#MeToo : c'est l'histoire d'une photo historique



Lundi 6 mai 2024, j'ai vécu une journée dingue.

Si on m'avait dit, il y a 10 ans, que je serais vice-présidente de MeTooMedia, une association qui lutte contre les violences sexistes et sexuelles dans le monde des médias et de la culture, je ne l'aurais pas cru.

Si on m'avait dit, il y a 10 ans, que je me retrouverais sur une photo historique avec près de 100 personnes, acteurs et actrices du mouvement #MeToo en France, célèbres ou non, venant de tous les milieux, de toutes les strates de la société, je ne l'aurais pas cru non plus.

Quel que soit leur #MeToo, quel que soit notre #MeToo (politique, sport, cinéma, inceste, média, conjugal, viticulture, musique, stand-up, soumission chimique, théâtre, armée, institution, YouTube, Femmes de chambre, cyber, dans la rue...), nous étions toutes et tous réuni-e-s pour montrer à la face du monde que #MeToo ne date pas d'hier, ne date pas de 2024, ni de l'année dernière. Ça fait des années qu'ils et elles parlent, dénoncent, se battent, souvent seul-e-s contre tous, contre vents et marées dans un silence assourdissant et dans l'ignorance totale des pouvoirs publics.

Lundi 6 mai, dans le studio photo, il y a eu beaucoup d'émotions, de sourires, de larmes, de soupirs, de frissons et d'embrassades. Comme le sentiment de faire partie d'une famille invisible, une famille ignorée, une famille réunie pour porter et faire entendre la voix de toutes celles et ceux qui n'en peuvent plus de crier dans le vide.

Lundi 6 mai, nous étions ensemble, venu-e-s de tous les milieux, de toutes les strates de la société, à l'image de ce que sont le viol et les agressions sexuelles : des crimes et délits structurels, systémiques et endogènes.

Des crimes et délits qui s'élèvent à 216 000 par an.
94 000 viols par an dont 94% sont classés sans suite.

QUATRE-VINGT-QUATORZE POUR CENT.

Comment continuer à exhorter les victimes à choisir entre porter plainte ou se taire quand seulement 4% des accusés sont condamnés ?

Comment les traiter de mythos ou de menteuses quand elles sont plusieurs, parfois des dizaines, à dénoncer le même agresseur ?

Parce que le ras-le-bol est général pour toutes celles et ceux qui ont un jour dû affronter le viol, l'agression sexuelle, la honte, le trauma, la peur et le découragement qui en découlent, il est plus que temps de s'emparer de ce fléau à bras-le-corps et voter, enfin, une loi digne de ce nom, une loi intégrale.
Une loi intégrale qui permettra de clarifier, entre autres, la définition du viol et du consentement, introduire celle de l'inceste, de juger les violeurs en série pour tous les viols connus, d’élargir les ordonnances de protection aux victimes de viols, de faciliter la collecte de preuves, de créer des brigades spécialisées, d’interdire les enquêtes sur le passé sexuel des victimes, de permettre un accès immédiat et gratuit à des soins en psycho-traumatologie, de donner enfin les moyens financiers à cette politique publique et aux associations qui la mettent en place. 

Mardi 14 mai, nous faisons la une du journal Le Monde. Nous sommes 100 sur cette photo pour porter et faire entendre la voix de centaines de milliers d'autres.

Nous sommes cent mais, en fait , nous sommes des centaines de milliers. Nos prises de parole #metoo ont révélé une réalité plongée dans le déni : les violences sexistes et sexuelles sont systémiques, pas exceptionnelles. Pour autant, une affaire semble en chasser une autre, qui nous écoute vraiment ?
Depuis sept ans, nous parlons pour nous et pour toutes les femmes, hommes et enfants qui ne peuvent pas le faire. Les inégalités et les rapports de pouvoir favorisent les violences sexistes et sexuelles, et le déni collectif protège les agresseurs. Nous ne sommes pas des chiffres : femmes et hommes de tous milieux professionnels, nous nous rassemblons pour demander une loi intégrale contre les violences sexuelles et sexistes, ambitieuse et dotée de moyens. Car, malgré le courage des victimes, c’est l’impunité qui grandit. Il est inacceptable que le taux de classement sans suite des plaintes pour violences sexuelles ait atteint le chiffre délirant de 94 % en 2022. Nous n’acceptons plus les effets d’annonce sans résultats. L’ajout du seul mot « consentement » dans la loi ne permettra pas de rattraper le retard abyssal de la France en la matière.
Nous demandons une loi intégrale qui permettra de clarifier, entre autres, la définition du "viol" et du "consentement", d’introduire celle d’"inceste", de juger les violeurs en série pour tous les viols connus, d’élargir les ordonnances de protection aux victimes de viol, de faciliter la collecte de preuves, de créer des brigades spécialisées, d’interdire les enquêtes sur le passé sexuel des victimes, de permettre un accès immédiat et gratuit à des soins en psychotraumatologie, de donner enfin les moyens financiers à cette politique publique et aux associations qui la mettent en place.

