(c) Ulys |
C'est sans fin...
D'aucuns douteront dans les réseaux sociaux:
C'est quand même chelou toutes ces victimes d'un coup comme ça qui se réveillent... Qu'est-ce qui nous dit que ce ne sont pas de grosses mythos?
Quand d'autres au contraire se diront que la libération de la parole des un-e-s* entraînent la libération de la parole des autres.
Elles ont eu le courage de parler, moi aussi j'ai des choses à dire.
Depuis que (ce qu'il convient désormais d'appeler) "l'affaire Weinstein" a éclaté, les plaintes ont augmenté de près de 30% en octobre en gendarmerie.
On se souvient de l'Affaire Baupin, on se souvient de DSK, on se souvient de Michel Sapin qui claquait la culotte d'une journaliste "comme ça, l'air de rien"... Et on "découvre" aujourd'hui deux anciens assistants parlementaire qui portent plainte pour harcèlement sexuel contre un député FN et un ancien responsable des Jeunes socialistes accusé par huit femmes de harcèlement sexuel et d'agressions sexuelles.
On "découvre", entre guillemets... Car on parle aussi d'omerta, de duplicité quand ce n'est pas carrément de complicité. Fermer les yeux, ne rien voir, faire semblant de... On découvre, sidéré-e-s, médus-é-e-s,
les témoignages d'ami-e-s, qui se succèdent les uns après les autres
pour balancer des porcs comme s'il en pleuvait. Mais ils ont toujours
été là, les porcs. Bien en place. Au pouvoir. A la direction. Aux
manettes. Aux affaires. A l'autorité. Au sommet.
Oh ça va hein, une petite blague de cul de temps en temps... Une fois par jour, deux fois par jour. Trois fois. Puis par mail. Puis par SMS. Puis on passe à l'acte. C'est quoi le problème?
Et les partis dans tout ça? Ils sont où? Ils disent quoi? Pas un seul n'est épargné: LREM, PS, FN, LR... Et leurs responsables? Leurs cadres? Ils sont où? Ils étaient où? Savaient-ils?
A l'heure où le Parti socialiste est en pleine refondation, à l'heure où il sollicite ses militant-e-s pour construire le parti de demain, où il riposte - à juste titre cela dit en passant - contre le budget de l'Etat ou contre le projet de loi de finance de la Sécurité sociale, où il produit communiqué de presse sur communiqué de presse, il est où, là tout de suite maintenant, pour condamner ces agissements?
Il est où?
In the kitchen? With Brian?
Avec près de 120 militant-e-s, nous avons interpellé le Parti socialiste sur les réseaux sociaux. Depuis 15 jours. En vain. Pas un mot, pas un tweet, pas une déclaration. Rien. Que dalle.
Ah si! Pardon... Hier, quelques heures seulement après la révélation des agressions dont se serait rendu coupable Thierry Marchal-Beck, le Parti socialiste a condamné de façon univoque les actes évoqués et et rappelé son soutien inconditionnel aux victimes.
Fallait-il donc attendre qu'un ancien cadre du MJS soit mis en cause pour que le parti sorte de sa léthargie?
Nous, militant-e-s, socialistes, féministes, nous étonnons du silence assourdissant de notre parti autour du mouvement 2.0 #MeToo, #MoiAussi et #BalanceTonPorc, directement hérité du scandale de l’affaire Weinstein.
Nous, militant-e-s, socialistes, féministes, nous étonnons de cette forme d’omerta corporatiste qui semble dicter la conduite des responsables politiques de notre pays: ministres, parlementaires, élus locaux, secrétaires nationaux et fédéraux.
Nous n’osons pas imaginer que notre parti, le Parti socialiste, ne prenne pas position sur ce déferlement de témoignages de femmes — et d’hommes — victimes ou témoins de comportements condamnables, victimes ou témoins de harcèlement, de sexisme, de violence ou de viol.
Parce que socialistes, nous sommes féministes. Et nous ne pouvons nous résoudre à cette absence de réaction de notre Parti, à cette passivité qui donne la désagréable impression qu’il assiste impuissant à un scandale qui le dépasse.
Nous, militant-e-s, socialistes, féministes, exigeons du Parti socialiste une condamnation ferme et sans appel de ces agissements coupables et condamnables que sont le harcèlement sexuel, le sexisme et les violences sexuelles.
