50 nuances de gauche, verte, rouge, rose, molle, vrauche, social-démocrate, social-libérale...
- 8.12.16
- Par Elodie Jauneau
- 13 Commentaires
Au commencement, il y avait François Hollande. Président
sortant qui, à moins d’une tempête de sauterelles, n’avait aucune raison (si on
met de côté sa cote de popularité proche du néant) de ne pas briguer un second
mandat de Président de la République.
Il y avait aussi Jean-Luc Mélenchon qui a d’emblée rappelé
que jamais Ô grand jamais il n’accepterait de participer à la primaire de la
gauche si François Hollande y participait aussi. Sur le principe, il ne
semblait pas hostile à une primaire de la gauche mais à condition de pouvoir
en choisir les candidats.
En interne, il y avait Manuel Valls. Premier ministre ferme et
autoritaire, clivant dans son propre camp et même au-delà, dont le bilan est
aussi celui du Président et vice-versa, promoteur du 49.3 pour les lois Macron
et El Kohmri, pourfendeur de la déchéance de nationalité, auteur de quelques
phrases assassines qui crispent la gauche, accusé d’avoir poussé François
Hollande jusque dans les cordes, puis vers la sortie. Lundi dernier, Manuel
annonce qu’il est candidat à la primaire de la gauche « pour faire gagner
tout ce qui nous rassemble ». Il a donc démissionné dans la foulée de son
poste de Premier ministre. Normal. Et il a été remplacé par Bernard Cazeneuve
qui, lui par exemple, aurait pu faire un bon candidat pour cette primaire.
Parallèlement, Marie-Noël Lienemann, Gérard Filoche, Arnaud
Montebourg et Benoît Hamon, en lice pour cette fameuse primaire, passent le
plus clair de leur temps à mettre des tartes à Manuel Valls et François
Hollande plutôt qu’à taper sur la droite. En ce sens, ils ont un point commun
avec Jean-Luc Mélenchon qui, lui, met des tartes au Gouvernement depuis 2012.
Son adversaire, c’est la « gauche de Gouvernement ». OK. Pour
Marie-No et Gégé, même combat. Pour Nono et Ben, ça cogne dur sur la « gauche
de Gouvernement », mais seulement depuis qu’ils n’y sont plus (au
Gouvernement, pas à gauche). Pas fous les types. Pour autant, ils sont eux
aussi comptables d’au moins la moitié du bilan.
Au Nord, dans les Hauts-de-France, bien loin de la Terre du
Milieu, on a Martine Aubry qui exhorte, à juste titre, la gauche de se
rassembler, de faire front commun contre le Front national et le Front
filloniste, parce que l’union fait la force. Ça mange pas de pain de le
rappeler. Mais Martine n’est pas candidate.
En périphérie de la Terre du Milieu, on a Jean-Luc
Bennahmias, Président du Front démocrate, ancien secrétaire national des Verts
et vice-président du MoDem, Pierre Larrouturou, fondateur de « Nouvelle
Donne », François de Rugy, Président du parti « Ecologiste ! », Bastien
Faudot voudrait bien y participer aussi au nom du MRC, Sidi Hamada-Hamidou,
membre du Parti radical de gauche (Mayotte), Maxime Legrand, chef d'entreprise
et conseiller municipal d'opposition à Poissy, Fabien Verdier, conseiller
municipal de Châteaudun, conseiller régional, et Sylvia Pinel, qui a d’abord
été investie par le PRG sans passer par la primaire et qui, depuis que FrançoisHollande a renoncé, a finalement annoncé hier qu’elle participait aux
primaires.
Et – toujours depuis hier – on a appris que Vincent Peillon,
ancien ministre de l’Education nationale, et eurodéputé, annoncerait sacandidature ce week-end.
Dans l’autre nébuleuse de gauche hors primaire, on a Jean-Luc
Mélenchon, Emmanuel Macron, Yannick Jadot, Philippe Poutou et Nathalie Arthaud.
Et m’est avis que j’en oublie. M’est avis aussi que c’est hyper
confus mais c’est pourtant bel et bien ce qui se passe à l’instant T.
Les sondages sur les intentions de vote à la primaire de la
gauche sortent Manuel Valls vainqueur à 51%.
Et les sondages sur les intentions de vote à l’élection
présidentielle sortent la gauche cumulée au 2nd tour des
Présidentielles.
Sauf qu’on n’est pas cumulés.
On est dispersés, divisés, bordélisés.
