Vendredi 13 novembre, ce jour que nous n’oublierons jamais
- 27.11.15
- Par Elodie Jauneau
- 11 Commentaires
"Vendredi 13 novembre, ce jour que nous n’oublierons jamais, la France
a été frappée lâchement, dans un acte de guerre organisé de loin et
froidement exécuté. Une horde d’assassins a tué 130 des nôtres et en a
blessé des centaines, au nom d’une cause folle et d’un dieu trahi.
Aujourd’hui, la Nation
tout entière, ses forces vives, pleurent les victimes. 130 noms, 130
vies arrachées, 130 destins fauchés, 130 rires que l’on n’entendra plus,
130 voix qui à jamais se sont tues. Ces femmes, ces hommes, incarnaient
le bonheur de vivre. C’est parce qu’ils étaient la vie qu’ils ont été
tués. C’est parce qu’ils étaient la France qu’ils ont été abattus. C’est parce qu’ils étaient la liberté qu’ils ont été massacrés.
En cet instant si grave et si douloureux, où la Nation
fait corps avec elle-même, j’adresse en son nom notre compassion, notre
affection, notre sollicitude, aux familles et aux proches réunis ici,
dans ce même malheur. Des parents qui ne reverront plus leur enfant, des
enfants qui grandiront sans leurs parents, des couples brisés par la
perte de l’être aimé, des frères et des sœurs pour toujours séparés. 130
morts et tant de blessés marqués à jamais, marqués dans leur chair,
traumatisés au plus profond d’eux-mêmes.
Alors, je veux dire simplement ces mots : la France sera à vos côtés.
Nous rassemblerons nos forces pour apaiser les douleurs et après avoir
enterré les morts, il nous reviendra de «réparer » les vivants.
A vous tous, je vous promets solennellement que la France
mettra tout en œuvre pour détruire l’armée des fanatiques qui ont
commis ces crimes, qu’elle agira sans répit pour protéger ses enfants.
Je vous promets aussi que la France
restera elle-même, telle que les disparus l’avaient aimée et telle
qu’ils auraient voulu qu’elle demeure. Et s’il fallait une raison de
nous tenir debout, aujourd'hui, une raison de nous battre pour nos
principes, une raison de défendre cette République qui est notre bien
commun, nous la trouverions dans leur souvenir.
Ces femmes, ces hommes, venaient de plus de 50 communes de France. De
villes, de banlieues, de villages. Ils venaient aussi du monde,
dix-sept pays portent aujourd’hui avec nous le deuil.
Ces femmes, ces hommes, en ce vendredi 13 novembre, étaient à Paris,
une ville qui donne un manteau de lumière aux idées, une ville qui vibre
le jour et qui brille la nuit. Ils étaient sur les terrasses des cafés,
ces lieux de passage ouverts aux rencontres et aux idées. Ils
partageaient un repas aux saveurs du monde, dans cette soirée où
l’automne ne paraissait pas finir. Ils chantaient au Bataclan aux sons
d’un groupe américain qui leur faisait l’amitié de se produire dans une
salle qui depuis deux siècles incarne l’esprit de Paris.
Ces hommes, ces femmes, avaient tous les âges, mais la plupart avait
moins de 35 ans. Ils étaient des enfants lors de la chute du mur de
Berlin, ils n’avaient pas eu le temps de croire à la fin de l’Histoire,
elle les avait déjà rattrapés quand survint le 11 septembre 2001. Ils
avaient alors compris que le monde était guetté par de nouveaux périls.
Les attentats du début de l’année les avaient bouleversés. Beaucoup, je
le sais, avaient tenu à manifester le 11 janvier, comme des millions de
Français. Ils avaient dit leur refus de céder face à la menace
terroriste. Ils savaient que la France
n’est l’ennemie d’aucun peuple, que ses soldats se portent là où on les
appelle, pour protéger les plus faibles et non pour assouvir une
quelconque domination.
Ces femmes, ces hommes, étaient la jeunesse de France, la jeunesse
d’un peuple libre, qui chérit la culture, la sienne, c’est-à-dire toutes
les cultures.
Parmi les victimes du Bataclan, beaucoup avaient fait de la musique
leur métier. C’est cette musique qui était insupportable aux
terroristes. C’est cette harmonie qu’ils voulaient casser, briser. C’est
cette joie qu’ils voulaient ensevelir dans le fracas de leurs bombes.
Et bien, ils ne l’arrêteront pas. Et comme pour mieux leur répondre,
nous multiplierons les chansons, les concerts, les spectacles ; nous
continuerons à aller dans les stades, et notamment au Stade si bien
nommé, le Stade de France à Saint-Denis. Nous participerons aux grands
rendez-vous sportifs, comme aux rencontres les plus modestes, et nous
pourrons aussi communier dans les mêmes émotions, en faisant fi de nos
différences, de nos origines, de nos couleurs, de nos convictions, de
nos croyances, de nos confessions, car nous sommes une seule et même
Nation, portés par les mêmes valeurs.