Parce que le Parti socialiste est à la fois un acteur politique majeur et un employeur, nous l’appelons solennellement à sortir de son silence et sa torpeur.
À l’heure où les militant-e-s sont appelé-e-s à contribuer à la refondation de notre Parti, nous exigeons que:
- la lutte contre le sexisme,
- la lutte contre le harcèlement moral et sexuel, violences sexuelles et viols,
- l’accompagnement et le soutien aux victimes,
- la lutte contre le harcèlement au travail,
soient des axes majeurs de notre ligne politique, soient une priorité absolue, tant dans nos instances partisanes, qu’en dehors, tant sur le plan théorique que pratique, tant sur le plan militant que national.
Nous ne pouvons nous résoudre à ce que 93% des plaintes soient classées sans suite ni à ce que la peur ou la honte soient la norme pour justifier le silence des victimes.
La lutte contre le harcèlement moral et sexuel et contre les violences sexuelles et viols ne pourra se faire sans la mise en place d’un véritable dispositif sécurisant pour les victimes. Ce dispositif devra aller de l’alerte à la plainte, de l’accompagnement au soutien, du conseil juridique à la procédure pénale. Et ce, afin que les victimes, mais aussi les témoins, puissent sortir du silence et de l’isolement sans crainte de licenciement, de pression, ou d’intimidation.
Un grand parti ne peut se prétendre féministe s’il ne fait pas entendre sa voix dans le contexte actuel.
Camarades socialistes, faites-vous entendre. Condamnez et agissez!
* T'as vu, c'est moche hein l'écriture inclusive. Et pourtant, dans le cas présent, il n'est pas question de ne parler que des unes... Parce que figure-toi qu'il y a aussi des hommes qui témoignent depuis quelques semaines... Mais que dans l'imaginaire collectif, c'est pas complètement intégré tu vois...
8 commentaires
« Nous ne pouvons nous résoudre à ce que 93% des plaintes soient classées sans suite »
RépondreSupprimerLa pensée ne vous a jamais effleurée que, peut-être, à l'extrême rigueur, si tant de plaintes étaient classées sans suite, c'était non parce que tous les tribunaux de France étaient salement noyautés par de gros machos violeurs potentiels, mais parce qu'elles méritaient de l'être, classées ?
Ouais. On ne va pas mettre en prison toutes les andouilles sans éducation.
Supprimerben oui tu as raison 93% des victimes seraient mytho... à peu près.
SupprimerMytho ? Mais non, pas forcément (même s'il doit y en avoir un certain pourcentage, dans le lot…). Seulement, voyez-vous, pour condamner un accusé, il ne suffit pas (et heureusement) de la parole de son accusateur, même s'il s'agit d'une accusatrice et que les petits lobbies féministes aimeraient beaucoup que la parole des femmes devienne un objet sacré et indiscutable, notamment quand elle accuse un homme. Mais, pour l'instant, malgré les pressions des officines en jupon, lorsqu'il se trouve devant une absence totale de faits concrets, un juge compétent et consciencieux ne peut que classer l'affaire.
SupprimerSauf que vous oubliez Monsieur Goux les victimes qui, dès le début de leur procédure, sont découragées face à la machine judiciaire et aux obstacles qu'elles vont devoir affronter.
SupprimerQuant aux muythos, c'est comme partout, il y en a forcément dans le lot. mais sur 93%, permettez-moi de croire qu'elles sont minoritaires.
Les victimes, ou présumées telles, qui se découragent face à la machine judiciaire ne sont pas victimes de je ne sais quel sexisme ou "omerta" : elles sont simplement dans la situation de n'importe quel péquin qui, soudain, dans sa vie, doit se colleter avec la machine en question, dont généralement il ignore tout ; qu'il soit homme ou femme.
SupprimerPour les mythomanes, il va de soi qu'elles doivent être très minoritaires ; je ne les signalais d'ailleurs qu'en pensant, juste pour vous agacer un peu…
Il y a aussi des hommes qui témoignent de la normalité:
RépondreSupprimerhttps://www.youtube.com/watch?v=jk25d9A-E6M
"une maîtrise médiocrement assimilée d'une langue qui leur donne pourtant toutes les armes pour mener leurs combats."
RépondreSupprimerAh voilà, en fait c'est ça. C'est parce qu'on ne maîtrise pas bien la langue française que nous, pauvres et faibles féministes, sommes incapables de mener nos combats sans écriture inclusive.
Je l'encadre.