Chassez le naturel, il revient au galop...
... au 3ème tour des élections départementales.
Alors que la parité a été instaurée en redécoupant les cantons sans augmenter le nombre de conseillers et de conseillères, on aurait pu imaginer que les chances de voir une femme présider un Conseil départemental aurait été décuplées.
Que nenni.
Sur 101 assemblées départementales paritaires, seulement 10 sont présidées par des femmes.
En lisant cet article, les raisons invoquées à gauche comme à droite, pour tenter de justifier cette sous-représentation des femmes, sont à pleurer.
Vous comprenez ma brave dame, si vous n'êtes pas choisie, c'est parce que vous êtes nouvelle, on ne vous connaît. Par contre, si vous en étiez à votre 6ème mandat dans le temps et si vous cumuliez un peu plus, vous auriez eu plus de chances.
Mais au-delà de ces considérations dignes du comptoir du Café du Commerce, c'est la question des femmes en politique, d'une manière générale, qui se pose.
Pendant ces 3 mois de campagne, nombre de candidates titulaires (en gras, souligné et surligné en fluo) ont pu mesurer l'ampleur de ce que Sandrine Mazetier appelle à la "loi phallique".
- Option n°1 : Bonjour Madame, vous êtes le binôme de Monsieur ?
La perle rare.
- Option n°2 : Bonjour Madame, vous êtes la secrétaire de campagne de Monsieur ?
Raté. Essaie encore une fois.
- Option n°3 : Bonjour Mademoiselle, vous êtes la remplaçante de Monsieur ?
Et paf ! En plein dans le mille, le doublé-gagnant, le "Mademoiselle la remplaçante", la célibataire qui suit Monsieur, épaule Monsieur, assiste Monsieur jusqu'à l'élection, jusqu'à la victoire de Monsieur.
On ne s'épanchera pas sur la (non-)féminisation des termes "conseillers départementaux" et on ne comptera pas non plus les documents de campagne où les candidates et les remplaçantes se retrouvent soudainement privées de genre grammatical féminin, y compris sous leur trombine sur les affiches officielles. 100% vu.
On essaiera d'oublier très vite les speeches de campagne où Madame est présentée comme "Mademoiselle" quand elle n'est pas qualifiée d'"homme de terrain". 100% vécu.
Après ces 3 mois de campagne et ses formules malheureuses arrive le Grand Soir, celui du 1er tour avec annonce solennelle des résultats, la cerise sur le gâteau, le pompon, la timbale... quand Madame (re)devient Monsieur au micro du Président du bureau de vote. 100% entendu.
Et enfin, le lendemain, avec la gueule de bois qui va bien, après consultation des résultats sur le site de la ville où la brave dame a changé de sexe est est (re)devenue Monsieur. 100% lu.
L'absence totale (ou quasi totale) de femmes présidentes de Conseil Départementaux est donc à l'image de notre société, de la politique et du machisme ambiant. Quant aux vices-présidences, on peut aussi en parler... Ici en Essonne, les portefeuilles du social, de la famille, de la santé ou de l'éducation ont atterri comme par miracle dans les poches des femmes. L'économie, les finances, le numérique et les nouvelles technologies ont été soigneusement ordonnées dans les baise-en-ville de ces messieurs.
Et dans l'Essonne, les baise-en-ville sont souvent bien remplis.
La petite goutte de chantilly délicatement déposée sur la cerise sur le gâteau sur la table du Département revient à Jean-Pierre Bechter, nommé vice-président en charge des finances. Pas de doute que si elles sont gérées comme à Corbeil-Essonnes, on sera bien, tranquilles, pépères... et mémères.
Et en digestif, en pousse-café, on aura droit à un Georges Tron, fraîchement élu, fraîchement démissionnaire de l'UMP-91, fraîchement évincé de la Présidence de l'Essonne, et tout aussi fraîchement re-re-renvoyé aux assises pour viols.
M'est avis qu'on n'a pas fini de se marrer avec la parité (et la morale) en politique.
Allez, sans rancune et bonne bourre.
35 commentaires
Que voulez-vous qu'on vous dise ? Vous avez l'air toute surprise que la réalité reprenne gentiment ses droits, après ce moment de sottise abyssale, pour ne pas dire asilaire, que furent ces étranges candidats à deux têtes et à deux sexes. Et vous vous étonnez avec sincérité, semble-t-il, de ce que les gens "normaux" n'aient rien compris à cette aberration ? Vous me faites penser (mais à l'inverse) au fou qui se prenait pour un os, que l'on enferme pour le soigner, que l'on relâche une fois guéri, mais qui revient à l'asile en tremblant de peur : « Moi, je sais que je ne suis pas un os ; mais les chiens, eux, on ne leur a pas dit ! » Vous, on vous a présenté comme une chose normale qu'un candidat ait deux têtes et deux sexes ; vous l'avez évidemment cru, mais vous vous alarmez de ce que ces chiens d'électeurs ne se précipitent pas sur cet os-là pour le ronger. Et que, en plus, ces salauds-là s'obstinent à appeler Mademoiselle les demoiselles !
RépondreSupprimerVous êtes vraiment épatante.
C'est vrai que les électeurs n'ont jamais eu à voter dans des scrutins de liste. Alors un binôme, c'est vraiment trop compliqué, y compris pour les présidents de bureau de vote, les pauvres.
SupprimerJe vous retourne le compliment Didier Goux. Vous êtes épatant vous aussi.
SupprimerChabada bada, chabada bada…
SupprimerA propos des vices-présidences ça rappelé l'hilarité que j'ai eue avec le premier gouvernement Ayrault. L'intérieur, l'économie, le travail, les finances, l'éducation nationale : des hommes. Les affaires sociales, la justice, l'environnement : des femmes.
