Je suis une sur deux. Le témoignage indispensable et puissant de Giulia Foïs
- 13.9.20
- Par Elodie Jauneau
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Quand Giulia Foïs a publié son récit, je me suis dit "Il faut absolument que je le lise".
"Je suis une sur deux"
Les critiques pleuvaient et elles étaient unanimes. Si tant est qu’une critique dite "littéraire" soit légitime pour parler d’un livre dans lequel il est question d’un viol, de la parole de sa victime, de ce qu’en font la société et la justice, mais passons.
Quelques jours plus tard, la sentence sanitaire tombait : confinement pour tout le monde.
Et si tu suis un peu mes états d’âme et ma vie tellement passionnante, tu sais que pendant cet enfermement covid-friendly, je n’ai pas été capable de lire le moindre livre, la moindre page, la moindre ligne.
Les librairies étaient fermées et j’ai décidé à cette époque de ne plus jamais rien acheter chez Amazon.
De toutes façons, enfermée et confinée, je ne sais pas si j’aurais eu le courage de m’attaquer à ce puissant témoignage.
Mais je m’égare. Je m’égare comme un acte manqué pour ne pas aborder le cœur de ce livre que je viens de finir à l’instant même.
Je l’ai acheté il y a une quinzaine de jours. Je ne l’ai pas ouvert chez mon libraire. Je l’avais commandé par téléphone, je savais que l’heure était venue pour moi de le lire.
Quand un livre me marque, me choque, me secoue, j’ai pris l’habitude d'en parler sur mon blog.
Et en général, je publie quelques courts extraits qui m’ont encore plus secouée.
Impossible ici de faire le choix de tel ou tel extrait, de telle ou telle page.
Quand je l’ai acheté, j’en ai publié la photo sur Instagram. Et j’ai taguée Giulia Foïs comme il est de bon ton de faire sur les réseaux sociaux.
Elle m’a répondu avec un emoji qui dit "merci". J’imagine qu’elle doit recevoir tellement de messages que c’est plus facile de répondre par un emoji. Et puis, après tout, on ne se connaît pas, elle et moi.
J’ai ensuite écrit ça:
Des semaines (des mois?) que j’ai envie de vous lire. Je crois que je n’étais pas "prête" mais là, je suis prête.Merci d’avance pour votre témoignage.
En achevant la lecture de ce livre il y a quelques minutes, j’ai lu la 4e de couverture qui reprend une partie du dernier chapitre:
Et je vais me permettre de te tutoyer, tu ne m’en veux pas? On ne se connaît pas, c’est vrai. J’ai vu ce qu’il vient de t’arriver, je crois qu’on a quelques points communs. Alors on va faire un truc, si tu veux bien: je t’écris maintenant, et toi, tu me lis quand tu veux.D’accord? Moi, j’ai des choses à te dire.Toi, sens-toi libre d’en faire ce que tu veux.D’ailleurs, c’est peut-être par-là que je devrais commencer: sens-toi libre de tout, tout le temps, et surtout de refuser. Ton "non" est un droit élémentaire. Au-delà de respectable, il est inaliénable. Même si on vient de te le piétiner. Alors, par exemple, tu peux dire: "non, Giulia, je ne te lirai pas, pas tout de suite, et peut-être même jamais."Mais je vais juste poser ça là.
Je n’aurais pas trouvé meilleur extrait pour résumer cette complicité et cette solidarité qui m’ont accompagnée toute cette semaine et qui fait que Giulia Foïs est devenue, bien malgré elle, mon amie, ma sœur.
"J'ai eu de la chance. J'ai eu le bon viol..."
Il n’appartient à personne de juger la qualité de son récit. Cela reviendrait à juger la qualité de son combat, de sa résilience, de sa reconstruction, de ses engagements après "ça"... voire pire, la qualité de son viol. Elle n’a besoin de personne pour ça puisqu’elle le qualifie elle-même de "bon viol", non sans ironie.
Il faut lire ce livre dans lequel l’auteure "balance son viol". Parce qu’elle va bien au-delà. Elle tranche dans le vif d’une société sclérosée par ce fléau que sont les violences faites aux femmes, les violences masculines, le viol, le harcèlement... et le côté obscur des mentalités, des réactions, de la justice et des "gens" lorsqu’ils-elles y sont confronté-e-s.
Une fois n’est pas coutume, je vais fermer les commentaires sous ce billet car je ne veux pas, comme elle le dit très bien dans son chapitre portant sur le mouvement #BalanceTonPorc, recevoir les commentaires de trolls sans filtre, sous anonymat, qui me donneraient une leçon de vie d’un autre temps.
Merci Giulia
Merci Giuila pour ce livre, pour tout ce qu’il raconte de toi, de nous, d’eux, et de la société dans laquelle on vit.
Merci d'avoir "juste posé ça là".
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