Vive la gauche zombie éparpillée façon puzzle !



"Et alors ? Toi ? Tu vas voter pour qui ?"
Cette question, relativement anecdotique, voire rare, il y a encore quelques semaines, revient de plus en plus souvent en ce moment, voire en boucle depuis quelques jours.
Parce que je suis ouvertement de gauche et que tout le monde le sait, parce que j'ai milité plusieurs années dans un parti qui "pèse" aujourd'hui 1,5% et 790 parrainages - et que tout le monde le sait - les gens, les amis, les proches, les collègues, me posent de plus en plus cette question :

"Et alors ? Toi ? Tu vas voter pour qui ?"

Alors, déjà, avant même de répondre quoi que ce soit, j'ouvre mon téléphone portable intelligent, et je tape dans mon moteur de recherche tout aussi intelligent :

"date présidentielle 2022"

Ce qui était impensable en 2012 et en 2017, l'est désormais, et c'est très clair : je ne connais pas la date du premier tour de la présidentielle.
Détends-toi, comme je viens de faire la recherche en direct live pendant la rédaction de ce billet, je sais dorénavant que c'est le 10 avril hein.
Et j'ai dans l'idée que la rédaction de ce billet de blog va m'aider à m'en souvenir.
À moins que je ne décide de l'inscrire en dur dans l'agenda de mon téléphone intelligent, histoire de ne pas caler de pique-nique, de garden party ou autre sauterie, pile pendant le 1er tour.
Ce serait ballot.
Ou alors, ce serait un acte manqué.
Un acte manqué parce que je n'ai jamais été, à ce point, désappointée, blasée, soulée, affligée, voire totalement désintéressée par cette campagne.

Alors, c'est quoi l'programme ?

Je n'ai lu aucun programme, sauf celui de Roussel, par procuration, car Nico l'a décortiqué et Jef fait campagne pour lui donc, l'info vient à moi.
En gros : si tu ne vas pas au programme, le programme viendra à toi.
Et clairement, grâce à ces deux-là, j'ai les grandes lignes du programme de Roussel dans le ciboulot.

Pour les autres - Hidalgo, Jadot, Mélenchon, Taubira, Poutou, Arthaud & Co - je n'ai pas la moindre idée de ce qu'ils proposent.

Sinon une assemblée constituante pour Mélenchon, auquel cas son programme à 3€ en librairie, n'a guère d'intérêt puisque, avant d'être mis en œuvre, il faudra repartir from scratch

J'ai rien compris au nucléaire : certains sont archi contre, faut tout arrêter parce que c'est hyper polluant donc on en sort aussi vite que possible, d'autres plus nuancés (mais je ne sais pas lesquels) affirment que oui, il faut en sortir mais il faut se donner 50 à 70 ans parce que plus rapide, c'est pas possible, d'autres encore vont t'expliquer qu'il est faux de dire que ça pollue car c'est une source d'énergie décarbonnée et donc verte, et encore d'autres t'expliquent que vert ou gris pollution, on s'en fout car on ne peut pas s'en passer donc il ne faut pas en sortir.

J'aime beaucoup Taubira pour plein de raisons (et pour plein de raisons aussi, je ne l'aime pas trop), mais je n'ai pas compris le sens de sa candidature. De la même manière que je n'ai rien compris au fonctionnement de la primaire populaire qui, plus ça va, moins elle est populaire.

Hidalgo, pour des raisons personnelles militantes, c'est au-dessus de mes forces partisanes. Je te concède que ce que je viens d'écrire est tout sauf un argument électoral mais ça vole pas moins haut que mes potes - de gauche - qui me répondent :
Ah nan, mais lui, clairement, c'est pas possible, je peux pas.

Jadot me fatigue et m'endort quand il parle à la radio. Je ne le trouve pas assez à gauche et puis il a été élu eurodéputé il y a 2 ans et demi. Franchement, c'était pas la peine de se présenter à l'eurodéputation si c'était pour viser le coup d'après deux ans plus tard, hein. Et puis, je le trouve pas franc du collier, j'ai l'impression que les Verts, c'est un bordel continu de contradictions au sein même de leur parti. Du coup, j'ai pas confiance et je vois pas comment un gouvernement 100% vert pourrait être stable. Cette opinion ne prétend pas être hautement politique non plus. Je ne suis pas politologue, j'utilise mon blog pour ce qu'il est : parler (souvent pour ne rien dire). Et puis, je ne peux pas m'empêcher de croire qu'il savait pour l'affaire Nicolas Hulot, et qu'il n'a rien fait.

