Le titre de ce billet est absolument nul mais tant pis. J'assume.
Disons que c'est une spéciale dédicace à celles et ceux qui me racontent parfois des trucs incroyables et que je leur réponds: "Genre!"
Et puis j'avoue qu'Ă force d'Ă©crire des billets sur le genre, je suis Ă court d'inspiration pour les titres...
Depuis que nous avons une Ministre en charge des Droits des Femmes et que le mariage pour tous a été adopté il y a plusieurs mois, on a entendu tout et n'importe quoi sur une soit-disant fumeuse "théorie" du genre.
Dans l'absolu, je n'ai rien contre le mot "théorie". Mais quand il est accolé au "genre", ça donne lieu à des fantasmes complètement délirants.
- Que nous allons inculquer à nos enfants des cours sur la théorie du genre.
- Que nous allons leur lire dès la maternelle Michel Foucault ou Judith Butler.
- Que nous allons dire aux petites filles qu'elles ne sont pas des petites filles et aux petits garçons qu'ils ne sont pas des petits garçons.
Tout ceci est d'une connerie sans nom.
Le genre, ce n'est pas une théorie.
Le mot "genre" n'est pas synonyme de "sexe biologique".
Le genre est une catégorie d'analyse, une manière d'envisager le sexe non plus seulement dans sa seule dimension biologique mais dans sa construction sociale.
Autrement dit, le genre permet d'envisager qu'une construction sociale des sexes (biologiques) existe.
C'est un outil.
Un genre de clé à molette qui permet de déboulonner les stéréotypes sexués.
Histoire de ne pas sombrer dans une théorie fumeuse, on pourra parler de "sexe social".
Ainsi, il existe:
- des hommes (au sexe biologique masculin) qui ont Ă©galement un sexe social masculin.
- des femmes (au sexe biologique féminin) qui ont également un sexe social féminin.
Mais, on ne peut nier l'existence - n'en déplaise à nos amis de la Manif Pour Tous - de:
- femmes (au sexe biologique féminin) qui ont un sexe social dit "masculin"
- hommes (au sexe biologique masculin) qui ont un sexe social dit "féminin"
Et on ne peut pas nier non plus que ces catégories dans lesquelles notre société aime bien caser les gens, sont perméables, changeantes. Qu'elles évoluent.
Et que les individus concernés par ces comportements jugés jadis subversifs ne sont ni des malades qu'il faut soigner, ni des tarés qu'il faut enfermer.
Le genre sert à démontrer que ni le gêne XX "rose", "vaisselle", "tricot", "douceur" ni le gêne XY "bleu", "tuning", "muscles", "violence" n'existe.
Prendre en compte le genre dans la construction des identités, dans celle des enfants, c'est permettre la déconstruction - non pas du sexe biologique - mais des stéréotypes sexués auxquels notre sexe biologique nous prédestine depuis la nuit des temps.
- Est-ce vraiment mal de dire Ă une petite fille qu'elle a le droit de tomber amoureuse d'une petite fille?
- Est-ce vraiment délirant d'expliquer à petit garçon qu'il a le droit de jouer à la poupée alors que tous ses copains vont au foot?
- Est-il vraiment normal d'entendre des parents dire à leur garçon: "arrête de pleurer comme une fillette?"
- Est-il vraiment choquant que des gens en aient ras-le-bol de n'avoir le choix qu'entre "homme" ou "femme" dans les formulaires d'identité?
- Pouvons-nous, sommes-nous capables, d'accepter que des hommes ou des femmes "biologiques" ne se sentent pas comme tels et n'aient pas envie, n'aient plus envie, de rentrer dans l'une des deux seules cases qui leur sont proposées?
Je pose la question les questions.
10 commentaires
Moi, j'ai un sexe très social. Cela étant je n'aime pas cette notion de sexe social. D'ailleurs dans ton billet tu sous entends qu'il est normal d'aimer le foot quand on est un garçon. C'est affreux.
RépondreSupprimerOui, la notion de sexe social n'est pas idéale. Mais c'est la plus appropriée pour désigner ce qu'on "devient" ou comment on se construit socialement.
SupprimerPour le foot, tu n'auras pas manqué que je versais dans le cliché hein! Rassure-moi.
"Est-il vraiment choquant que des gens en aient ras-le-bol de n'avoir le choix qu'entre "homme" ou "femme" dans les formulaires d'identité?"
RépondreSupprimer"des gens" mais quels gens? à en croire ceux qui expriment ce ras le bol, il y aurait entre cinq et quinze sexes, alors autant ne pas le mentionner. Discuter un instant avec ceux qui défendent ces théories amène à des sommets de réflexion irrationnels . Est-ce qu'il y a un seul pays, une seule ethnie dans le monde où, à la naissance, on ne dise pas "c'est un garçon" ou "c'est une fille"?