Nous sommes 100 sur la photo mais 147 à appeler à la mobilisation générale pour une loi intégrale contre les violences sexuelles.

* Les 100
Sarah Abitbol - Christine Angot - Charlotte Arnould - Isabelle - Attard - Camille Aumont Carnel - Clémentine Autain - Henda Ayari - Anne Ballereau - Emmanuelle Béart - Fatima Benomar - Marilou Berry - Coline Berry - Isild - Besco - Juliette Binoche - Adélaïde Bon - Sidonie Bonnec - Manon Bril - Arthur - Brondy - Laura Calu - Isabelle Carré - Angélique Cauchy - Amaia Cazenave - Clothilde Chamussy - Mai Lan Chapiron - Stéphanie Chehab - Sophie Conrad - Marie Coquille-Chambel - Laurence Cordier - Nanou Couturier - Nadia Daam - Emmanuelle Dancourt - Caroline Darian - Astrid de Villaines - Cécile Delarue - Marie-Laure Delattre - Laurie Delhostal - Isabelle Demongeot - Yolande Du Fayet De la Tour - Manon Dubois - Justine Ducharne - Cécile Duflot - Giulia Foïs - Pierre Friquet - Arnaud Gallais - Margaux Gandelon - Natasha Gauthier - Isabelle Giami - Jérémie Gillet - Vahina Giocante - Camille Giry - Judith Godrèche - Emily Gonneau - Sarah Grappin - Aude Gueriteau - Solveig Halloin - Clotilde Hesme - Elisa Ingrassia - Halimata Ixa Graille - Elodie Jauneau - Sandrine Josso - Rachel Keke - Noémie Kocher - Karine Lacombe - Laura Lardeux - Anaïs Leleux - Corinne Leriche - Charlotte Lewis - Justine Lossa - Anne-Cécile Mailfert - Héloïse Martin - Mathilde Maulat - Florence Mendez - Mejdaline Mhiri - Jennifer Miramont - Mélodie Molinaro - Olivia Moore - Anna Mouglalis - Axelle Njike - Sandra Nkaké - Claire Nouvian - Katia Palla - Marine Périn - Isabelle Perraud - Sylvia Perri - Caroline Pierrot - Emmanuelle Piet - Thomas Piet - Florent Pommier - Florence Porcel - Marie Portolano - Charlotte Pudlowski - Julie Quéré - Muriel Reus - Sandrine Rousseau - Georgia Scalliet - Vanessa Springora - Philippe Torreton - Aude Turpault - Mathilde Viot - Amina Yamgnane.
* Les 47 
Isabelle Adjani -  Marie-Madeleine Ambrosini -  Estelle Bernardet -  Samantha Biolcati -  Sandrine Bonnaire -  Emilie Bruder -  Laure Calamy -  Judith Chemla -  Mathilde Chevallier -  Emma de Caunes -  Marine Deballon -  Marianne Denicourt -  Aurélie Degoul -  Hélène Devynck -  Elsa Drieu -  Julie Duval -  Flavie Flament -  Sara Forestier -  Stéphane Gaillard -  Lise Gallard -  Julie Gayet -  Eddy Gossard -  Anouk Grinberg -  Sophie Jezequel -  Tiziri Kandi-Levy -  Stéphanie Khayat -  Camille Kouchner -  Alexandra Lamy -  Anne Le Nen -  Dolorès Lebouvier -  Lio -  Olivia Mann -  Alice Méker -  Fanny Morvan -  Elodie Navarre -  Jessica Ohayon -  Elodie Pakosz -  Marie Rabatel -  Guillaume Rasquier -  Muriel Robin -  Eva Robineau -  Sonia Sieff -  Leïla Slimani -  Cecile Thimoreau -  Aurélie Toledo-Gascon -  Laetitia Visse -  Elsa Wolinski.

5 commentaires

  1. Belles photos. Mais vous auriez pu poser à poil.
    Nicolas

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  2. Normal.
    c'est parce que vous le valez bien.
    Quand vous défendez cette cause, vos écrits ne me hérissent pas.
    Le but étant de convaincre les "dures à cuire"
    Alors bon vent à vous
    Hélène

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  3. Coline Berry a toute ma compassion.
    Hélène

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