Morlaix: une manif de racailles, ni plus ni moins.
- 20.9.14
- Par Elodie Jauneau
- 31 Commentaires
Ce matin, j'ai découvert médusée que des syndicalistes de la FDSEA avaient brûlé le centre des impôts de Morlaix et la Mutualité Sociale Agricole pour manifester leur mécontentement. Euphémisme pardon: leur ras-le-bol fiscal. J'apprends également qu'ils ont empêché l'accès des pompiers à l'incendie qu'ils ont déclenché.
- Que l’agriculture française soit en crise, c'est une évidence.
- Que les agriculteurs en aient ras le tracteur, je peux le comprendre.
Mais qu'ils saccagent le bien commun pour se faire entendre me fait halluciner.
J'entends ici où là qu'il faut entendre cette détresse, comprendre qu'ils ont la vie dure et que c'est normal ma brave dame que les agriculteurs pètent un plomb.
Bah voyons.
Justice de comptoir à deux vitesses.
- Quand ce sont des jeunes qui saccagent le mobilier urbain pendant et / ou après une manif: ce sont des casseurs, des racailles.
Oui ce sont des casseurs et des racailles.
- Quand ce sont des gens qui, en marge d'une manifestation de soutien aux Palestiniens, saccagent des commerces juifs ou une synagogue, ce sont des délinquants antisémites.
Oui ce sont des délinquants antisémites.
Mais quand il s'agit d'agriculteurs qui usent des mêmes procédés, il faudrait être indulgent? Parce que vous comprenez ma brave dame, c'est vraiment trop dur aujourd'hui d'être agriculteur en France.
On croit rêver.
Et pendant ce temps-là, Thierry Merret, président de la FDSEA et bonnet rouge à ses heures perdues, applaudit des deux mains:
"Je tire un coup de chapeau à ceux qui ont osé faire ce qu'ils ont fait. [...] il faut relativiser, il n'y a pas eu mort d'homme, c'est une forme de témoignage pour dire: écoutez nous".
Bah voyons. Donc moi, je sais ce qu'il me reste à faire:
- Je vais incendier le Pôle Emploi de Brunoy
- Je vais saccager les locaux de mon ancien employeur
Et puis après je dirai:
"Oh eh c'est bon hein, y'a pas mort d'homme, je veux juste toucher ce qui n'est dû. C'est une forme de témoignage, écoutez-moi."
N'importe quoi.
Entendre la Maire de Morlaix appeler à la compréhension parce que si, elle, elle peut expliquer cet évènement, tout le monde peut le faire, et bien moi, ça me débecte.
Lire des politiques comme Nicolas Dupont-Aignan affirmer qu'il s'agit-là d'une jacquerie du XXIème siècle, la première d'une longue série, sans condamner une seule seconde de tels actes, "c'est un peu fort de café" comme dirait ma grand-mère.
Cette tolérance à géométrie variable selon que la racaille est un jeune de cité, un étudiant, un manifestant ou un syndicaliste paysan est hallucinante.
Les manifestants d'hier ne sont ni plus ni moins que des racailles sans casquette ni keffieh ni cagoule, ce sont des racailles en tracteurs.
Mais des racailles ni plus ni moins.
Et comme l'a très bien rappelé Marylise Lebranchu sur iTélé ce midi:
"Nous ne règlerons jamais les problèmes agricoles par la destruction du bien commun".
31 commentaires
Arrête de stigmatiser les Bretons.
RépondreSupprimerPardon. Breizh power.
SupprimerAh ces racailles!
RépondreSupprimerJ'attends le 1er qui va oser le: "il n'y a pas eu mort de femme, faut relativiser", ça va venir...
Euh
SupprimerOuais, des cons !
RépondreSupprimerOuais
SupprimerJ'ai l'impression que tu écris: "Nous, socialistes, détruisons votre avenir, vous condamnons à la faillite et, si vous protestez violemment, nous vous considérerons comme des criminels de droit commun."
RépondreSupprimerBienvenue du côté de la bourgeoisie possédante, camarade!
jard
Non ce n'est absolument pas ce que j'ai écrit.
SupprimerLa bonne vieille ficelle : tout est dans tout, tout se vaut, une racaille est une racaille est une racaille, etc. Car il n'y a bien entendu aucune différence entre mettre le feu à un centre des impôts et faire la même chose à la voiture de son propre voisin ; ni entre celui qui "déborde" (puisque "débordements" il y a) pour protester contre l'étranglement auquel on le soumet et cet autre qui sort la kalachnikov parce qu'une police sans doute fasciste entend l'empêcher de dealer à sa guise dans la cité qui l'a malheureusement vu naître.
