Attestations dérogatoires. Saison 4. Best couac ever

On est, en ce moment même, en train de vivre une séquence totalement WTF Kamoulox en matière de com' gouvernementale. J'ai l'impression d'avoir écrit ça what1000 fois sur ce blog. Et pourtant... Ils se surpassent chaque mois un peu plus, chaque jour, chaque semaine.
À chaque fois, je me dis "C'est bon. Ils peuvent pas faire pire". Eh bien si. Ils peuvent. La com' gouvernementale est un puits sans fond de couacs, de contradictions et d'absurdités.
Et il n' y a rien de pire que l'incohérence quand tu veux que les gens suivent et approuvent tes directives. Et si les gens en ont ras-le-chignon de tout ce bordel, c'est aussi à cause de ça : l'incohérence.

Résumé des dernières 48h

Jeudi soir, la Fraaaaaaance entière était clouée dans son canap', devant sa télé. Pour permettre à un max de gens de suivre la traditionnelle conférence de presse de Jean Castex, l'heure de notre rendez-vous hebdomadaire avait été décalée d'une heure. Histoire que tout le monde ait bien le temps de rentrer à la maison avant le couvre-feu, se servir une binouse et se coller, comme de bons élève que nous sommes, devant Mista Prime Minister.
Il était donc 19h quand il a pris la parole. Comme d'habitude, il s'est félicité de l'excellente gestion de la crise sanitaire par la France, de la bonne organisation de la campagne de vaccination, bref, une bonne séquence d'autosatisfecit. Tout le monde trépignait en mode :
Bon.. Il va la cracher sa Valda !?!?
Car tout le monde savait qu'on allait avoir droit à un reconfinement, moins dur qu'en mars, mais plus dur qu'en novembre. Ce qui n'était pas bien compliqué étant donné qu'en novembre, on était tout sauf confinés.
Et alors là, il s'est passé un truc auquel j'avais rarement assisté : pendant 20-30 minutes, Jean Castex a énuméré les nouvelles règles à suivre en matière de couvre-feu, de confinement, d'ouverture et de fermeture de commerces, d'attestation de sortie dérogatoire de déplacement (groupe nominal à mettre dans l'ordre que tu veux), auxquelles je n'ai absolument rien compris sinon que le couvre-feu était décalé d'une heure parce que c'est le printemps et qu'on change d'heure dans une semaine.
Je suis donc allée papoter avec les copains et les copines dans nos boucles Signal, puis sur les réseaux sociaux, et alors j'ai compris que personne n'avait rien compris.

Tout ira mieux après une bonne nuit de sommeil.

(ou pas...)
Vendredi, j'avais rendez-vous chez la coiffeuse entre midi et deux. J'avais pris ce rendez-vous il y a une dizaine de jours et je me suis dit :
Meuf, t'as eu le nez fin d'avoir pris rendez-vous un jour avant l'entrée en vigueur des nouvelles règles et un jour avant que les salons de coiffure ne baissent le rideau. Tu devrais jouer au loto, c'est un signe.
Mais non. Car quelques heures avant de me rendre au salon, j'ai appris qu'ils allaient rester ouverts.
Tant pis, je jouerai au loto un autre jour.
Sur la route du retour, je suis passée devant mon fleuriste (à contre-sens), le temps m'était compté car il fallait que je reprenne le téléboulot. Faire demi-tour pour aller acheter des fleurs m'aurait mise en retard. Et pourtant, il y avait des affaires à faire car comme les fleuristes étaient condamnés à fermer dès le lendemain, il bradait tout à 50%. Tant pis.
Mais alors que j'attendais 19h avec impatience, l'entrée en vigueur du décret et la mise en ligne de la nouvelle attestation d'autorisation de sortie temporaire de taule, stupéfaction dans les chaumières :


Tout comme les jardiniers, les cordonniers... Puis la liste s'est allongée : les garages, les réparateurs d'instruments de musique et de tuyaux d'arrosage, les pressings, les bazars, les parcs et jardins, les boutiques de téléphonie, les lieux de cultes, mais pas de cuite...
La liste des trucs ouverts était tellement longue que je me suis mise en quête de celle des trucs fermés.

Samedi matin. Best couac ever.

