J’ai appris que porter un vagin ruine une carrière, une vocation, une vie (Mathilde, étudiante à Saint-Cyr)

Saint Cyr

Libération a lancé un pavé dans la mare de la Grande Muette en publiant les témoignages de plusieurs femmes étudiantes au lycée militaire de Saint-Cyr.

On y apprend qu'un groupuscule de lycéens à tendance facho a fait du harcèlement, des violences sexistes et sexuelles, un mode de vie, un code d'honneur entre mâles post-pubères qui ont vocation à défendre notre pays au sortir de cette grande école.

On y apprend aussi que l'une des victimes a alerté le Président de la République en décembre dernier et que sa lettre est restée sans réponse.

On y apprend que ce lycée est n'est ni plus ni moins qu'une machine à broyer les femmes: harcèlement moral, intimidations, insultes, humiliations, marginalisation, coups bas, tout est permis ou - à défaut d'être permis - tout est officieusement admis "sans que le commandement ne bouge d’un orteil".

On y apprend aussi que le Ministère des Armées s'est engagé à faire interdire les "sketchs douteux" qui ont traditionnellement lieu pendant la "Soirée 2S" (2S: 2 décembre du calendrier saint-cyrien qui célèbre la bataille d'Austerlitz). S'ils s'y atèlent avec autant de zèle que d'autres avant lui pour mettre un terme aux bizutages foireux et sordides qui perdurent dans nombre de grandes écoles, on a du temps devant nous.

On y apprend surtout que l'Armée reste un milieu misogyne où les clichés et les stéréotypes de genre restent la règle, où officiellement les femmes ont leur place - comme partout ailleurs dans la société - mais où, officieusement, on fait tout pour qu'elles en sortent.

Parce que l'Armée, tu comprends, c'est pas pour les tapettes ni les gonzesses.

Parce que comme l'écrivaient déjà certains dans les années 50: "Jamais la femme ne sera l’égale de l'homme dans ce métier, quoi qu'elle fasse. La femme soldat est un être hybride et asexué". (Bellone, juillet-août 1957).

Parce que comme l'a déclaré pas plus tard qu'hier le Général Chavanat, en visite à Laval, à propos de la place des femmes dans l'Armée:
On ne peut pas dire qu’elle est en corrélation parfaite avec la vie civile. L’une des raisons est que les spécialités proposées sont relativement incompatibles avec une vie de mère de famille ou parce que les engagements dans la durée peuvent poser des difficultés.
Parce que les femmes sont forcément des mères de famille en devenir et qu'elles sont faibles par nature, elles n'ont rien à faire dans l'Armée. 

Parce que militaire, c'est pas un métier de gonzesse.

Et que si toi, faible femme, tu décides de contrarier ta nature en choisissant un métier d'homme, un vrai, ne viens pas te plaindre si tu es ensuite maltraitée, violentée, harcelée, insultée, humiliée.

On m'a plusieurs fois demandé pourquoi j'avais choisi comme sujet de thèse "La féminisation de l'Armée pendant les guerres (1938-1962)". La réponse était que j'avais lu un jour un témoignage d'une femme militaire qui dénonçait le sexisme et la misogynie intrinsèques de l'Armée et que j'avais voulu me pencher sur ces pionnières qui en ont forcé les portes, devançant les lois et contraignant la Grande Muette à se féminiser.

A la lecture de ce papier de Libé, je retrouve donc tous les codes, tous les rituels, tous les préjugés et les stéréotypes que j'ai croisés dans les archives du Service Historique de la Défense pendant 6 ans.

Et je vous épargnerai les réactions d'une certaine extrême-droite sur les réseaux sociaux qui crie au complot gauchiste n'ayant pour seule ambition que de salir les symboles du patriotisme français. 

Mais on pourra néanmoins saluer la solidarité des fachos 2.0 avec les fachos de Saint-Cyr.

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10 commentaires

  1. De mon temps (1967-69), il n'y avait pas de filles à Saint-Cyr, et c'était sûrement bien mieux comme ça !

    Les femmes dans l'armée, il en faut, évidemment : à cause des tâches de secrétariat, de la cantine et des BMC. Pour le reste… Comme disait Jean Dujardin dans l'un de ses OSS 117 : « L'égalité, on en reparlera quand il faudra porter quelque chose de lourd ! »

    Ou alors, il ne faudrait accepter que les gouines tendance camionneuse. Mais j'ai peur que ça ne soulève tout un tas de petits problèmes éthiques, en notre époque déburnée.

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    1. Mais oui... si seulement les gonzessess pouvaient rester à la place qui est naturellement la leur, ça éviterait bien des problèmes aux hommes.

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  2. Et depuis quand est-ce qu'on "porte" un vagin, d'abord ?

    En fait, votre copine, si elle s'est fait virer de Saint-Cyr, ce n'est pas parce qu'elle a un vagin : c'est parce qu'elle s'exprime comme un bidasse.

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    1. À mon avis Goux et l'autre abruti ne peuvent pas se blairer.

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    2. Je vais laisser Goux troller tout seul avec lui-même hein...

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    3. Il m'en veut sans doute, vu que cela fait des semaines que je lui caviarde ses commentaires, tous rigoureusement sans queue ni tête.

      Sinon, pour rester dans le sujet proposé par la taulière, il faudrait étendre le principe de la parité. Aux éboueurs par exemple : on ne les entend pas beaucoup s'indigner, les filles qui rêvaient d'être éboueures et à qui on a méchamment bouché la carrière.

      Même chose pour les équarisseures dans les abattoirs d'ailleurs.

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    4. Votre féminisme vous perdra.

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  3. J'ai oublié de vous signaler, chère camarade égalitaire, que votre illustration ne va pas du tout, dans la mesure où, parlant des lycéens de Saint-Cyr-l'École, vous nous montrez les élèves officiers de Coetquidan.

    Mais bon, comme dirait l'autre : on ne peut pas demander à une fille de connaître toutes les subtilités militaires…

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    1. Oui enfin dès lors qu'elles sont en prépa à St-Cyr l'Ecole pour entrer à l'Ecole de St-Cyr à Coëtquidan, vous avouerez, que l'un dans l'autre, il y a de forte chances de retrouver les mêmes élèves sur les photos des deux écoles.

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