RépondreSupprimerSi c'est comme ça que vous comptez "faire baisser le Front national", continuez : je vous souhaite bien du plaisir.
Merci pour vos bons voeux.
SupprimerN'importe quoi votre argumentation, Mr Goux !
SupprimerCette "racaille"-là déborde clairement ... mais aucun risque qu'elle bascule vers le FN ! Elle a un sens aigu de ses intérêts, et ils penchent amoureusement vers l'UMP ...
"petite paysannerie" , disent certains ... Il ne faut jamais avoir mis les pieds vers St Pol de Léon pour soutenir ça !
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
RépondreSupprimerSi les membres de la FDSEA étaient des syndicalistes, ça se saurait depuis longtemps ! Et en matière de fiscalité, si les agriculteurs étaient victimes de 'l'enfer fiscal", ça se saurait aussi depuis longtemps !
SupprimerCar comme le note le rapport annuel de la Cour des Comptes de février 2010, "L’enquête de terrain menée par la Cour confirme l’inégale couverture du tissu fiscal par les contrôles externes. Il est ainsi manifeste que les agriculteurs sont très rarement contrôlés (ils ont chaque année une chance sur 666 d’être contrôlés dans l’interrégion Nord). Les responsables locaux mettent en avant les particularités de la fiscalité agricole, que peu de vérificateurs maîtrisent, et le faible rendement de ces contrôles en termes budgétaire et répressif..."
Alors oui, entièrement d'accord avec ce billet...les manifestants d'hier ne sont pas des syndicalistes, mais des casseurs, des voyous, des racailles...
Voilà.
SupprimerArf, la FDSEA, cette bonne vieille fédération de droite, aussi syndicaliste que peut l'être un Patrick Balkany tiens.
RépondreSupprimerUn syndicat de droite donc?
Supprimer"On nous a parlé de façon successive depuis 20 ans de simplification administrative, à chaque fois on constate que c'est l'effet inverse. Nous on dit: +stop+", avait-il déploré avant d'annoncer: "Puisque Paris n'arrive pas à mettre en oeuvre les simplifications administratives, nous allons, au niveau agricole et peut-être avec d'autres filières et secteurs de l'économie bretonne, mettre en oeuvre une simplification administrative de nos relations avec les pouvoirs publics".
RépondreSupprimerLe fameux choc de simplification !
Ce ne sont pas des racailles, mais d'authentiques poètes.
Comme si ces deux incendies allaient clairement simplifier mes choses.... Mouarf.
SupprimerCes gens sont très fins, tout est dans le symbole. La MSA, il faut cotiser, c'est cher, on veut juste toucher les indemnités ou les remboursements. Une mutuelle c'est l'économie sociale et solidaire. Et nous on est pas solidaire et encore moins pour le social. Le centre des impôts c'est l'Etat, en plus ils nous arrivent de payer des impots. C'est chiant car on est pour la redistribution.
RépondreSupprimerL'amour est dans le pré mais la haine et la bêtise sont dans les quelques têtes de bonnets rouges.
Ils ont de la chance que le FN n'est pas au pouvoir. Ils risqueraient encore plus gros, peut être même la peine de mort, allez savoir.
Allez savoir en effet.
SupprimerJe suis d'accord, il faut condamner toutes les violences, et condamner le syndicalisme violent. Qu'il soit le fait de bonnets rouges, de paysans, de CGT ou d'ouvriers.
RépondreSupprimerEt il faut que la justice soit sévère. Avec tous ces délinquants. Même si les signaux qui ont été envoyés cet été sont inquiétants.
Ouais, ouais, ouais.
SupprimerLa morsure du fouet est toujours plus agréable quand on tient le manche.
Z'êtes pénibles avec vos discours punitifs: "faut punir, faut punir!" N'avez que ça à la bouche.
Putain, vous êtes des gros nazes on dirait des curés du XIXième siècle en face des ouvriers.
Pffff! Mais keski vous prend? Vous virez sarkoziste oukoi? S'il fallait punir tous ceux que la loi désigne comme coupables, il y aurait 66 millions de détenus et 60.000 personnes en liberté en France.
AH ! Enfin Zarkô est revenu .... Les blogs de gÔche ont à nouveau du grain à moudre ......
RépondreSupprimerFinalement il est revenu pour rendre service à Hollande .....
Zarkô va permettre aux militants de gÔche de se sentir de nouveau de gÔche ......
Rien de tel qu'un bon ennemi ......
On va se marrer en 2017 lorsqu'au 2° tour on aura Zarkô face à Marine Le Pen .......