Tout le monde semble finalement ravi. On va être confinés dehors puisqu'on peut sortir autant qu'on veut dans un périmètre de 30 km en gros. France Inter interroge des gens dans sa matinale qui sont super contents parce qu'ils vont pouvoir faire des apéros et des pique-niques sur les bords de Seine. Rien de neuf sous le soleil, donc.
Levée à 7h comme tous les jours depuis des mois (et ce, quelle que soit l'heure à laquelle je me pieute), je me mets (à nouveau) en quête du précieux sésame qui va me permettre d'aller acheter les fleurs tant convoitées. Et là... Le vide. Le néant. La sidération.


Non seulement le site du Ministère de l'Intérieur n'est pas à jour et ne propose que les attestations dématérialisées d'avant-hier, mais celles qui sont téléchargeables aux formats doc, pdf et txt, font deux pages et comptent 15 options avec des astérisques et des notes de bas de pages stipulant que tu peux te balader à 10 km de chez toi mais que ton clebs, lui, n'a pas le droit d'aller faire caca dans des platebandes situées à plus d'1 km. Cela dit, je m'en fous, je n'ai pas de chien. Et que tu as le droit de faire je sais pas trop quoi à plus de 30 km sauf si tu as un piercing dans le nez et des Nike Air Force One Shadow aux pieds.
Ayant fait le choix de ne pas installer l'appli gouvernementale "Le Covid c'est tabou, on viendra tous à bout", je n'ai pas non plus accès au fichier en ligne. Je le regrette pendant 4 ou 5 secondes seulement car j'apprends que même sur l'appli gouvernementale, l'attestation n'est pas à jour non plus.
N'ayant pas d'imprimante chez moi, je me lance dans la rédaction d'une bonne vieille attestation écrite à la main.


J'ai quand même un doute sur la validité du papelard. Et puis je découvre au hasard de mes pérégrinations sur le web et les réseaux sociaux que le Conseil d'État à invalidé en décembre dernier le caractère obligatoire des attestations du Ministère de l'Intérieur et que n'importe quel bidule rédigé sur l'honneur peut faire l'affaire.
En route donc.
Mais avec toutes ces conneries, j'ai deux heures de retard sur mon planning saturnal. Ma gribouille en poche, j'arrive chez mon fleuriste, toujours aussi gentil, mais totalement dépité par les changements d'annonces entre la veille et aujourd'hui. Dans la foulée, je choppe un Paris-Brest chez le boulanger et je rentre tranquillement.
En arrivant, je checke les dernières infos, histoire de voir si la fameuse attestation est sortie. Et là, c'est le drame :


D'un coup, je me sens moins seule dans cette incompréhension. Qu'importe finalement. J'ai des fleurs, des plantes et un Paris-Brest, de quoi me plains-je et qu'est-ce que je vais me faire chier à chercher un document trop complexe qui n'est pas définitif alors que celui de ce matin fait l'affaire ?

Bouquet final

Aaaaaaahhhhh mais c'était sans compter les efforts surhumains déployés par le Gouvernement pour nous divertir en ce premier week-end d'à-peu-près troisième confinement partiel !


On touche au sublime. Je crie au génie. Je pensais avoir tout vu avec cette com' gouvernementale qui, à n'en pas douter, restera dans les annales, au même endroit que les nouveaux tests de dépistage (tu l'as ?). Mais là, je dois reconnaître que le surpassement est total et le talent immense.

Il est 15h11, et je vous annonce solennellement que l'attestation pour les sorties en journée dans un rayon de 10 km est supprimée et qu'un justificatif de domicile suffira.

Nous sommes le 20 mars 2021, le bordel sanitaire dure depuis plus d'un an, les attestations existent depuis tout autant, et le Gouvernement français vient de découvrir qu'un justificatif de domicile pouvait servir à justifier où on habite.

Et le monde entier se fout de notre gueule.

Bon week-end.

Vous aimerez aussi

6 commentaires

  1. Au moins, cette réjouissante pantalonnade aura eu le mérite de vous tirer de votre blogoléthargie : ce n'est pas si mal !

    Et aussi celui de nous faire écrire des billets, à Nicolas, moi et deux ou trois autres…

    RépondreSupprimer
  2. Les Shadoks n'auraient pas mieux fait que nos amateurs de gouvernants.

    RépondreSupprimer
  3. Bravo ! Rire de tout et surtout de cette gestion ubuesque. Il ne nous reste plus que cela ...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Oui... Heureusement qu’il nous reste l’humour, en effet

      Supprimer