Passée la sidération à l'écoute de certaines des déclarations de Marlène Schiappa ou Edouard Philippe en ce 3 septembre 2019 (le 3.9.19, comme le numéro d'écoute du 3919, t'as vu...),
Voici donc venue l'heure tant attendue du débat sur le néologisme de féminicide, ce mot que tous les logiciels soulignent en rouge parce qu'il n'existe pas.
De quoi le "féminicide" est-il le nom ?
"Féminicide" pour les femmes, OK. Mais alors quand ce sont les femmes qui tuent leur compagnon, on appelle ça comment ?
Pourquoi inventer un nouveau mot quand le droit est suffisant?
Blablabla
Aujourd'hui, 3 septembre 2019, 101 femmes sont mortes sous les coups de leurs compagnon ou ex.
Oui les meurtres de femmes par leur conjoint ou ex ont toujours existé. Non ce n'est pas nouveau. Relégués au rang de "fait divers", de "crime passionnel", de "drame familial", ils devenaient des feuilletons palpitants pour une certaine presse.
Et pourtant, ce terme désigne bien l'assassinat d'une femme parce qu'elle est femme. Elle est tuée à cause de ce qu'elle est. C'est bien un meurtre genré dont le mobile repose exclusivement sur la brutalité et la violence conjugale exercées par un homme sur sa femme, sa compagne, sa conjointe, sa chose.
Et c'est grâce aux féministes que ce terme est aujourd'hui employé. C'est grâce aux féministes qu'il fait débat. C'est grâce au combat féministe qu'on parle enfin de ces crimes sous un autre angle que celui d'une dispute "qui tourne mal" et finit en "drame familial". C'est grâce à la mobilisation des femmes, victimes de violences conjugales ou non, des féministes, des hommes et des femmes qui souhaitent des mesures fortes et des actions réelles pour enrayer ce fléau que ce "Grenelle des Violences Conjugales" a vu le jour.
Bien trop tard. Avec bien trop peu d'ambition. Nombre d'associations mobilisées sur ce sujet, nombre d'expert-e-s n'ont même pas été conviées. Entre l'annonce début juillet de ce "Grenelle" et son ouverture aujourd'hui, 27 femmes sont mortes sous les coups de leur conjoint ou de leur ex depuis le début de l'année 2019.
Mais tu comprends, on pouvait pas avancer ce Grenelle parce que ça fait quand même joli de l'ouvrir le 3.9.19.
C'est aussi grâce au travail de Sophie Gourion qui, inlassablement, a compilé sur son blog Les mots tuent des articles de presse afin de dénoncer le traitement journalistique des violences faites aux femmes.
La question n'est pas de faire des femmes des victimes à part ou de les considérer comme plus vulnérables. Il n'est pas non plus question de leur accorder davantage de droits que les hommes comme on peut lire ou entendre ici ou là.
Considérer ces meurtres comme des homicides "comme les autres", c'est faire de cette violence, une violence "comme les autres".
Or, la violence est plurielle. Ses circonstances sont plurielles aussi. Par conséquent, les solutions pour y remédier et les peines pour la sanctionner doivent être appropriées.
Ce terme évoluera peut-être avec le temps. Mais pour l'heure, c'est bien de féminicide dont il est question.
Et c'est grâce aux féministes que ce terme est aujourd'hui employé. C'est grâce aux féministes qu'il fait débat. C'est grâce au combat féministe qu'on parle enfin de ces crimes sous un autre angle que celui d'une dispute "qui tourne mal" et finit en "drame familial". C'est grâce à la mobilisation des femmes, victimes de violences conjugales ou non, des féministes, des hommes et des femmes qui souhaitent des mesures fortes et des actions réelles pour enrayer ce fléau que ce "Grenelle des Violences Conjugales" a vu le jour.
Bien trop tard. Avec bien trop peu d'ambition. Nombre d'associations mobilisées sur ce sujet, nombre d'expert-e-s n'ont même pas été conviées. Entre l'annonce début juillet de ce "Grenelle" et son ouverture aujourd'hui, 27 femmes sont mortes sous les coups de leur conjoint ou de leur ex depuis le début de l'année 2019.