Les militants du PS appelleront à voter Zarkô ... Ils invoqueront le front républicain pour faire barrage au pire du pire du encore pire ........
Et nous les " sans dents " on votera encore par défaut comme d'habitude .......
Ou alors on n'y croira tellement plus qu'on ne votera pas ....
Et Marine Le Pen sera élue par défaut .....
Finalement on est en démocratie par défaut , faute d'une bonne dictature ....
Elody?
RépondreSupprimerEuh...
Je comprends pas. Il s'agit d'une réaction de colère de la part de gens qui se sentent menacés de disparaître. Tout ce qu'ils ont, tout ce pourquoi ils ont bossé peut effectivement disparaître. Et ils ne sont pas les seuls dans ce cas-là.
Ils le prennent très mal et ils réagissent sur le mode de la violence, ce qui, indubitablement, est une faute, ce que personne ne discute.
Et je te dis pas qu'ils s'agit d'une réaction intelligente, je la trouve même très conne.
Maintenant, dire que ces gens sont des racailles au motif que la société française se montre habituellement plus indulgente à l'égard des violences paysannes que des violences urbaines, c'est leur faire porter une responsabilité qui n'est pas la leur, mais la nôtre.
C'est nous qui, par notre culture et notre histoire, avons pris la mauvaise habitude de pardonner plus facilement aux uns ce qu'on se refuse à pardonner aux autres: le voyou de banlieue sera ainsi dit "racaille", alors que l'agriculteur, lui, sera un révolté.
C'est nous, les urbains, qui avons décidé cela. Et particulièrement les intellos de gauche.
Et je te rappelle que José Beauvais passe pour Astérix le Gaulois qui résiste encore et toujours à Monsanto et ses OGM et, quand il fauche un champ, je t'ai pas vu du côté des gardes mobiles que je sache.
Même chose pour ND des Landes.
Il y aurait donc les bons et les mauvais agriculteurs?
Alors, ton soudain revirement en faveur de la loi et de l'ordre m'interpelle un peu, je dois te dire. Et surtout, l’invective ne te va pas: si tu te mets à adopter des comportements que tu fustiges habituellement chez tes adversaires politiques, à quoi ça sert que tu sois de gauche?
On peut très bien ne pas approuver sans verser dans l'invective, non? Pourquoi vouloir rétablir l'égalité de traitement entre le jeune des banlieues et l'agriculteur des sous préfectures en les traitant tous de racailles, N'est ce pas un nivellement par le bas sous couvert d'égalitarisme? Ne vaut il pas mieux essayer de comprendre et les uns et les autres, sans les outrager tous, au nom de l'égalité de traitement? On peut être un poil positif, quoi.
Bref, ta propre colère - car tes injures ne peuvent s'expliquer que par la colère - me surprend: c'est pas toi. Tu sais bien que la colère est un truc qu'on se refile les uns aux autres. A un moment, on peut aussi se dire qu'elle ne passera pas par soi. Et c'est un bon moment.
Euh...
SupprimerCe qui me dérange particulièrement, c'est le jugement à deux vitesses. Je ne vois pas pourquoi on serait indulgent avec les agriculteurs qui mettent le feu aux impôts et qu'on serait sans pitié avec des jeunes de banlieue qui détruisent le mobilier urbain, les deux groupes agissant ainsi pour manifester leur colère et / ou leurs inquiétudes?
Depuis samedi, les messages de soutien envers ces manifestants se multiplient alors que jamais je n'en ai lus pour d'autres évènements du même style.
Soit on condamne tout le monde, soit on pardonne tout le monde, non?
J'ai bien compris: comme le jugement à deux vitesses te dérange, tu appliques le moins disant à tout le monde, en bonne gauchiste. Donc, l'agriculteur devient racaille comme le jeune de banlieue, au nom de l'égalité de traitement.
SupprimerCool. Drôle de conception de l'égalité, par nivellement par le bas: puisque l'un est une racaille, alors, l'autre le sera aussi. C'est juste dis-tu.
Et comme je te fais remarquer que c'est une conception étrange, tu passes d'un extrême à l'autre: le système tout ou rien.
"Soit on condamne tout le monde, soit on pardonne tout le monde"
Non, Elody. Les fautes s'apprécient en fonction d'un contexte et d'une gravité.
Foutre le merdier dans une manif pour le fun, comme le font nos chères racailles de banlieue quand elles ont envie de se faire du petit blanc, c'est moyennement sérieux comme motivation.
Ca peut se comprendre aussi, remarque, mais en le replaçant dans son propre contexte.
