Faut-il que la situation soit si grave pour que je reprenne le clavier? Grave, non. Pathétique et ubuesque, carrément. Sans doute aussi mon blog me manquait-il un peu.
Mais qu'importe. Je reprends le clavier pour essayer de te prouver
que le Parti socialiste n'est pas (complètement) mort. Il est juste en
mode zombie, façon walking dead. Il marche, mais n'importe comment. et depuis trop longtemps.
Avant-hier soir, dans toutes les provinces de France et de Navarre
était organisé un grand raout dont seul le PS a le secret: un vote en
sections pour dire comment on voit le PS demain, comment on veut qu'il
tourne et par quels moyens.
Un joli QCM reçu il y a 15 jours avec sommation à tous-tes les
secrétaires de section d'organiser la chose en bonne et due forme.
Si on met de côté les quelques rares sections disposant d'un local
bien à elles, autant te dire que pour toutes les autres, dont les 3/4
sont dans des villes de droite, décrocher une salle disponible auprès
des services municipaux en 15 jours, c'était carrément mission
impossible.
Voilà donc les quelques milliers de militants, à jour de
cotisation, se diriger les uns chez les autres... Enfin, chez la bonne
âme qui a bien voulu organiser le vote chez elle, avec un saladier en
guise d'urne.
Outre le côté pittoresque de la chose, le meilleur reste à venir:
le QUESTIONNAIRE. Ou plus joliment nommé "La Feuille de Route"
accompagnée d'un "Bulletin de vote" en forme de questionnaire.
Avec un joli en-tête plein de promesses:
"Une nouvelle page de l'histoire du socialisme démocratique"
Diantre!
"Réside dans ses militant-e-s"
Sans blague?
Il serait plus que temps!
Plus que temps que la moralisation et la transparence retrouvent leur place non pas seulement dans les pratiques du PS mais aussi dans ses statuts. Et que ces statuts soient, non seulement respectés mais aussi en adéquation avec le XXIème siècle, avec la vie des militant-e-s et avec la réalité du terrain. Il serait plus que temps aussi qu'on arrête de s'asseoir sur ces statuts quand bon nous semble et qu'on les ressorte du dessous du tapis juste quand ça nous arrange. Et ils ne doivent plus être à géométrie variable selon qu'on est "un-e militant-e de base" comme on dit, "un-e cadre du parti", "un-e élu/e" ou que sais-je encore.
(Tu noteras que j'emploie volontairement la première personne du pluriel).
Il est plus que temps que les militant-e-s soient vraiment
associé-e-s à la vie du PS, autrement que pendant un Congrès tous les 3
ans, autrement qu'en votant pour des désignation de candidat-e-s déjà
désigné-e-s en amont sur un coin de table, dans un couloir feutré de
l'Assemblée, autour d'un bon repas entre deux-trois "chefs à plumes",
quand ce n'est pas carrément dans le bureau du Premier Ministre.
Autrement qu'en étant sollicité-e-s quand le navire coule et que la
maison-mère a été mise en vente après une hypothèque de 8 millions d'euros, pour cocher des cases dans un QCM.
Il serait plus que temps que le PS arrête de nous demander de nous
prononcer, soit sur des trucs existant déjà, soit sur des trucs qu'on a
déjà essayés et qui n'ont pas fonctionné, ou encore sur des trucs
tellement évidents qu'on a même peine à croire qu'on nous demande si on
est d'accord.
Il serait plus que temps aussi que tous-tes les prétendant-e-s au
poste tant convoité de Premier Secrétaire National, qui ont torpillé les
dernières campagnes socialistes, se fassent un peu oublier et n'aient
pas, justement, l'outrecuidance de briguer un tel mandat.
Il est temps désormais que le haut de la pyramide se penche un
petit peu vers le bas de la pyramide (attention au torticolis et aux
crises de vertige hein. Parce qu'on est loin, très loin, tout en bas)
et qu'elle aille à la rencontre de celles et ceux qui font vivre le PS
sur le terrain et qui ne sont plus bons qu'à coller des affiches ou a
distribuer des tracts pour des candidat-e-s, soit qu'ils n'ont pas
choisis, soit en qui ils ne croient pas, ou qui sont si mal entouré-e-s,
dans les hautes sphères, que leur campagne ne ressemble à rien.
Des militant-e-s désabusé-e-s qui ne reçoivent plus que des
sommations de mobilisation, qui ne reçoivent plus d'informations propres
au fonctionnement de leurs fédérations, qui découvrent une fois sur
place que tout à déjà été décidé. Sans parler de celles et ceux qui ne
reçoivent plus rien du tout, ou encore, des secrétaires de section tout
puissants qui transmettent les infos seulement quand ils n’ont ni poney
ni piscine.
Le PS crève de ces pratiques claniques, sclérosées par quelques happy fews privilégié-e-s qui ne touchent plus terre parce qu'ils ont le sentiment d'être au cœur du dispositif, au cœur du réacteur.
Le PS crève de ces baronnies, jadis solidement ancrées dans nos
territoires, aujourd’hui perdues à cause de chefaillons champions du
monde de billard et de coups foireux à 42 bandes, qui ont préféré
sacrifier leurs territoires pour sauver leurs mandats en passant des
accords tordus avec des élus ou des camarades encore plus tordus qu’eux.
Le PS crève de ces castes déchues qui, malgré leurs qualités, ne
sont aujourd’hui plus animées que par une soif de vengeance et de
reconquête, aux dépends des idées, du renouvellement et ne vivant que
dans l’obscur souvenir de leurs victoires passées.
Le PS crève de ces pratiques... Mais (rassurons-nous comme on
peut), les autres partis ne se portent guère mieux en termes de
fonctionnement... La belle affaire.
Alors évidemment, je te vois venir, toutes ces remarques qui ne
concernent que notre tambouille interne ne permettent pas de construire
une ligne politique. Ah oui, parce que ça aussi on l'a perdu. La seule
chose qu'on a à peu près réussi à faire, c'est le constat que le grand
écart facial pendant 5 ans (avec claquage à l'arrivée) entre Gérard
Filoche et Manuel Valls n'est pas possible. N'est plus possible. Et
quand on a dit ça, on n'a pas dit grand chose.
Alors je ne sais pas si j'ai réussi à te prouver que le Parti socialiste n'est pas mort.
Mais ce qui est sûr, c'est que ses militant-e-s sont bien
vivant-e-s et qu'ils en on ras-le-bol de faire de la politique sur les réseaux sociaux ou d'assister à des envolées lyriques par médias
interposés de celles et ceux qui devraient être à leurs côtés, sur le
terrain, sous la pluie, les mains dans le cambouis.
10 commentaires
Je crois que l'on parle plutôt d'UN en-tête que d'une…
RépondreSupprimerD'un autre côté, vu la manière dont on semble torturer les masculins et les féminins dans votre parti zombi, ça n'a guère d'importance.
Pas du tout-e-s.
SupprimerBah !
SupprimerSeul Nicolas a droit au "bah !" en commentaire, jeune fille ! D'autant que, manié par des mains inexpertes, il peut arriver que le bah blesse.
SupprimerVieille jalouse.
SupprimerTrès bon billet, merci
RépondreSupprimerPlaisir d’offrir!
SupprimerC'est vrai que c'est pénible ces textes avec des ..t-e-s.
RépondreSupprimerT’as vu!
SupprimerAh! N'est-ce pas?
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