Poutou, il a mon capital sympathie pour l'éternité, mais nous n'irons pas plus loin ensemble, camarade. Désolée.

Arthaud, c'est un peu comme Poutou et j'aime beaucoup la façon qu'elle a de balancer des scuds sur les fachos. Elle le fait avec la sulfateuse, droite dans ses bottes, et dans ses convictions, et ça, j'avoue, c'est classe. Je crois que je pourrais voter pour elle si on votait demain. Un vote de témoignage. Parce qu'on a besoin de NathalieS ArthaudS dans le paysage politique. Pour autant, je suis pas hyper convaincue par le modèle de société promis par la dictature du prolétariat, hein. 

Paresse intellectuelle assumée

Alors évidemment, puisque je sais me servir d'un moteur de recherche intelligent, comme je l'ai brillamment démontré plus haut, je pourrais faire pareil pour mettre la main sur les programmes des camarades de gauche, les comparer, faire des croix et des colonnes, et choisir une bonne fois pour toutes celui ou celle qui me réconciliera avec la gauche et la présidentielle.
Je pourrais.
Mais je ne le fais pas.

Parce que...

Parce que je suis une feignasse.
Parce que la gauche me fatigue.
Parce que cette campagne est en dessous de tout.

Parce que je n'en peux plus des commentateurs et commentatrices des rollings quotidiens qui tirent des conclusions capillotractées quand un candidat passé de 2% à 3,5% d'intentions de votes le 4 février 2022, redescend à 1,5 % six jours plus tard, des éditorialistes et journalistes qui parviennent à faire un édito de 5 minutes sur le sujet et une émission politique de 2 heures sur tous les autres qui dégringolent, rebondissent, reculent, s'envolent, sont dans la dynamique, patinent, ne décollent pas, peinent, stagnent... et autres champs lexicaux appartenant davantage à la Foire du Trône ou au flipper du Café du Commerce, plutôt qu'à une campagne présidentielle digne de ce nom.

Parce que tout peut encore changer.

Générateurs de phrases creuses

Parce que les camarades sur les réseaux sociaux sont épuisants. Dès que tu lances un débat ou que tu émets un doute, on te répond avec un élément de langage prémâché ou un slogan de campagne, sans autre forme d'argument.

Genre, tu poses une question sur la semaine de 32 heures ou de 4 jours, sur la réduction du temps de travail. Tu poses ta question en 5 lignes argumentées, sujet, verbe, complément, en tentant d'organiser un débat, et là, tu vois des camarades débouler en mode robots décérébrés qui ne savent rien faire d'autres que de recracher ce qu'on leur demande de recracher :

  • "Changeons ! No more blabla avec Yannick Jadot"
  • "Une seule solution : l'avenir en commun avec Jean-Luc Mélenchon"
  • "La seule capable de réunir la France, c'est elle, Anne Hidalgo"
  • "Christiane Taubira, c'est vraiment la seule qui se soucie de vous"
  • "Avec Fabien Roussel, adieu la sinistrose, bonjour les jours heureux"
Les meilleurs générateurs de phrases creuses n'auraient pas fait mieux.

Et c'est tous les 5 ans de pire en pire.

No more castor

La seule chose dont je suis à peu près sûre, c'est que s'il faut faire barrage au second tour, la castor aura poney.

Et alors, c'est à ce moment-là que les gens, les amis, les proches, les collègues, me disent :
Si, même toi, tu en es à ce niveau de déception, de critique et de consternation sur l'état de la gauche, bah on n'a pas le cul sorti des ronces.

