Confinement. Episode 7. On n'oubliera pas.


Définitivement, je ne garde pas le rythme d'un billet par jour.
Mais tout le monde s'en fout je pense. Et tant mieux.
Donc j'assume. En même temps, à l'heure où j'écris habituellement sur ce blog, c'est plus ou moins l'heure de l'apéro ou du digeo. Je suis débordée quoi.

Passion apéros

Hier, trois apéros. Je suis overbookée.
Premier apéro avec celui qui m'a tout appris au parti socialiste quand j'ai pris ma carte en 2012 à Yerres. J'avais prévu d'aller passer quelques jours chez lui, dans le Beaujolais, la semaine du 4 mai, celle qui est traversée par un viaduc. genre tu poses 3 jours, t'as 10 jours congés. Rentable quoi. J'ai eu le nez fin sur la date qui sera probablement celle de la sortie du confinement.
Sortie du confinement qui n'est évidemment pas synonyme de retour à la vie normale. Il y a donc peu de chances que je puisse y aller.

Deuxième apéro : mon gars sûr avec qui j'ai bossé pendant 3 ans quand j'étais collaboratrice parlementaire. On était tous les deux affligés de la gestion de crise de ce gouvernement en dessous de tout. Nouvelle devise : un jour, une bourde. Il est sorti en tête dans sa ville au premier tour des municipales. Mais, tout comme je n'ai jamais réussi à féliciter les potes qui sont arrivés en tête, lui non plus n'y arrive pas.

Troisième apéro : les copines. On était 8 sur House Party. Après avoir essayé Zoom et Hangout, on a adopté la seule appli où, quel que soit le support, on se voit toutes en même temps. C'est peut-être un détail pour vous, mais pour moi, ça veut dire beaucoup. C'est mon crew, ma bande, mes meilleures amies. On se connaît toutes depuis plus de 25 ans (et je n'exagère pas, je viens de faire le calcul dans ma tête à l'instant même où je te parle). Il ne se passe jamais une semaine sans qu'on ne se voit pas à deux, trois ou 10. Ouais. On est dix.
Alors après tout ça, évidemment, je n'étais pas en état de taper sur un clavier.

Pendant ce temps, mon collègue (celui qui a des boules à facettes dans sa piaule), était en train de trinquer au Jack Daniels.
On a un point d'équipe tous les matins à 9h avec une quinzaine d'autres collègues, toujours en visio sur Teams. Le jour où on sera en réunion avec une gueule de bois se rapproche à grands pas...

Comme une marmotte sous acide

J'ai la chance d'être en télétravail. Et comme j'ai beaucoup de boulot, les journées passent relativement vite. J'ai trouvé mon rythme de croisière. Je commence le boulot tous les matins à la même heure, je prends une pause déjeuner d'une heure et demie avec sieste obligatoire de 30 minutes. Oui parce que si tu suis un petit peu ce blog, je ne dors plus très bien. 5-6 heures max par nuit, moi qui suis une marmotte. Me voilà devenue une marmotte sous acide.
Et j'arrête la journée de boulot à l'heure de l'apéro (oui bah, suis un peu).

Des nouvelles du monde

C'est donc pendant la pause déj et l'apéro que je prends des nouvelles du monde du dehors. Celui qu'on ne voit plus depuis qu'on reste chez nous.
Celui où les gens continuent à faire n'importe quoi dans la rue (même s'ils sont moins nombreux quand même paraît-il).
Celui dans lequel le Gouvernement sort une nouvelle attestation de sortie, désormais horodatée, devenue un peu plus compliquée mais dans laquelle il manque toujours la case "Je pars aux champs aider les agriculteurs".
Celui dans lequel Donald Trump appelle les fidèles à se réunir en masse dans les églises pour Pâques.
Celui dans lequel la porte-parole de notre Gouvernement bat tous les records de conneries, en direct, en live et en dolby-surround sur toutes les chaines de télévision et radio de France et de Navarre.
Aujourd'hui, Mesdames et Messieurs, sous vos applaudissements, Sibeth Ndiaye qui insulte tous les enseignants de France. Tranquille. OKLM. En 9 secondes chrono.


