Laisse! J'ai plus de force que toi!

Après les dĂ©bats twitto-rĂ©seaux-sociaux-blogosphĂ©riques sur les prises de position de l’Église sur le mariage gay, c'est l'occasion de revenir sur les stĂ©rĂ©otypes de genre qui, finalement, ont Ă©tĂ© eux aussi au cĹ“ur de la polĂ©mique de ces derniers jours, en plus du reste.

C'est Angeline Montoya qui propose un test intéressant dans le dernier Libé: "Stéréotypes en tous genres"

Outre que les questions sont judicieuses et justifiées, les propositions de réponses n'en sont pas moins remarquables tant elles sont imprégnées de stéréotypes (et c'est bien le but du test justement). Certaines sont même carrément drôles... Hélas!

Alors si vous ĂŞtes joueur-se, allez donc jeter un oeil Ă  ce test avant de lire l'intĂ©gralitĂ© de ce billet! 

Car finalement, que retenir?

Legos? Barbie? Les deux? 

Alors que depuis des annĂ©es, on tente dĂ©sespĂ©rĂ©ment de comprendre comment ou pourquoi untel ou unetelle devient homosexuel-le, il est tout simplement prouvĂ© qu’il est impossible de le prĂ©voir. Ce n’est pas parce qu’un garçon jouera Ă  la poupĂ©e ou qu’une fille prĂ©fèrera les Legos aux Barbies qu’il-elle deviendra gay. Ce n’est pas non-plus parce que l’enfant s’habillera avec des fringues jugĂ©es non conforme Ă  son sexe qu’il-elle en viendra Ă  l’homosexualitĂ©. Car l’homosexualitĂ© n’est ni une maladie mentale gĂ©nĂ©rĂ©e par un trouble de l’enfance, ni un choix de vie toujours assumĂ©.

OĂą suis-je? Dans quel Ă©tat j'erre? 

Si depuis des lustres les garçons rĂ©ussissent mieux que les filles pour tout ce qui relève de la visualisation et de la rotation mentale en trois dimensions, c’est parce qu’ils sont plus incitĂ©s que les filles Ă  jouer Ă  des jeux sur ordinateur, des jeux de construction et des jeux en extĂ©rieur, ce qui dĂ©veloppe leurs capacitĂ©s cĂ©rĂ©brales. Contrairement aux filles auxquelles on apprend Ă  rester calmes, Ă  jouer Ă  des jeux intĂ©rieures, Ă  pratiquer des sports « de filles », si possible en robe et entre filles.
Selon Catherine Vidal, neurobiologiste, «A la naissance, seuls 10 % de nos neurones sont connectĂ©s. Les 90 % des connexions restantes vont se construire au grĂ© des influences de la famille, de l’Ă©ducation, de la culture, de la sociĂ©tĂ©».

Prof ou ingénieur-e?

Dans les mĂ©tiers d’enseignement du secondaire, les femmes sont plus nombreuses que les hommes et reprĂ©sentent 57% des effectifs. L’idĂ©e selon laquelle les femmes, parce que naturellement prĂ©destinĂ©es Ă  ĂŞtre mères, seraient plus Ă  mĂŞme que les hommes Ă  exercer des mĂ©tiers en rapport avec les enfants ou la jeunesse, est très implantĂ©e dans la sociĂ©tĂ© et les mentalitĂ©s.
Les femmes qui choisissent la carrière d’ingĂ©nieure ne le font pas parce qu’elles auraient Ă©tĂ© surdouĂ©es en Technix, Kapla ou Lego quand elles Ă©taient petites filles. Et ce n’est pas non plus parce qu’elles son lesbiennes qu’elles embrassent une carrière traditionnellement masculine. En revanche, c’est souvent parce qu’elle n’ont pas de frère ou parce que leur mère est diplĂ´mĂ©e et travaille (voir sur ce sujet les travaux de Catherine Marry et Isabelle Lasvergnas).

Première S option maths?

