitement réactionnaire et inversement proportionnelle à l'énergie que vous déployez pour clamer ici ou là que vous êtes féministe.

Et puisque nous sommes à quelques jours de Noël, permettez-moi, Madame la Présidente, de tenir à votre disposition un exemplaire de ma thèse de 729 pages intitulée "La féminisation de l'armée pendant les guerres (1938-1962): enjeux et réalités d'un processus irréversible", financée pour moitié par l'Institut Emilie du Châtelet, créé en 2006, sous l’impulsion du Conseil régional d’Île-de-France, et qui pilotait depuis 2012, le pôle Genre du Domaine d’intérêt majeur, labellisé par la Région Île-de-France, « Genre, Inégalités, Discriminations » (GID), au côté de l’Alliance de Recherche sur les Discriminations (ARDIS), et dont vous trouverez ci-dessous un résumé.
Du 11 juillet 1938, date de la loi Paul-Boncour qui permet pour la première fois une mobilisation légale et officielle des femmes, à la fin de la guerre d’Algérie, les effectifs des personnels féminins de l’armée ne cessent d’augmenter. Entre 1939 et 1962, la France est en guerre sans discontinuer. Présentes sur tous les fronts dès 1939, les femmes obtiennent peu à peu un statut de militaires par le prisme des guerres qui se succèdent en Europe, puis en Indochine et en Algérie. Bravant les lois du genre qui leur interdisaient le port de l’uniforme militaire, les femmes devancent les textes législatifs et contraignent ainsi les institutions à promulguer des lois leur permettant d’accéder à la carrière militaire. Toutefois, cette avancée considérable demeure une avancée en demi-teinte car, au terme de trois guerres, les femmes restent en marge de la Grande Muette qui limite leurs opportunités professionnelles. Malgré le statut du 15 octobre 1951 qui leur garantit des perspectives de carrière sur le long terme, les obstacles culturels restent encore nombreux et les femmes soldats sont loin de faire l’unanimité dans l’inconscient collectif. L’image de ces femmes exerçant un métier d’homme aux vertus traditionnellement masculines de virilité, courage et force, renvoie continuellement aux spectres de la dénaturation de leur sexe biologique. Le poids des traditions et des assignations de genre limitent considérablement leur acceptation dans la mémoire combattante. Pour autant, en choisissant l’armée pour servir la France de la Seconde Guerre mondiale à la guerre d’Algérie, ces pionnières ont ouvert la voie à la féminisation de l’armée qui n’a jamais ralenti depuis.
Restant à votre disposition pour vous en faire parvenir un exemplaire numérique, je vous prie de croire Madame la Présidente, en l'expression de ma considération sincère.

Elodie Jauneau

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10 commentaires

  1. Et en plus, elle pleurniche parce que ses petits copains réacs (comment pourrait il en être autrement) la surnomment "Valérie Traitresse" !!!

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  2. Enfin une décision de bon sens : ça fait tout de même plaisir, même si ce n'est pas grand-chose. Espérons qu'il y en aura beaucoup d'autres à partir de mai prochain. Notamment l'abrogation de la dernière loi scélérate et liberticide concernant l'avortement.

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  3. Sauf que la "Théorie du Genre" n'existe pas et son utilisation vide le sens véritable de "l'Etude du genre" et Pécresse fait n'importe quoi mais çà, on commence à y être habitués.

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  4. Comment peut-on défendre la théorie du genre et laisser l'Islam radical avancer en France? De toute façon, vous êtes finis. Vos problématiques et obsessions devraient disparaître du jour au lendemain après la présidentielle et ne plus revenir. En 2022, la situation se sera tellement aggravée que vous n'aurez aucune chance sans alliance avec la droite.

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  5. Fredi M., démontrez-moi que je mélange tout et on en reparle.

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