La bataille pour l'emploi. L'emploi: priorité n°1. Lutter contre le chômage des jeunes. Le chômage des séniors explose.
Voilà ce qu'on nous martèle jour et nuit.
Mais dans cette bataille pour l'emploi, est-ce qu'un jour on abordera aussi le problème de Pôle Emploi?
- Des conseillers débordés, qui gèrent tellement de demandeurs d'emplois qu'ils ne peuvent pas répondre à toutes leurs demandes.
- Des offres d'emplois dont la nomenclature est à pleurer tellement elle ne correspond à rien.
- Des mails qui restent sans réponse.
- Des ARE qui mettent 2 mois à tomber.
A qui la faute?
Je n'en sais rien. Je n'en ai aucune idée et je dois bien dire que je m'en fous.
Je plains les conseillers Pôle Emploi qui - depuis quelques années - sont obligés d'afficher au-dessus de leur guichet qu'"il ne sert à rien d'être violent ou brutal, votre conseiller est à votre service".
Putain, mais où on va?
Les fiches métiers, les fameux codes ROME... Vaste blague.
Personnellement, je suis abonnée aux offres suivantes: chargée de communication, community manager et chargée d'études / recherches en sciences sociales.
J'ai 35 ans et je suis bac + 8. Mais cela n'empêche pas Pôle Emploi de m'envoyer des offres d'emplois d'avenir, de stage, de CUI-CAE ou d'emplois tremplins, alors que je ne suis pas éligible.
Passé ce premier tri sélectif, il me reste des offres de CDD de 6 mois avec 5 ans d'expérience exigés pour un salaire de 2000€ bruts soit 1600 € nets. Je n'ai pas les 5 ans d'expérience. Mais je postule quand même. Sinon je me ferais chier et je ne postulerais à rien.
5 ans d'expérience payés 1600€ nets. Ça ne pose de problème à personne?
Je pose la question.
Quant aux fameux codes ROME, que faire quand une annonce de "chargée d'études / recherches en sciences sociales" propose en fait d'être rabbin? Je vous promets que ce n'est pas une blague. Et je vous épargne les annonces pour être "hôtesse de charme"...
Je suis à nouveau au chômage depuis un mois, après avoir aligné 3 vacations soit 10 mois de boulot payés au SMIC. Et le pire, c'est que je me suis éclatée dans ce boulot. J'ai adoré.
Avant cela, je suis restée au chômage 19 mois. Lors de mon 1er RDV en septembre 2011, mon conseiller Pôle Emploi m'a mise au parfum:
"Bon. je vais être honnête avec vous. Compte tenu de votre profil, ce n'est pas nous qui allons vous trouver un emploi. Vous en êtes consciente?"
Euh... Que dois-je répondre à cela?
Rien. Je n'ai rien répondu.
Je suis restée 16 mois sans voir un seul conseiller.
Au bout de 16 mois, j'ai sollicité un RDV pour faire le point. J'ai suivi une prestation proposant un bilan de compétences. Ça n'a pas fait avancé le schmilblick, mais ça m'a fait un bien fou car je suis revenue sur moi-même, et c'est bon pour le moral. Et le moral quand tu es au chômage, c'est primordial. Coïncidence ou pas, je n'ai pas pu achever cette prestation car j'ai trouvé un job avant la fin. Tant mieux pour moi.
Et ensuite?
Ensuite, comme j'étais une salariée précaire, je me suis consciencieusement actualisée tous les mois sur le site de Pôle Emploi, afin de ne pas être radiée et que mes ARE me soient versées dans les plus brefs délais en cas de retour au chômage. Tous les mois, j'ai donc adressé mes fiches de paie à Pôle Emploi, mais pas que. Il fallait aussi que je les adresse à mon gestionnaire chômage de la Fonction Publique. Bah oui. Parce que quand ton employeur assure l'indemnisation de ses chômeurs, ce n'est pas Pôle Emploi qui t'envoie tes ARE mais ton ancien employeur. Tu suis?
Lorsque ma 3ème vacation a touché à sa fin, j'ai contacté mon gestionnaire chômage pour savoir comment relancer la procédure d'indemnisation. Accroche-toi, c'est ubuesque.
-- "C'est très simple. Dès la fin du mois prochain, vous vous actualisez comme d'habitude et vous déclarez que vous n'avez pas travaillé. La procédure sera ainsi réenclenchée et vous percevrez votre ARE comme avant."
-- "D'accord. Mais qui va m'indemniser? Mon avant-dernier employeur ou mon dernier employeur?"