Les garçons et les filles ont été habillés de la même façon pendant des siècles, chez nous. Tout le monde avait des robes et les cheveux longs jusqu'à trois ou quatre ans, voire davantage. Et pourtant, seuls les hommes faisaient la guerre. On met beaucoup d'acharnement à attaquer ou défendre des symboles qui n'ont peut être pas l'importance qu'on leur attribue.
L'insistance avec laquelle on nous rappelle que les Etudes de genre ne sont pas une théorie me semble de plus en plus bizarre, si on s'en tient à la définition du mot "théorie"."Théorie" n'est pas synonyme d'hypothèse, de spéculation. Que la terre tourne autour du soleil est une théorie scientifique, par exemple. Etudes, ça reste dans le vague et l'inachevé. Rappeler qu'on parle d'études et non de théorie, c'est rester modeste ?
"Autant ne pas le mentionner".
RépondreSupprimerJe suis d'accord. Moi la première, quand ça m'est proposé, je coche "autre" car je ne vois pas bien à quoi ça sert que Google par exemple sache de quel sexe je suis.
Encore une fois, je n'ai jamais dit qu'il fallait effacer, gommer ou nier le sexe de naissance.
Je dis juste qu'il y a des gens, des personnes, des individus qui ne s'identifient pas aux deux seuls sexes qui leur sont proposés.
Quant à la théorie ou aux études, dans le fond, pour être tout à fait honnête, ce n'est pas ce qui me dérange le plus.
Ce qui m'agace c'est qu'on fasse dire tout et n'importe quoi aux défenseurs du genre dans la prise en compte de la construction sociale des "gens".
""Autant ne pas le mentionner".
RépondreSupprimerJe suis d'accord. Moi la première, quand ça m'est proposé, je coche "autre" car je ne vois pas bien à quoi ça sert que Google par exemple sache de quel sexe je suis."
Oui mais non. Les arguments finaux de ceux qui veulent qu'on ne mentionne plus le sexe Ă l'Ă©tat civil sont totalitaristes.
Je trouve qu'il y a du conservatisme à lutter contre des préjugés presque éteints. Depuis plus de trente ans il y a, dans les classes d' écoles maternelles, des coin cuisine, des coin petites voitures, des coin lego, des coin poupées... où vont et viennent les enfants, comme ils le désirent . Je n'ai pas entendu dire qu'une maîtresse apostrophait les garçons qui jouaient à la poupée ou les filles qui monopolisaient le camion des pompiers. On rabâche depuis des années et des années que si votre fils a envie de porter des collants roses, eh bien, ce n'est pas un drame, d'abord il ne sera peut-être pas pédé en collants roses à vingt ans, et quand bien même il le serait , mieux vaut accepter l'inéluctable (vous n'aurez pas de petits enfants avec celui-là ) dans la bonne humeur puisqu' il est inéluctable pour une petite partie de la population. Donc, le coup de sensibiliser au mal-être des petites filles qui ne peuvent pas monter aux arbres parce qu'elles n'ont pas le droit de se salir, soit, c'est toujours à faire, mais ce n'est pas neuf, l'essentiel du boulot a été fait.
Google veut savoir si tu es une fille, jeune ou vieille, pour t'envoyer les pubs adaptées et seulement pour ça. Que tu sois afficionada des salles de culturisme, que tu envisages d'acheter un bébé par le biais de l''adoption internationale, que ton budget maquillage approche le PIB du Thagvazistan ou que tu investisses tes dernières économies dans un plan-obsèques ne lui est pas indifférent.
"Les arguments finaux de ceux qui veulent qu'on ne mentionne plus le sexe Ă l'Ă©tat civil sont totalitaristes."
SupprimerJe ne suis pas d'accord. Comme partout, il y en a qui le sont et d'autres pas. Perso, j'ai pas l'impression d'ĂŞtre "totalitariste".
Je sais bien pourquoi Google veut savoir ce que je suis ;-)
Par contre, je te trouve très très optimiste quand tu dis qu'on rabâche dans notre société que ce n'est pas grave si un garçon porte du rose ou joue à la poupée et que le fait de rabâcher porte ses fruits. Autant je suis à 100% d'accord avec le fait que ce ne soit pas grave, autant j'ai autour de moi des exemples de jeunes parents qui voient d'un très mauvais œil les activités dites "féminines" de leur progéniture masculine...
Moi je connais des types qui ont "con comme une bite" comme sexe social.
RĂ©pondreSupprimerMoi aussi j'en connais. Un paquet.
SupprimerMoi je suis une extra terrestre ... Et bien je ne l'indique jamais ... Je trouve que c'est plus prudent ...
RĂ©pondreSupprimerTu as bien raison, Mulder et Scully risqueraient de tomber dessus.
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