Foutre le merdier dans une sous-préfecture parce qu'on est en train de se faire broyer par un système et qu'on va tout perdre et que c'est la seule chose qui reste à faire pour être simplement écouté par les pouvoirs publics qui, autrement s'en foutent complètement, c'est différent.
Faut juste percevoir la différence entre des comportements qui, à première vue sont semblables, alors qu'en réalité ils sont différents.
Maintenant se pose le vrai problème, qui n'est pas de traiter untel ou untel de racaille: pourquoi on est plus indulgent à l'égard des uns que des autres? Pourquoi la faute des uns nous semblent plus grave que celle des autres? Là dessus on peut discuter.
Cette question, tu la refuses: tous égaux, tous des racailles, dis-tu et tu te mets à tenir des discours de bignole avec FalconHill: "il faut que la justice soit sévère avec tous ces délinquants!"
"Ouais, parfaitement!"
Bon, ok, en bonne gauchiste moderne tu veux toi aussi casser du délinquant et pas laisser le monopole du discours sécuritaire à la droite, m'enfin quand même!
Tchok , l'égalité ça n'existe pas . Et certainement pas en matière de justice .....
SupprimerUn politicien qui pique dans la caisse , cela n'empêche pas le troupeau de bétail humain de brouter ..... Mais un délinquant ou racaille qui fait peur au troupeau comme un chien fou , ça empêche le bétail de brouter ..... Donc , en bonne logique le politicien ne sera jamais condamné , la racaille par contre sera condamnée ....... C'est simplement une question d'ordre dans le troupeau ......
Tschok, tu dis "Non, Elody. Les fautes s'apprécient en fonction d'un contexte et d'une gravité."
SupprimerEt moi je ne dis pas le contraire. Je parle du jugement au moment T, de l'appréciation qu'en ont "les gens", les politiques au moment des évènements.
Et ce qui me dérange, c'est cette indulgence disproportionnée vis-à-vis des agriculteurs. Indulgence jamais manifestée pour des jeunes de banlieue par exemple, qui, POUR CERTAINS, sont eux aussi broyés par le système pour différentes raisons.
Encore un discours de parisienne bobo...
RépondreSupprimerEvidemment
SupprimerPour avoir travaillé dans les vignes, (ce n'est pas de l'agriculture maraîchère mais ca reste de l'agriculture) j'ai conscience des difficultés rencontrées par les agriculteurs. Leur souci reste la rentabilité, sauf que le modèle ultra-productiviste des années 1970 dopé par la PAC a entraîné en endettement en machines et produits phytosanitaires pour traiter. Le raisonnement qui suit celui-ci est que on devrait revenir à une agriculture plus modérée dans les rendements et surtout beaucoup plus respectueuse de l'environnement car la plus value de l'agriculteur ce n'est pas la valeur marchande de sa production à court terme mais bien sa terre sur laquelle poussent ses légumes, vergers et céréales etc... le but du jeu est d'entretenir un sol sain et vivant sur le long terme sans à avoir à stériliser un sol en produits phytosanitaires qui l'appauvrissent considérablement.
RépondreSupprimerParlons des engrais, ils doivent être assimilés par le sol et pour cela le sol doit être microbiologiquement vivant pour minéraliser l'engrais composté sans avoir à lessiver le sol en engrais nitratés et phosphatés qui se retrouvent dans l'eau. Résultat : pour avoir une production rentable, les agriculteurs sont étranglés par les frais d'achat d'engrais quand ils pourraient utiliser des préparations de plantes qui se trouvent gratuitement autour d'eux (ortie, prêle et consoude...)
par les machines de plus en plus perfectionnées qui sont aussi terriblement chères alors que les machines pourraient être simples. Je crois que le "bon sens paysan" est perdu.
La recherche du rendement vient du fait que la demande est inférieure à l'offre pour beaucoup de légumes, le prix est donc bas pour pouvoir vendre.
Parlons aussi de l'irrigation : pomper comme des shadoks pour arroser des plantes très couteuses en eau revient à se ruiner en frais d'irrigation. Pourquoi n'adaptent-ils pas les plantes au climat ?
La faute aussi au consommateur qui veut des fruits et légumes en toute saison alors que il ya même pas un demi siècle on devait se contenter dans l'immense majorité des cas des produits de saison.
Je ne m'étendrai pas trop dessus mais je vous donnes des références édifiantes :
Le livre noir de l'agriculture d'Isabelle Saporta
50 idées reçues sur l'agriculture et l'alimentation de Marc Dufumier. Allary Editions
Ca reste le meilleur moyen de vous faire une idée par vous-même de ce qui se passe en agriculture.
Et évidemment les actes incendiaires et autres sont des délits peu importe la raison.