-- "Ah non. Il vous reste 98 jours de droits avec votre avant-dernier employeur. Vous devez donc les épuisez avant de toucher des ARE de l'employeur le plus récent."
-- "Et quand vais-je toucher l'ARE d'avril?"
-- "En juin Madame. Comme d'habitude. 2 mois plus tard, c'est la procédure."
-- "Ah bon? Mais comment ça se fait? Puisque mon dossier existe déjà, je pensais que ça irait plus vite."
-- "Pourquoi voulez-vous que ça aille plus vite? Vous vous actualisez. Pôle Emploi nous adresse votre actualisation et le temps que nous mettions en route l'ARE, ça prend 2 mois comme d'habitude".
-- "Et quand j'aurai épuisé mes 98 jours? Il se passera quoi?"
-- "Il faudra remonter un dossier."
-- "Ça veut dire que j'aurai à nouveau 2 mois de carence?"
-- "Tout à fait Madame".
- Et comment on fait quand on touche que dalle pendant 2 mois?
- Comment ils font les chômeurs qui n'ont personne pour les aider pendant ces 2 mois sans rien?
Ensuite, tu te réabonnes à toutes les alertes d'offres d'emplois. Enfin, je te rassure, je n'ai pas attendu d'être au chômage pour me remettre "en veille" comme on dit. Tu postules.
J'en suis déjà à 18 candidatures depuis le 5 avril. Mais pas des candidatures spontanées, non. des réponses à des offres d'emploi.
Ils proposent. Je postule.
Et sur 18 candidatures, j'ai reçu une seule réponse négative et une convocation pour un entretien. Les 16 autres, ils doivent s'en taper. Ils ne te répondent pas.
Ni oui, ni non, ni merde. Rien.
Les RH n'existent plus depuis belle lurette. De "Relations Humaines", on est passé à "Ressources Humaines": tout est dit.
Ensuite, pour les 15 candidatures spontanées: zéro réponse mais je leur en tient moins rigueur que les autres.
Comment peut-on, quand on est dans les RH et qu'on recrute, ne pas même daigner répondre à un demandeur d'emploi qui postule? Et quand on lui répond, c'est pour lui envoyer un courrier préformaté, prémâché, impersonnel et sans aucune précision sur le pourquoi du comment on ne fait pas l'affaire.
Voilà. Mon quotidien, c'est ça.
Mais heureusement pour moi, je suis entourée, soutenue, j'ai confiance et je suis hyperactive.
Alors, ne me souhaitez pas "bon courage" comme il est coutume de le faire quand on s'adresse à un demandeur d'emploi.
Car du courage, j'en ai.
Et à revendre, en plus.
20 commentaires
Je suis scandalisé, comment font les chômeurs pour vivre pendant 2 mois de carence ?!
RépondreSupprimerJ'imagine qu'ils doivent se priver de beaucoup de choses.
Ce n'est pas normal que ce système soit un vrai rouleau compresseur social.
Je te fais grâce de la paperasse à aligner pour la Sécurité Sociale...
Je suis également en carence pour 2 mois le temps qu'ils examinent mon dossier comme on le fait tous les 5 ans... Je suis obligé de vivre chez mes parents durant ce temps, je ne rentre pas dans mes frais. ca n'aide pas à être digne.
Ah oui. La dignité. Gros problème aussi la dignité. Et ce sentiment de honte ou de gêne c'est selon, quand tu rencontres des gens qui te demandent ce que tu fais dans la vie...
SupprimerSurtout quand ils te regardent de haut ! le pompon revient à la famille qui enfonce le clou : ca va de "mais que va t-on faire de toi ?" à "tu n'arriveras à rien dans la vie".
SupprimerRien que pour ca, j'évite les réunions de famille tellement c'est pénible de supporter ces remarques qui n'ont rien à faire dans une situation déjà difficile.
Non moi ça va de ce côté là. Mais c'est vrai que la question est quand même vite arrivée... La tête des gens... C'est ça le plus drôle.
Supprimer""Les codes ROME sont très utiles pour trouver un emploi sur le site de pôle emploi. Avec celui-ci vous pouvez consulter des offres d’emploi bien ciblées qui vous correspond ainsi que toutes les informations relative à cet emploi (compétences informatiques, compétences techniques, savoir faire…).""
RépondreSupprimerSource http://www.pole-emplois.org/codes-rome/
Et c'est ainsi que je me suis retrouvé capitonneur de cercueils, sans doute parce que en déco j'utilise des pistolets ( cloueurs , je precise pour les pisseux alités ) .