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17 commentaires

  1. Y'a pas grand chose de plus à dire. Ils sont tous globalement désespérants (à gauche comme à droite), et cette présidentielle n'intéresse pas grand monde.
    Le réveil sera douloureux pour beaucoup (si tant est qu'ils/elles finissent par se réveiller un jour)

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  2. Je crois qu'on est nombreux à refuser de jouer les castors. Au premier comme au deuxième tour. Et je te parie qu'on va nous culpabiliser, c'est à cause de nous qui n'avons pas coupé du bois avec nos dents de castors pour construire un beau barrage, qu'une telle ou un tel auront tel score. Je vote pour celle ou celui en qui je crois au premier comme au deuxième tour. Je ne suivrai aucune consigne de vote.

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  3. Il y a deux candidats à part :
    - Anne Hidalgo qui était de toute évidence une mauvaise candidate (déjà son image à Paris était bien dégradée) sans compter le fait évident que son part n'a pas travaillé,
    - Christiane Taubira qui n'a rien à foutre là (et qui vient d'être lâchée par le parti).

    Il y a Jean-Luc Mélenchon qui est en tête et devrait finir en tête mais qui ne fera jamais plus qu'il ne faut pas pour être second, qui s'essouffle et sans semble avoir atteint un plafond de verre.

    Je pourrais parler des deux autres pingouins mais au fond je ne suis pas sur mon blog. Je voulais juste souligner ce que m'inspirait le titre de ton billet et en le revoyant ce matin (j'ai lu hier, quand j'ai fait la vanne dans FB).

    Mais je continuerai, quoi qu'il en coûte comme disait l'autre, à faire le castor ce qui a quasiment toujours été fait par une grande partie des électeurs : voter contre celui dont on ne veut pas. Par exemple, imaginons que nos cinq lascars soient opposés au second tour à Emmanuel Macron. Je votre pour Hidalgo ou Roussel s'ils sont présents et pour Macron s'ils ne le sont pas.

    La gauche est bien éparpillée façon puzzle mais ce n'est, ainsi, pas le principal problème.

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    1. Ce n'est sans doute pas le principal problème, c'est vrai. mais ça n'aide pas. Il est assez clair que si la gauche n'avait que 2 ou 3 candidats, faire son choix serait plus facile (pour moi, hein).
      Pour le castorage, on verra le moment venu... mais à l'heure actuelle... hum.

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  4. Bien que n'ayant pas de téléphone portatif, je suis moi-même allé faire un tour chez Goux gueule, pas plus tard qu'hier, pour connaître les dates de cette fucking élection (dont je n'ai rien à battre par ailleurs). Mais, évidemment, de ma part c'est moins surprenant que de la vôtre…

    Sinon, je relève ceci dans votre billet : « on a besoin de NathalieS ArthaudS dans le paysage politique. » C'est vraiment la phrase la plus irrésistiblement drôle que vous ayez écrite depuis longtemps ! J'en suis encore tout éjoui…

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    1. Le verbe "s'éjouir" existait déjà au temps de François Villon, mon cher, ne vous en déplaise. On le rencontre notamment dans la ballade dite "du concours de Blois" :

      Confort reprends en triste désespoir ;
      Je m'éjouis et n'ai plaisir aucun ;
      Puissant je suis sans force et sans pouvoir,
      Bien recueilli, débouté de chacun.

      Non mais !

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    2. Jauneau (Mlle) a comme commentateur le seul type qui connaisse ce mot, c'est pas de bol.

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    3. Oui mais faut bien rigoler. Je te rappelle qu'on parle de vieux mots avec un vil réactionnaire.

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    4. Je préférerais "damoiseau", ne serait-ce que pour compenser ce "demoiselle" que vous refusez (un peu sottement, me semble-t-il, mais bon : on ne va pas se lancer là-dedans…).

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    5. Ouhlà là... Non, épargnons-nous cela !

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    6. Du reste, je suppose (il faudrait vérifier) que notre verbe "se réjouir", devait au départ signifier quelque chose comme "s'éjouir à nouveau". Ce n'est pas le seul cas où la forme itérative s'est trouvée en concurrence avec le verbe initial. Concurrence qui, comme ici, peut aller jusqu'à un "grand remplacement" contre lequel il serait vain de sortir hallebardes et pertuisanes.

      C'est ainsi que, à la campagne, on dit couramment : « Il faut que je fasse rentrer du bois », alors que le bois en question n'est encore jamais entré.

      Même chose avec "s'éveiller" et "se réveiller", etc.

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