Contre toute attente, les filles s’orientent en section S après la seconde. Alors que pendant des annĂ©es, elles ont Ă©tĂ© majoritairement en Premières L ou ES ; alors que pendant des annĂ©es la sociĂ©tĂ© leur a inculquĂ© l’idĂ©e que la section Scientifique, filière soi-disant d’excellence rĂ©ussissait principalement aux garçons, la tendance tend Ă  s’inverser et de plus en plus de lycĂ©ennes choisissent une Première S. Pourtant, elles ne reprĂ©sentent qu’un ¼ des Ă©lèves de maths sup alors qu’elles ont plus souvent une mention au BAC S que les garçons.


Alors que les stĂ©rĂ©otypes de genre alimentent l’idĂ©e qu’une femme au volant, c’est la mort au tournant ou que parce que les femmes ont plus de lacunes que les hommes en matière de latĂ©ralisation, elles galèrent Ă  faire un crĂ©neau, elles ont pourtant 2,8 fois moins de risques que les hommes d’ĂŞtre victimes d’un accident mortel.

Les dĂ©mons de minuit 

Alors qu’il est souvent admis qu’une femme ne devrait pas sortir seule le soir dans la rue car, c’est bien connu, la rue la nuit c’est dangereux, « seuls 12% » des viols ont lieu dans la rue et une fois sur trois au domicile de la victime (70 % des femmes violĂ©es connaissaient leur agresseur selon l'Insee). Par ailleurs, les hommes sont plus souvent victimes d’agressions violentes dans la rue que les femmes.

Un balai? KĂ©sako? 

Et pour finir, en France les hommes consacrent toujours moitiĂ© moins de temps que les femmes aux tâches mĂ©nagères (proportion qui n’a pas Ă©voluĂ© en 25 ans).

Remember: Mini Mir, mini prix, mais il fait le maximum... 

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15 commentaires

  1. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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  2. Faux!
    Nous les garçons d'un certain âge, on aime bien jouer à la poupée...
    VoilĂ !

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  3. En plus, ça se transmet comme une maladie honteuse. A mort les vendeurs de cuisines !

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    1. Et qu'ils rehaussent les éviers merde! A hauteur d'homme que diable! Tiens... Je blasphème.

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    2. encore
      te voilà en état de récidive

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    3. Je vais finir au pilori si ça continue

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  4. Tiens, j'avais raté ce billet! Blasphème!
    Ma fille a eu des legos, des voitures, adore les jeux vidéos de "garçon" déteste Animal Crossing mais préfère Ratchet et Clank ou God of War...est plus douée en maths et logique que son frère. mais veut faire ES.
    Alors, les stéréotypes...
    Je précise que c'est mon mec qui fait la cuisine toujours et il fait mieux le ménage que moi.
    Mon fils fait son repassage aussi.
    Article super intéressant

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  5. Est-ce que les garçons sont plus doués/intéressés que les filles par l'Histoire-Géographie, ou l'inverse, ou kif-kif ?
    Avez-vous déjà eu l'impression, par votre attitude en classe, dans les corrections, dans votre manière d'enseigner, d'avoir involontairement une attitude sexiste, de renforcer des stéréotypes ?

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    1. Je ne peux parler que de l'Histoire car c'est la seule discipline que je connaisse. A l'université, mes TD étaient vraiment à 50/50 féminin-masculin.
      En revanche, lorsque j'ai passé les concours du CAPES et de l'Agrégation, le pourcentage de femmes étaient plus élevé (autour de 60% - 2002-2004)
      En ce qui concerne ma manière d'enseigner, corriger ou mon attitude, je n'ai absolument pas l'impression d'avoir eu involontairement une attitude sexiste, renforçant les stéréotypes.
      Pour mes corrections de copie à l'université, j'ai toujours exigé l'anonymat et quant à mes enseignements, j'ai toujours aborder la question du genre dans mon programme, donc forcément, ça limitait le risque.
      Et je m'adresse exactement de la même manière aux étudiants et aux étudiantes : Monsieur / Madame par exemple.