Combien tu vends le courage en plus ? :)
Nan mais quelle blague... Comment une administration soit disant dédiée au retour à l'emploi peut-elle être à ce point à l'ouest?
SupprimerJ'adore la tournure des phrases et je viens de lire les commentaires laissés sur le site en lien
SupprimerBescherelle au secours
Au secours oui.
Supprimerdes solutions existent pour combattre le chômage, la table ronde avec les différents interlocuteurs. Cela passe par le respect de chaque intervenant, qu'il soit chômeur, employeur,organisme de formation ou organismes sociaux. L'ECOUTE MUTUELLE !!!
SupprimerAvec 2000 € brut, vous n'en aurez même pas 1600 net…
RépondreSupprimerOui c'est vrai, je m'en suis rendu compte après. J'ai retiré 20% seulement.
SupprimerRien à ajouter à part deux choses.
RépondreSupprimer1. Bon courage.
2. La création de pôle emploi avec la fusion ANPE ASSEDIC fut une belle connerie, une des plus grosses. Les missions sont trop différentes... Il est urgent de revenir en arrière (en refilant les missions ANPE et formation professionnelle aux régions : un mammouth ne peut pas tout faire).
Dans les années 70, ce que le Mammouth savait faire c'était écraser les prix et conduire des millions de gens au surpoids.
SupprimerEt je suis d'accord avec toi N.Jégou : des missions aussi complexes et divergentes exigent des compétences propres à leur domaine.
Jégoun, tu as tout à fait raison. Il n'est pas normal que ce soit la même boîte qui gère les formations, le suivi des dossiers et l'indemnisation.
SupprimerAutres possibilités de survie : être démerdard et faire un maximum de black. Leur système nous y encourage. En dernière extrémité (mais ça c'est bon quand on a passé la limite fatidique des 40 balais ), partir vivre dans un bled à l'écart pour se mettre à l'abri des contrats jetables. J'ai ai connu qui l'ont fait, au bout d'un moment Pôle Emploi (à 40 kms de là) leur fichait la paix, d'autant qu'ils assuraient ne plus avoir de bagnole. Mais ça se défend quand on n'a pas de famille à faire vivre et qu'on n'est pas trop accroc aux illusions de la vie urbaine.
RépondreSupprimerAu passage, j'habite un département économiquement à la ramasse, dépopulation massive (un peu plus de 100.000 têtes de pipe pour tout le département, qui ne compte pas de grande ville) pas de bassin d'emplois, petit commerce vacillant, où le seul gros employeur est la fonction publique territoriale. Pôle Emploi fait ici de la figuration. Les convocs, c'est une à deux par an, pour la forme. On reste et on s'arrange pour vivoter au black, ou on se casse loin sans garantie de résultat.
Pôle Emploi n'est qu'un élément du problème, qui est infiniment plus vaste et qui touche, à mon sens, à la validité du pilier central de cette société : le travail.
Le travail au black, tout le monde le pratique. Tout le monde le sait. Mais personne ne se demande pourquoi les gens en arrivent là. Tout simplement parce qu'avec une ARE inférieure à 1000€, on ne peut pas vivre.
SupprimerPôle Emploi n'est qu'un élément du problème: nous sommes d'accord. Mais le problème justement, c'est que dans cette "bataille pour l'emploi", personne ne s'est posé 2 secondes la question de réformer Pôle Emploi...
Moi je ne peux que donner l'état du formateur de conseillers (fils aîné), accablé, agressé et en questionnement permanent. Depuis la fusion c'est pire et il se sent insuffisant à la tâche.
RépondreSupprimerMais il a un boulot ... il est conscient qu'il ne doit pas se plaindre, il est juste difficile à vivre.
Bien sûr que si : il peut se plaindre. encore heureux.
SupprimerCe n'est pas parce qu'il n'est pas au chômage qu'il n'a pas le droit de se plaindre...
Quant à cette histoire de fusion, ma mère qui bossait dans le service RH d'une grosse boîte américaine quand elle a eu lieu me disait déjà que c'était une aberration...
Pour lui c'est une question de décence ... de ne pas se plaindre.
RépondreSupprimerHeureusement, il est féru d'histoire et vit sa passion "à côté", car à part l'enseignement pas de débouchés non plus.
Cela dit, Elo, je croise les doigts pour une solution rapide à tes recherches.
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Merci Solveig. J'ai quelques pistes sous le coude mais je préfère faire comme si je n'en avais pas (peur d'être déçue!)
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