Le Ministère des Droits des Femmes aux Assises de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche

Assises de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche
Début septembre ont eu lieu les Assises de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche auxquelles le Ministère des Droits des Femmes a contribué.

L'intégralité de cette contribution est accessible sur le site du Ministère.

J'ai pour ma part choisi de reproduire ici le 4ème point de cette contribution qui porte sur les Gender Studies, les études de genre, les recherches sur le genre, appelez-ça comme vous voulez. Car je trouve qu'elle est très claire pour quiconque n'aurait pas bien cerné la différence entre sexe et genre, entre sexe biologique et sexe social.

Faire connaitre et développer les recherches sur le genre

Il est courant d’entendre que les études de genre seraient une spécialité anglo-saxonne à laquelle la recherche française aurait échappé. En réalité, le développement des études de genre a été amorcé dès les années 1970 de manière conjointe entre la France et les Etats-Unis, mais a fait face en France à un manque de démarche structurée et globale, qui aurait permis d’investir l’ensemble des champs disciplinaires avec un soutien public durable. Il s’agit aujourd’hui de rattraper ce retard.

Le développement des études de genre est un enjeu majeur pour notre société. Tout d’abord, c’est un levier supplémentaire dans le combat pour l’égalité femmes-hommes dans l’enseignement supérieur et la recherche, et par écho dans toute la société. Le genre constitue un outil analytique des sciences sociales. Il permet de déconstruire les discours de naturalisation des rapports sociaux, et en particulier de révéler et d’analyser les relations de pouvoir entre hommes et femmes. La mobilisation des établissements d’enseignement supérieur est donc cruciale dans cette démarche. Il s’agit aujourd’hui d’encourager fortement la création dans les universités de départements dédiés à l’étude du genre afin d’en faire une problématique à part entière dans le champ universitaire, et d’accroitre la visibilité des chercheurs dans ce domaine.

Les études de genre sont également indispensables pour interroger les stéréotypes qui sont toujours prégnants dans les cursus universitaires. On ne pourra pas travailler à des innovations pédagogiques pour la réussite du plus grand nombre sans se pencher sur la dimension genrée des interactions entre acteurs du monde universitaire. Intégrer le genre dans les projets de recherche permet en effet de conduire une réflexion en amont sur le recrutement, sur la notion d’excellence et d’innovation, et sur la prise en compte du genre dans la méthodologie, l’objet de recherche et la valorisation.

Parce que les analyses en termes de genre présupposent que toute production de savoir est traversée par des phénomènes de pouvoir, son usage est pertinent au-delà même des sciences sociales, et a sa place également dans les humanités et les sciences, comme le témoignent de nombreuses initiatives à l’étranger. En l’absence d’une prise en compte des différences de genre, le point de vue masculin, prenant le cas des hommes pour une référence neutre et absolue, gouverne, sauf exception, l’ensemble des démarches et programmes scientifiques, ce qui peut conduire à des généralisations erronées. Il s’agira donc de poursuivre et à terme de généraliser des expériences comme celles menées à l’Université Paris Diderot ou à Sciences po qui visent une intégration obligatoire de la problématique de genre dès la première année de licence. La mobilisation de nos institutions doit intégrer l’Agence nationale de la recherche dans la mise en place d’appels à projets thématiques pour accompagner les pouvoirs publics dans la politique d’égalité. C’est un enjeu tant en termes de compétitivité de notre enseignement supérieur qu’en matière d’innovation et de créativité pour notre pays.

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