Pour autant, parmi les membres de l’équipe de foot de la
gauche, toutes et tous (sauf Jean-Luc Mélenchon, crédité de 14% d’intentions de
vote au 1er tour), y compris Emmanuel Macron (crédité lui aussi de
14% d’intentions de vote au 1er tour) ont unanimement salué la
lucidité de François Hollande, sa dignité et la clairvoyance de son message lorsqu’il
a pris la parole en direct le 1er décembre 2016:
Comme socialiste, parce que c’est l’engagement de toute ma vie, je ne peux accepter, je ne peux me résoudre même à la dispersion de la gauche, à son éclatement, parce qu’elle priverait de tout espoir de l’emporter face au conservatisme et pire encore, face à l’extrémisme.[...] Aujourd’hui, je suis conscient des risques que ferait courir une démarche, la mienne, qui ne rassemblerait pas largement autour d’elle.
Toutes et tous ont souligné l’urgente nécessité de se rassembler (sauf Jean-Luc Mélenchon).
Mais comme à gauche, on n’a pas le culte du chef, on aime
bien bordéliser les choses.
A croire que c’est un véritable hobby.
13 commentaires
Il y a juste un truc que je ne comprend pas. Amis de gauche, expliquez moi :-).
RépondreSupprimerJean-Luc Mélenchon est-il bien un ancien membre du Front national euh, pardon, de Gauche, et n'est-il pas soutenu par les communistes, ce qui n'est pas exactement le Parti Socialiste.
Dès lors, que ferait Jean-Luc Mélenchon, d'extreme gauche, dans une primaire de gauche ?
N'auriez vous pas halluciné (euphémisme) si Marine le Pen, d'extreme droite, avait participé à la primaire de droite ?
On a déjà eu ce débat 100 fois et je n'ai jamais considéré que le Front de Gauche et le Front National, c'était pareil.
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Supprimerle FN a été créé en 1972 autour d'Ordre Nouveau et était au départ foncièrement et avant tout anticommuniste. ce n'est qu'a la fin des années 70 que jmlp va ramasser les quelques centaines de survivants et en faire le parti nationaliste qu'il est devenu
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RépondreSupprimerregardez bien leurs programmes. Euro, protectionnisme, travailleurs détachés, Poutine, fonction publique, propos populistes : où sont les différences ?
RépondreSupprimerEt en comparaison, quel rapport avec MAcron qui, lui, a des idées plutot libérales et a priori intéressantes?
Je ne suis ni électeur du FN, ni de Mélanchon, mais vous, vous devriez un peu plus ouvrir les yeux le "libéral". Qu'a apporté l'euro, le libre-échange intégral, et la sinistre directive des travailleurs déttachés (nommée Bolkestein en son temps) ? Chômage, misère et désindustrialisation. Par conséquent, cher euro-libéral tenant de la pensée unique, vous devriez vous faire un peu plus modeste. Signé : Un "populiste" qui n'a pas honte de ce terme, car dans populiste il y a peuple.
SupprimerComme je le disais hier ou avant-hier chez Nicolas, la seule question (haletante) qui se pose désormais est : le candidat de la Belle Alliance populaire sera-t-il, au premier tour de la présidentielle, devant ou derrière votre cher Dupont-Aignan ? C'est un défi qui vaut la peine d'être relever, non ?
RépondreSupprimer(Sinon, vous avez vu : à droite, ça prolifère aussi : désormais, ils doivent se farcir l'Alliot-Marie pleine de grâce.)
50 nuances de gauche? Lire "Hémisphère de gauche" de Razmig Keucheyan, Ed la Découverte-2013.
RépondreSupprimerMacron de gauche ? C'est une plaisanterie ? Si Jaurès entend ça, il doit s'en retourner dans sa tombe... Macron est le candidat des banques et de la finance (comme d'autres, j'en conviens).
RépondreSupprimerJe ne regarde plus la télé, Jack Lang n'est pas encore candidat?
RépondreSupprimerPeu importe le gagnant de cette primaire, il y a un coup à faire car Fillon ne peut gagner avec un programme rétrograde sur de nombreux points, trop libéral sur d'autres ...c'est un boulevard pour Bayrou
RépondreSupprimer"Président sortant qui, à moins d’une tempête de sauterelles, n’avait aucune raison (si on met de côté sa cote de popularité proche du néant) de ne pas briguer un second mandat de Président de la République."
RépondreSupprimerElle est bien bonne celle là, un tel niveau d'aveuglement mérite un grand chapeau bas.