Que veulent les terroristes ? Nous diviser, nous opposer, nous jeter
les uns contre les autres. Je vous l’assure, ils échoueront. Ils ont le
culte de la mort, mais nous, nous, nous avons l’amour, l’amour de la
vie.
Ceux qui sont tombés le 13 novembre étaient la France,
toute la France. Ils étaient étudiant, journaliste, enseignant,
restaurateur, ingénieur, chauffeur, avocat, graphiste, architecte, mais
aussi charpentier, serveur, photographe, fonctionnaire, publicitaire,
vendeur, artiste. Ils étaient les métiers de la France,
les talents du monde. Tous voulaient réussir, pour eux-mêmes, pour leur
famille, pour leur pays. C’est en nous rappelant leur visage, leur nom,
mais aussi leurs espoirs, leurs joies, leurs rêves anéantis, que nous
agirons désormais.
Nous connaissons l’ennemi, c’est la haine ; celle qui tue à Bamako, à
Tunis, à Palmyre, à Copenhague, à Paris et qui a tué naguère à
Londres ou à Madrid. L’ennemi, c’est le fanatisme qui veut soumettre
l’homme à un ordre inhumain, c’est l’obscurantisme, c’est-à-dire un
islam dévoyé qui renie le message de son livre sacré. Cet ennemi nous le
vaincrons ensemble, avec nos forces, celles de la République,
avec nos armes, celles de la démocratie, avec nos institutions, avec le
droit. Dans ce combat, nous pouvons compter sur nos militaires, engagés
sur des opérations difficiles, en Syrie, en Irak, au Sahel. Nous
pouvons compter sur nos policiers, nos gendarmes, en lien avec la
justice, qui se sont encore comportés de façon admirable pour mettre
hors d’état de nuire les terroristes.
Nous pouvons compter sur le Parlement pour adopter toutes les mesures
qu’appelle la défense des intérêts du pays, dans un esprit de concorde
nationale, et dans le respect des libertés fondamentales. Et puis, et
puis surtout, nous pouvons compter sur chaque Française et sur chaque
Français pour faire preuve de vigilance, de résolution, d’humanité, de
dignité.
Nous mènerons ce combat jusqu’au bout et nous le gagnerons en étant fidèles à l’idée même de la France. Quelle est-elle ? Un art de vivre, une volonté farouche d’être ensemble, un attachement à la laïcité, une appartenance à la Nation, une confiance dans notre destin collectif.
Je vous l’affirme ici : nous ne changerons pas ; nous serons unis,
unis sur l’essentiel. Et je salue, ici, devant vous, familles, ces
innombrables gestes de tant de Français anonymes qui se sont pressés sur
les lieux des drames pour allumer une bougie, déposer un bouquet,
laisser un message, apporter un dessin. Et si l’on cherche un mot pour
qualifier cet élan, ce mot existe dans la devise de la République :
c’est la fraternité.
Et que dire de la mobilisation de tous les services publics pour
porter secours et assistance aux victimes, pour accompagner les
survivants, pour soutenir les proches. Ces personnels de
santé, admirables. Leur action dit aussi ce que nous sommes : un pays
solidaire.
Tout ce qui s’est passé depuis le 13 novembre porte la marque de la
gravité, de la conscience des défis qui se présentent à notre pays. Ceux
qui sont tombés, le 13 novembre, incarnaient nos valeurs et notre
devoir est plus que jamais de les faire vivre, ces valeurs.
Nous ne céderons ni à la peur, ni à la haine. Et si la colère nous
saisit, nous la mettrons au service de la calme détermination à défendre
la liberté au jour le jour, c’est-à-dire la volonté de faire de la France
un grand pays, fier de son Histoire, de son mode vie, de sa culture, de
son rayonnement, de son idéal universel, du respect et même de la
ferveur que notre pays inspire au monde chaque fois qu’il est blessé.
Je n’oublie pas les images venues de la planète entière, célébrant
dans le même mouvement, le sacrifice de ceux qui étaient tombés à Paris,
comme si c’était le monde entier qui se couvrait de deuil.
Le patriotisme que nous voyons aujourd’hui se manifester, avec ces
drapeaux fièrement arborés, ces rassemblements spontanés, ces foules qui
chantent la Marseillaise ; tout cela n’a rien à voir avec je ne
sais quel instinct de revanche ou je ne sais quel rejet de l’autre. Ce
patriotisme est le symbole de notre union, de notre inaltérable
résistance face aux coups qui peuvent nous être portés, car la France garde intacte, malgré le drame, malgré le sang versé, ses principes d’espérance et de tolérance.