Si tu vois pas bien, tu peux cliquer là

Ce monde dans lequel des connards de voisins se sont opposés à l'arrivée d'une infirmière dans un immeuble, estimant qu'elle risquait de les contaminer.
Ce même monde dans lequel les associations craignent une aggravation des violences conjugales en contexte de confinement.
Un monde dans lequel on apprend que des personnalités politiques ont accès à des tests de dépistage alors qu'elles n'ont aucun symptômes graves et que, dans le même temps, nos responsables affirment que seules les personnes présentant des symptômes graves ou critiques sont testées.
Un monde dans lequel on n'hésite plus à comparer Emmanuel Macron à "Clemenceau dans les tranchées" (Ces gens n'ont décidément honte de rien).
Un monde dans lequel les marchés ouverts seront fermés exceptés ceux qui resteront ouverts. Passion dérogation. Passion injonction contradictoire.
Un monde dans lequel notre Président affirme "Chaque jour, on essaie de corriger les erreurs qu'on a faites la veille". On n'est pas sortis des ronces. À ce rythme, on sera déjà rendus 2021. 
Un monde dans lequel, chaque jour des dépêches tombent pour annoncer que des présidents de bureau de vote et des assesseurs sont malades. Parce que nos responsables politiques ont voulu maintenir coûte que coûte "ce grand rendez-vous démocratique" dans une France en pandémie.
Un monde dans lequel Manu Dibango est mort du Covid-19.
Un monde dans lequel chacun attend de savoir à quelle sauce il va être mangé : contrats de travail, durée du travail, congés payés ou pas, indemnisation ou pas, prime ou pas, confiné encore 4 semaines ou 6 semaines, avec interdiction de sortie ou pas, en confinement total ou pas.
Un monde dans lequel le Gouvernement navigue à vue, sans anticipation, mais dans la réaction permanente, avec 4 trains de retard.

Ils et elles devront rendre des comptes

J'espère que nous saurons tirer les leçons de cet épisode dramatique. 
J'espère qu'ils rendront des comptes. Toutes et tous.
Tous-tes celles et ceux qui se sont foutu de la gueule des Chinois et des Italiens il y a plusieurs semaines.
Tous-tes celles et ceux qui ont milité pour le maintien du 1er tour des élections municipales.
Tous-tes celles et ceux qui ont détruit les services publics hospitaliers, la recherche et l'éducation nationale en sabrant à tour de bras dans leurs budgets et dans les postes de fonctionnaires.
Tous-tes celles et ceux qui ont broyé le code du travail.
Tous-tes celles et ceux qui ont défendu l'hypermondialisation, la rentabilité et le pognon aux dépens du bien-être de chacun-e.
Tous-tes celles et ceux qui ont fait qu'aujourd'hui, on est dirigés par des politiques qui nous font flipper davantage qu'ils ne nous rassemblent.

On n'oubliera pas.

Ce billet est décousu, bordélique, fatigué.
Comme moi. Je suis fatiguée et en colère.
Et la colère, ça fatigue.
Et quand je suis fatiguée, je suis vite en colère.

Résumé des épisodes précédents :
Episode 6. La colère

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5 commentaires

  1. tu as besoin de te reposer copine.
    Prend soin de toi.

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  2. « J'espère que nous saurons tirer les leçons de cet épisode dramatique. »

    Évidemment non : ça, cette envie (ce besoin ?) de croire que "plus rien ne sera comme avant", comme avant la crise, quelle qu'elle soit, c'est ce que l'on pourrait appeler une illusion "de temps de guerre". Vous qui êtes historienne, vous le savez : à chaque guerre, les gens, la plupart, on eu cette certitude que le monde ne pourrait pas se remettre à boitiller comme avant. Pas après "tout ce qu'on a vécu", nos sacrifices, nos espoirs, etc.

    Et pourtant, si : à quelques micro-variations près, le monde repartait cahin-caha comme avant la guerre/crise/épidémie, etc.

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    1. Je le sais bien. Mais, bien qu'historienne, j'essaie de me persuader du contraire... Mais vous avez raison. Alors taisez-vous !

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    2. On veut bâillonner ma liberté d'esspression ! Alerte ! Danger sur la démocratie ! Nous sommes tous des coronaviré allemands !

      Etc.

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