RépondreSupprimerEt nous étions officiellelent fiers de la parité.
C'est pas faux. Donc on peut être fiers de la parité tout ça, mais maintenant, faudrait arrêter de ne refiler les ministères régaliens qu'aux hommes.
SupprimerEt dans la presse c'est pareil : les magazines de tricot sont majoritairement dirigés par des femmes, alors que les canards de bagnoles ne le sont que par des hommes : c'est révoltant !
SupprimerCe n'est pas un ministère régalien, la justice ?
Si. Va pour la Justice évidemment mais pour le reste...
SupprimerQu'une femme ait envie de monter un magazine de tricot, grand bien lui fasse, idem pour celui qui veut diriger un journal de tuning. Mais la question qui se pose ici, c'est celle des nominations, des attributions et des élections... Rien avoir donc.
Le problème est que, pour élire des femmes, il faut encore qu'il y en ai beaucoup à se présenter. Or, sur cinq personnes ayant envie de se lancer en politique et d'y réussir – c'est-à-dire en y consacrant à peu près tout son temps –, il doit y avoir à peu près quatre hommes pour une seule femme. Je sais ce que vous allez me dire : c'est parce qu'on les décourage dès le berceau, que c'est vachement plus dur pour elles à cause de ces salauds de machos qui se cooptent les uns les autres, etc. Malheureusement, il commence à y avoir un sacré bout de temps que cela n'est plus vrai. Et même, avec ces âneries paritaires, les femmes sont désormais recherchées. Or, il ne semble pas que cela suscite des vocations en masse chez elles. Ce que, d'ailleurs, je trouve tout à fait à leur crédit, vu le profond mépris que je porte aux politiques en général.
Supprimer"il commence à y avoir un sacré bout de temps que cela n'est plus vrai" - c'est le fond du problème : vous pensez que oui, ainsi que beaucoup d'hommes. D'autres pensent que non, et chacun voit midi à sa porte.
SupprimerIl ne s'agit pas de penser, bougre d'andouille, mais d'observer ce qui se passe. Et d'abord, ces quoi, ce "D." qui vous sert de prénom ? Dorothée ? Daniel ? Nous sommes en train de parler de choses qui concerne le sexe des individus et vous refusez d'indiquer le vôtre : "D'où parlez-vous ?”, comme on disait dans ma jeunesse.
SupprimerEt tout cela pour finir sur un proverbe stupide…
S'il ou elle s'appelle Dominique, votre commentaire devient con, je vous préviens.
SupprimerDites-donc Didier Goux, depuis quand on doit décliner son sexe pour parler du sexe des individus ?
SupprimerOn doit indiquer son sexe par simple courtoisie, afin de permettre à l'interlocuteur éventuel de savoir comment il doit s'adresser à vous. On rougit d'avoir à préciser des choses aussi élémentaires.
SupprimerEuh...
SupprimerMais encore ?
SupprimerOk...je retourne à mes fourneaux et je vais finir mon tricot!
RépondreSupprimerS'il vous plaît oui.
SupprimerUn transsexuel doit-il composer un binôme tout seul dans son coin?
RépondreSupprimerPeut-il prétendre à "la petite goutte de chantilly délicatement déposée sur la cerise sur le gâteau sur la table" s'il ne s'agit que d'un travesti n'ayant par ailleurs commis aucun viol?
De quoi un "gentleman farmer" bissexuel peut-il bien remplir son baise-en-ville?
Que de questions suscitées par ce troublant billet.
Allez, bonne bourre aussi...
Merci.
SupprimerDidier Goux est très en forme pour commenter ce billet d'une justesse désarmante. Une excuse néanmoins, la droite dispose deres des trois quarts des majorités departementales ....donc..
RépondreSupprimerEt puis, la lourdeur, la brutalité, la bestialité, l'ivrognerie, d'un côté, la finesse, la beauté, l' élégance et le devouement de l'autre, la nature a choisi son camp...
A part ca, il faut laisser le temps au temps. La femme est l'avenir ....etc..
Oui : ...etc.
SupprimerMais il faut pariter !
RépondreSupprimerUn binôme, c'est un papa, une maman. (On ne ment pas aux enfants).
Comment voulez-vous que l'électrice se construise sans image tutélaire ?
Le credo de Modernœud c'est : parité partout, sauf dans le mariage.
SupprimerEt le crédo réac, c'est parité partout, égalité nulle part ?
SupprimerJe pose la question hein.
Non. Plutôt : parité nulle part et égalité non plus puisqu'elle n'existe pas.
SupprimerAh mais oui, suis-je bête...
SupprimerLe Modernoeud va de parité avec le classiqueue ...................
SupprimerQue d'aigreur dans ce billet !
RépondreSupprimerEn Finistère: une femme élue socialiste présidente du conseil général, on entre en résistance ....
RépondreSupprimerAttendons la venue du Front National, vous aurez au moins deux bonnes femmes au pouvoir...
RépondreSupprimerDeux femmes et des homos.
SupprimerEt un petit vieux qui radote.
Ouaih ! ... Y aura la même parité que dans la manif pour tous .... Et ça se verra parce que tous les mâles seront habillés en bleu et toutes les femelles seront habillées en rose ...
SupprimerBonjour Stéphanie,
SupprimerComment ça va?
ça va .... Tchok ..... Bon , je m'habille en vert .... J'évite le bleu et le rose ..... Le noir me plait bien aussi ............. La parité ça se fera tout seul , dans un siécle ou deux ...... Vivement le vingt deuxiéme siècle .... J'en ai déjà assez du vingt et uniéme .......
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