Sexisme, racisme et obscurantisme : quand la campagne des Régionales touche le fond
- 10.11.15
- Par Elodie Jauneau
- 0 Commentaires
Vendredi matin
dans l’Essonne, Carlos Da Silva a présenté à la presse la liste qu’il mène dans
notre département pour les élections régionales. Immédiatement après que
celle-ci a été rendue publique, un déferlement de haine sexiste, raciste et
obscurantiste s’est abattu sur notre quatrième candidate : Loubna Meliane.
En moins de
temps qu’il n’en faut pour l’écrire, le FN, le Printemps français, et autres
twittos se revendiquant « cathos de souche » (le combo gagnant) se
sont engouffrés dans une brèche moisie pour clouer au pilori Loubna Meliane au
motif qu’elle fut jadis une Femen.
Ouh là là quelle
horreur ! Une femme aux seins nus qui milite pour les droits des femmes !
L’heure n’est
plus au débat sur le bien fondé – ou pas – des méthodes employées par les Femen.
J’ai moi-même émis des réserves (euphémisme) sur certaines de leurs actions. Et
quelles actions !
Voilà bien que
depuis vendredi, tout et n’importe quoi circule sur Loubna Meliane. Et plutôt
que de mettre en avant son militantisme anti-raciste, et anti-sexiste, les
militants 2.0 bas du front ont préféré lui inventer une participation à l’action
menée par les Femen à NotreDame de Paris en 2013.
Sauf que, pas d’bol,
Loubna Meliane avait déjà quitté le mouvement des Femen à cette époque et que
la photo qui circule sur le web depuis samedi n’a rien avoir avec ma camarade
essonnienne.
Ces catho-fronto-de-souche
ont donc été capables de ressortir une photo mais n’ont pas été capables de « googler »
Loubna Meliane, juste pour voir à quoi elle ressemble. Ils se seraient alors
rendu compte tout seuls comme des grands que leur hystérie collective est basée
sur le néant, le vide, un simple trou béant dans lequel ils se sont engouffrés,
tels des chiens enragés.
C’est donc en
toute logique, et avec tout mon soutien, que Loubna Meliane a saisi aujourd’hui
le Procureur de la République pour porter plainte.
« Candidate aux élections régionales dans le département de l’Essonne sur la liste « Une Ile de France plus Humaine » menée par Claude Bartolone, je crains pour ma sécurité et vous demande donc de mener les actions nécessaires pour mettre fin à cette campagne de dénigrement et de menaces. […]Mon mari est inquiet, c’est une grosse déception pour ma première campagne de me retrouver au milieu de ce feu nourri d’insultes, soupire Loubna Méliane qui entend combattre pour le droit des femmes. Et quand on voit ce que je subis depuis trois jours, il y a du boulot. Je peux comprendre qu’on ne soit pas d’accord sur mes combats. Mais là, on me traite de pute pour une action à laquelle je n’ai pas participé. Ça montre au moins le vrai visage de l’extrême droite. »
Loubna Meliane
a joint à son dépôt de plainte une compilation des tweets les plus sordides que
je ne reproduirai pas ici tant ils sont à vomir. Allant de l’insulte « collabeurette »,
à celle de pute, en passant par les appels au viol et les menaces de mort, les
réseaux sociaux sont devenus en 3 jours un réceptacle de haine qui démontre une
fois de plus que les combats que nous menons, Loubna Meliane en tête, ne sont
pas vains. Loin de là.
Ce billet a été
coécrit avec Loubna Méliane, et afin de ne pas dérouler de boulevard aux
déchets du web, les commentaires sur ce billet resteront fermés.
0 commentaires