Etat d'urgence: petite leçon d'incompétence à l'usage de la droite
- 20.7.16
- Par Elodie Jauneau
- 7 Commentaires
Rien de tel qu’un bon vieux débat sur la prorogation de l’état d’urgence pour apprécier à sa juste valeur le bon vieux clivage gauche-droite.
Un clivage qui pourrait être résumé ainsi :
- Pour l’extrême-gauche, la vrauche et la gauche de la gauche, le Gouvernement en fait trop et nous sommes dans un état liberticide.
- Pour la droite tradi dite « républicaine », le Gouvernement n’est qu’une équipe de bras cassés trop laxiste.
- Pour l’extrême-droite et la droite dure, personne n’a rien compris aux véritables enjeux de l’état d’urgence qui n’en est pas vraiment un : Hollande et Valls doivent démissionner.
Ces trois jours de deuil national ont été rythmés par des déclarations pitoyables de la droite qui se sont poursuivies hier soir à l’Assemblée nationale lors des débats sur la prorogation de l’état d’urgence.
Entre les lances-roquettes pour les policiers, la proclamation de l’état de siège (autrement dit, le transfert des pouvoirs civils aux militaires), l’internement dans des casernes désaffectées de tous les suspects, l’expulsion de tous les étrangers, la réouverture du bagne, le rétablissement de la peine de mort ou encore l’interdiction du salafisme, c’était la foire à 10 balles cette nuit sur les bancs de l’Assemblée.
Au-delà des fantasmagories d’une certaine droite et du délire obsessionnel d’une autre droite accusant sans cesse le Gouvernement de laxisme et d’incompétence, l’attitude la plus détestable reste celle qui veut fracturer la société en affirmant mordicus que non, non, non, le Gouvernement n’en a strictement rien à cirer du terrorisme, ne fait rien, n’a jamais rien fait et ne fera jamais rien pour lutter contre.
Venant de ceux qui, lorsqu’ils étaient aux responsabilités, ont anéanti les services policiers, judiciaires et militaires et qui n’ont jamais eu à faire face à 3 attentats en moins de 18 mois, c’est sacrément gonflé, et je suis polie.
N’en déplaise aux détracteurs qui brûlent des cierges matin et soir dans l’espoir que le bagne soit rouvert et / ou les frontières fermées dans un hypothétique lendemain qui les verrait accéder au pouvoir, il serait de bon ton de rappeler quelques vérités, quelques chiffres sur l’action réelle du Gouvernement pour lutter contre le terrorisme.
Depuis 2012, 9 000 postes de policiers ont été re-créés après que Nicolas Sarkzoy en a supprimé presque 13 000 entre 2007 et 2012 (amnésie, quand tu nous tiens…), les crédits de fonctionnement des forces de sécurité intérieure ont été augmentés de 17% alors qu’avec Nicolas Sarkozy, ils avaient été sabrés d’autant, les services de renseignements ont été réformés alors que Nicolas Sarkozy (amnésie, quand tu nous tiens…) les avait saccagés.
Trois lois antiterroristes et une loi renseignement ont été adoptées depuis 2012 :
- Une première loi antiterroriste adoptée dès décembre 2012 permet de juger des ressortissants français pour leur participation à des infractions terroristes commises à l’étranger et a déjà permis d’ouvrir près de 300 procédures judiciaires à l’encontre de 1216 impliqués dans des filières djihadistes.
- Une seconde loi antiterroriste, adoptée le 13 novembre 2014, a créé de nouveaux outils comme l’interdiction de sortie du territoire (IST), l’interdiction d’entrée du territoire (IAT), la fermeture de sites faisant la propagande terroriste. Résultat : 366 IST ont déjà été prononcées, 158 IAT ont empêché des djihadistes étrangers d’entrer en France et, depuis 2012, 80 mesures d’expulsion ont été prononcées à l’encontre de prêcheurs de haine ou de pseudo-imams autoproclamés. 10 mosquées ou salles de prières radicalisées ont été fermées.
- Et enfin, la loi du 3 juin 2016 renforçant la lutte contre le crime organisé, le terrorisme et leur financement permet désormais l’utilisation, dès le stade de l’enquête préliminaire, de moyens spéciaux d’enquête jusqu’alors réservés à l’information judiciaire.
Et on passera sur les presque 100 000 effectifs de sécurité mobilisés pendant l'Euro 2016 (dont 53 000 policiers, 36 000 gendarmes et les 10 000 militaires de l’opération Sentinelle), le dispositif de l’opération Sentinelle maintenu à 10 000 militaires et la mobilisation de 3 000 réservistes supplémentaires d'ici fin juillet, portant ainsi leur nombre à 15 000 en tout.
Quant à la brillante intervention de Nicolas Sarkozy au JT dimanche dernier, rappelons-lui juste comme ça en passant que surfer de façon habituelle sur des sites faisant la promotion du djihadisme est déjà un délit passible de 2 ans de prison et de 30 000 € d’amende. Mais c’est un détail sans doute.
Affirmer tout et n’importe quoi à une heure de grande écoute, tel est le crédo qu’il a adopté, faisant passer sa campagne pour les primaires de la droite avant l’intérêt général et le bon sens. C’est de bonne guerre ma brave dame, paraît-il.
Autre détail, 16 attentats ont été déjoués depuis 2013 et 160 personnes en lien avec des activités terroristes ont été arrêtés depuis le début de l’année en France.
Peccadille... cela va sans dire.
7 commentaires
merci de ce rappel utile et même indispensable
RépondreSupprimerDe rien
Supprimerdans ta galerie de protraits d'abrutis , tu as oublié le dénommé Chiotte (Ciotti avant naturalisation)
RépondreSupprimerdans ta galerie de protraits d'abrutis , tu as oublié le dénommé Chiotte (Ciotti avant naturalisation)
RépondreSupprimerEt d'autres encore, sans aucun doute.
SupprimerMerci pour ce billet Elodie. A faire tourner un max !!
RépondreSupprimerAu boulot !
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