L’épreuve nous a tous meurtris, les familles d’abord, les Français,
quelle que soit leur condition, leur confession, leurs origines.
L’épreuve nous a tous meurtris, mais elle nous rendra plus fort. Je vais
vous dire ma confiance dans la génération qui vient. Avant elle,
d’autres générations ont connu, à la fleur de l‘âge, des évènements
tragiques qui ont forgé leur identité. L’attaque du 13 novembre restera
dans la mémoire de la jeunesse d’aujourd’hui comme une initiation
terrible à la dureté du monde, mais aussi comme une invitation à
l’affronter en inventant un nouvel engagement. Je sais que cette
génération tiendra solidement le flambeau que nous lui transmettons.
Je suis sûr qu’elle aura le courage de prendre pleinement en main
l’avenir de notre Nation. Le malheur qui a touché les martyrs du 13
novembre investit cette jeunesse de cette grande et noble tâche. La
liberté ne demande pas à être vengée, mais à être servie. Je salue cette
génération nouvelle. Elle a été frappée, elle n’est pas effrayée, elle
est lucide et entreprenante, à l’image des innocents dont nous portons
le deuil. Elle saura, j’en suis convaincu, faire preuve de grandeur.
Elle vivra, elle vivra pleinement, au nom des morts que nous pleurons
aujourd’hui.
Malgré les larmes, cette génération est aujourd’hui devenue le visage de la France.
Vive la République et vive la France."
François Hollande, Hôtel des Invalides
Hommage national aux victimes des attentats du 13 novembre
27 novembre 2015
11 commentaires
Tiens ! Un billet bien écrit. Ça change.
RépondreSupprimerBeau billet :)
RépondreSupprimerReconnais...
RépondreSupprimerJe m'associe avec mes camarades pour dire : Beau billet !
RépondreSupprimerLa chute est impayable (je n'ai lu que l'introduction et cette chute) : voir Hollande tenter de nous faire croire qu'il est devenu Malraux par la grâce de quelques rafales de mitraillettes, il y a de quoi se les prendre et se les mordre, tout de même ! Surtout en se contentant de le démarquer platement et tout à fait hors de propos.
RépondreSupprimerEnfin… si ça fait bander les milices progressistes, n'est-ce pas…
Eh bien, finalement, par une sorte de curiosité malsaine, j'ai pris mon courage à deux mains pour lire ce discours. Je reste sidéré que l'on puisse éprouver une forme quelconque d'admiration devant cet enfilage de phrases creuses et mornes. À un moment de ma lecture, je me suis dit que, si par hasard on m'avait demander d'écrire une sorte de discours pour remplir une double page de France Dimanche, c'est probablement un truc dans ce genre-là que j'aurais pondu.
SupprimerVoilà, c'est ça, je viens de faire tomber les masques : vous êtes, tous (pardon : tou-te-s), des lectrices de France Dimanche. Ça fait un choc, je vous jure…
Auxi, 30 novembre 2015
Supprimer@Goux : "…si par hasard on m'avait demandER d'écrire…"
Personne ne vous le demande. Heureusement.
Pour cette fois je ne dirai rien, mais enfin, en principe, c'est moi qui, sur ce blog, tiens le rôle de l'instituteur aigri…
Supprimer"Le malheur qui a touché les martyrs du 13 novembre ...".
RépondreSupprimerÉtonnante, cette utilisation du mot martyr.
Hollande use du même mot que les jihadistes.
Shahid.
Son inconscient a verbalisé ce qu'il ne peux exprimer consciemment.
Nous sommes dans une guerre de religions.
Les attaques de Daesh en France sont des représailles suite à l'intervention militaire aérienne française en Syrie et Irak qui ne sert strictement à rien.
RépondreSupprimerDaesh correspond à un remodelage des frontières qui a une logique ethno-religieuse et le temps amènerait probablement une reprise en main par les populations sunnites de ce nouvel état naissant en évinçant les jihadistes du pouvoir.
Hollande ferait mieux de se retirer discrètement du conflit contre Daesh, si il veut éviter de nouveaux attentats en France et la montée du FN. Bien entendu, il n'en fera rien et de nouveaux attentats sont à craindre en France.
Les sondages montrent que les francais approuvent Hollande, c'est une erreur magistrale.
Daesh signifie état et chaque fois que Hollande prononce ce mot, les arabophones entendent "état".
Les populations du moyen-orient remodèlent leurs frontières, en quoi la France est légitime à y mettre son nez ?
Vous confondez la France et l'état, et de plus c'est quoi la France ? Une mythologie qui veut effacer ses clivages.
RépondreSupprimerhttps://vimeo.com/147061687