On touche le fond

On va  toucher le fond. Chaque heure qui passe, le fond se rapproche. 
Le niveau des arguments, le niveau des amalgames, le niveau de rĂ©cupĂ©ration politique de la tuerie de Toulouse est affligeant. 
De jeux de mots en amalgames, on en arrive Ă  des conclusions du type : un fou de Dieu d'"origine musulmane". 
Dans la mĂŞme veine, on en arrive aussi aux mĂŞmes conclusions pour les 3 paras qui sont d'"origine musulmane".
Quand finalement, on se reprend, il est trop tard et on se rend compte que l'un des trois Ă©tait catholique. 

C'est lamentable en 2012 de faire des raccourcis culturels aussi minables.

Jusqu'à preuve du contraire la Musulmanie n'existe pas. Ces trois paras, patriotes, sous l'uniforme et au service de la France sont aussi français que vous et moi : Abel Chennouf, Mohamed Legouad et Iman Ibn Ziaten.

Mais finalement on s'en fout pas mal de savoir quelle Ă©tait leur confession
  • Est-ce que ce besoin de prĂ©cision est vraiment nĂ©cessaire en pareilles circonstances?

On va me dire que j'enfonce une porte ouverte mais quand je vois le niveau des commentaires sur la toile, c'est moins Ă©vident.
  • Qu'est-ce que ça peut bien faire qu'ils aient des origines arabes, kabyles ou savoyardes ?
  • Qu'est-ce que ça peut bien faire de savoir s'ils sont musulmans, catholiques, juifs ou bouddhistes ?
  • Est-il vraiment nĂ©cessaire de prĂ©ciser systĂ©matiquement la confession d'une victime ou d'un assassin quand celle-ci/celui-ci est de confession musulmane ?
  • Et de quelle confession musulmane parlons-nous ?
  • De celle qui se pratique au quotidien dans la sphère privĂ©e comme le font tous-tes les Français-es qui se revendiquent pratiquant-e-s ?
  • Ou de celle, rĂ©interprĂ©tĂ©e, dĂ©shonorĂ©e et dĂ©shumanisĂ©e que quelques extrĂ©mistes pratiquent au nom d'un Jihad dĂ©raisonnĂ© ?
Cette surmédiatisation de l'assaut en temps réel pour arrêter le forcené est exécrable. A tour de rôle, journalistes et politiques commentent, comme on commenterait un match de foot:
  • les avancĂ©es et les reculades du RAID,
  • les avancĂ©es et les reculades de Nicolas Sarkozy, 
  • les avancĂ©es et les reculades de Claude GuĂ©ant, tous deux Ă©levĂ©s au rangs de hĂ©ros libĂ©rateurs et de justiciers dans une campagne soi-disant suspendue.
Hier, un hommage poignant et totalement justifié était rendu aux enfants de confession juive, victimes innocentes d'un extrémiste.
Aujourd'hui, on tire à boulets rouges sur l'Islam, contraignant certaines des plus belles plumes de la blogosphère et de Twitter à expliquer aux ignorant-e-s et aux racistes que :
  • non les musulman-e-s ne sont pas tous-tes des extrĂ©mistes,
  • oui on peut ĂŞtre musulman-e, Français-e et patriote,
Et on sent déjà poindre les relents d'une campagne sécuritaire aux parfums de celle de 2002.

Je nourris l'espoir de la dĂ©cence, je suis une utopiste, sans doute naĂŻve. 
J'ose espérer que les Français-e-s sauront faire la part des choses entre cet évènement tragique qui pointe du doigt un Islam extrémiste mais marginal dans notre pays et l'usage qu'il en sera fait dans la suite de la campagne quand Nicolas Sarkozy s'exhibera en justicier, en héros de l'ordre et de la sécurité.
Alors que pendant 5 ans il a mis au ban de sa politique les besoins, les effectifs et les revendications des forces de l'ordre.

J'ose espérer que la récupération politique qui a déjà commencé ne déshonorera le soit-disant pays des Droits de l'Homme.
Et qu'on ne vienne pas me rappeler à l'ordre si un jour il me prenait l'envie soudaine et incontrôlée de siffler la Marseillaise.

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