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  6. 60/40, ce n'est pas une différence énorme.

    La manière de noter serait différente selon que le professeur sait que la copie vient d'un garçon ou d'une fille. Le Jury aussi, aurait une attitude différente selon le sexe de l'élève. Les instituteurs encourageraient davantage les garçons que les filles, saperaient moins leur assurance en cas d'échec, réprimeraient moins leur impulsivité, etc.
    Bref, on accuse le corps enseignant de maintenir et renforcer des attitudes sexistes, chiffres en main et analyses pédosocios à l'appui.

    J'ai des doutes. J'ai souvent constaté l'inverse. J'ai du soutenir une fille qui avait choisi une formation technique quasi-exclusivement masculine et qui, dès son plus jeune âge, n'a rencontré QUE des encouragements et un soutien attentif de TOUS ses enseignants. Au point d'être cruellement remise en place par la réalité du monde professionnel dès ses premiers stages, qu'elle a eu bien du mal à trouver.
    Tous les enseignants que je connais, ou peu s'en faut, se défendent de toute discrimination sexuelle (ça c'est normal!) mais, comment dire, font attention. On pourra bien trouver un con sexiste franchement nuisible si on cherche bien, mais à mon avis, il sera aussi rare que l'enseignant raciste. Dès la maternelle les mêmes ateliers, les mêmes activités physiques sont proposés à tous. Au collège, le sport est mixte et les professeurs de mathématiques sont trop contents d'avoir des filles grosses têtes en leur matière, ils les bichonnent carrément.
    Je n'ai pas l'impression, moi, que les enseignants y vont à la truelle sexiste, qu'il y a une révolution des comportements à effectuer de ce côté-là.

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    1. Euh... Ai-je dit que les enseignants y allaient Ă  la truelle sexiste?
      Moi aussi je suis entourée d'enseignants qui encouragent filles et garçons de la même manière, qui leur proposent les mêmes ateliers ...etc...
      Et attention, il n'est pas question QUE de l'enseignement mais aussi de tous les à-côtés qui conditionnent les filles et les garçons à développer plus d'intérêt pour telle ou telle discipline.
      Quant au 60-40, je ne suis pas d'accord avec vous... Surtout quand on parle de 8 Ă  9000 candidats...

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  7. "Quant au 60-40, je ne suis pas d'accord avec vous... Surtout quand on parle de 8 Ă  9000 candidats..."

    Oui, d'accord...
    Je pensais que le corps enseignant était plus féminisé encore dans le secondaire.

    Pour le coup de la truelle sexiste, c'est ce qui ressort de la majorité des blogs féministes pour expliquer "les filles et les maths". Je ne crois pas, d'après ce que je vois et connais, moi, que le corps enseignant soit responsable du peu d'ingénieurs féminins, par exemple. Je crois même qu'il a une bonne longueur d'avance sur les agences de pub qui prétendent inciter les filles à embrasser les carrières scientifiques avec des spots rose pailletés façon blogdefille débile.
    Je ne te contredis pas, hein. Mais comme on ne peut pas savoir, à moins de tenter sur une grande échelle l'expérience de ces parents qui refusaient de dévoiler le sexe de leurs moutards la part de nature/culture dans les appétences et choix scolaires, on ne peut que faire au mieux, dans un souci d'égalité et de justice et il me semble que justement, les enseignants tels qu'ils sont actuellement depuis quelques générations (deux au moins) sont plutôt moins sexistes que le reste de la société.

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  8. Ah mais complètement!
    Nous sommes d'accord!
    Le poids de la culture et de la société dans son ensemble est bien plus lourd que celui de l'enseignement dans la propagation des stéréotypes de genre.
    Ceci dit, quand on voit le tollé provoqué par le nouveau programme de 1ère S venant des milieux conservateurs et / ou cathos (les enseignants de SVT étant par ailleurs majoritairement favorables à ce nouvel enseignement), cela confirme bien que les pressions ne viennent pas du milieu éducatif.

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