Mais tu comprends, on pouvait pas avancer ce Grenelle parce que ça fait quand même joli de l'ouvrir le 3.9.19.
C'est aussi grâce au travail de Sophie Gourion qui, inlassablement, a compilé sur son blog Les mots tuent des articles de presse afin de dénoncer le traitement journalistique des violences faites aux femmes.
Car oui, les mots tuent.
Car oui, considérer un féminicide comme une "dispute qui tourne mal", c'est minimiser les faits. C'est minimiser les causes. C'est minimiser les conséquences. Et c'est minimiser les victimes. Et persister à ne pas nommer ou à mal nommer revient à un refus de constater, à un refus de prise de conscience.La question n'est pas de faire des femmes des victimes à part ou de les considérer comme plus vulnérables. Il n'est pas non plus question de leur accorder davantage de droits que les hommes comme on peut lire ou entendre ici ou là.
L’idée est simplement que le droit agisse face au constat selon lequel en termes quantitatifs il est rare qu’un homme soit tué au motif qu’il est un homme, au sens sexué du terme et dans les conditions de cruauté qu’impliquent les crimes de féminicide. (source)
Or, la violence est plurielle. Ses circonstances sont plurielles aussi. Par conséquent, les solutions pour y remédier et les peines pour la sanctionner doivent être appropriées.
Ici, les mots sont clairs.
Féminicide : nom masculin. Meurtre d'une femme, d'une fille, en raison de son sexe. (Le Petit Robert).Ce terme évoluera peut-être avec le temps. Mais pour l'heure, c'est bien de féminicide dont il est question.
Nommer c’est dévoiler. Et dévoiler, c’est déjà agir. (Simone de Beauvoir)
7 commentaires
A La Rochelle il y a quelques jours Michèle Loup (Elues contre les Violences faites aux femmes) nous parlait des hommes victimes de violences ou assassiné par leur conjointe. Et bien dans 60% des cas (à vérifier) c'était des femmes qui se répondaient à la violence qu'elles subissaient de la part de leur conjoint...
RépondreSupprimerLe médecin Michel Debout nous disait qu'à ce décompte macabre (mais nécessaire hein, ça nous glace toutes le sang à chaque fois qu'il augmente), on ne parlait pas des femmes qui se suicidaient ou qui mourraient assez jeunes parce que les violences ont eu des répercussions sur leur santé.
Oui en effet.
SupprimerYaël Mellul travaille justement sur ce sujet: le suicide forcé et les violences psychologiques. Elle devait normalement participer au Grenelle avec un groupe de Travail sur ce sujet mais elle n'a jamais reçu l'invitation... si tu vois ce que je veux dire.
« Mais pour l'heure, c'est bien de féminicide dont il est question. »
RépondreSupprimerNon ! Il fallait : « C'est bien de féminicide QU'il est question. »
Et c'est comme ça qu'on se retrouve coupable d'idiomicide ! Mais ça, évidemment, tout le monde s'en fout…
Un article rien que pour vous…
RépondreSupprimerSinon, j'envisageais vaguement d'écrire ici un commentaire pour montrer à quel point la définition que vous donnez de votre néologisme montre qu'il est, ce néologisme, totalement inadapté à l'objet que vous lui assignez, à savoir les très-fameuses et très-horrifiques "violences conjugales".
RépondreSupprimerMais à quoi bon ?
(Hors sujet) Vu votre profil: comment pouvez-vous être abonnée à autant de blogs? Vous les lisez vraiment tous ? Commentaires inclus ?
RépondreSupprimerMoins qu’avant et pas autant que je le souhaiterais.
SupprimerMais oui, j’essaie de suivre. Y compris les commentaires.
(Cela dit, il doit y en avoir une bonne quinzaine que je ne lis plus et auxquels je devrais me désabonner)... en gros.