Georges Tron, Maire de Draveil en direct de la Prison de la Santé



Si tu suis un peu l'actu, tu dois savoir que depuis le 17 février, Georges Tron, ex-Secrétaire d'État pendant le quinquennat de Nicolas Sarkozy, ex-député de la 9ème circo de l'Essonne, est en taule depuis le 17 février 2021, depuis qu'il a été condamné - en appel - pour viol et agressions sexuelles.
Si tu suis un peu l'actu, tu dois aussi savoir que, malgré cette condamnation et la relocalisation de sa résidence principale à la Prison de la Santé, il est toujours Maire de Draveil, Conseiller départemental de l'Essonne et Président d'une base de loisirs régionale francilienne.
Tu pourras me répondre que comme il s'est pourvu en cassation, il est toujours présumé innocent. Ce à quoi je te répondrai que la cassation a vocation à casser la forme mais pas le fond et que donc, même s'il gagne en cassation, il sera toujours coupable de viol et agressions sexuelles.
La blague, c'est aussi que le pourvoi en cassation casse la peine d'inéligibilité dont il a été frappé, mais pas le mandat de dépôt, donc il reste en taule.
Ainsi, Georges Tron dirige la Ville de Draveil depuis sa cellule de la Prison de la Santé. Chaque conseil municipal s'ouvre par une lettre du Maire "empêché" comme il le signe lui-même et tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes de la politique française.
Inutile de te préciser que ce genre de situation me fâche un peu.
Euphémisme.

Localement, à Draveil et au-delà, on se bouge. 

On se bouge, mais pas seulement pour dire que c'est scandaleux. On se bouge aussi pour que le Conseil des Ministres se bouge. Parce qu'en l'état actuel, la seule instance ayant autorité pour révoquer un Maire et "réprimer les manquements graves et répétés aux obligations qui s’attachent aux fonctions de maire et mettre ainsi fin à des comportements dont la particulière gravité est avérée" (article L2122- 16 du code général des collectivités territoriales), c'est le Conseil des Ministres.
Ça fait donc plusieurs semaines qu'on se bouge pour interpeller les Ministres sur ce sujet.

Évidemment, rien ne bouge là-haut.

Pourtant, on n'a pas ménagé nos efforts.
Depuis 15 jours, toute la presse française et étrangère en parle. Nos ministres ne peuvent donc pas ignorer le "problème".

Mais... Silence total du côté de Jean Castex, Gérald Darmanin, Marlène Schiappe, Elisabeth Moreno... 

Silence total aussi du côté des élues et élus locaux qui siègent pourtant dans les mêmes instances que lui : Communauté d'agglo du Val d'Yerres - Val de Seine, Conseil départemental de l'Essonne.
Depuis que certains ont réclamé sa démission - tout en sachant pertinemment qu'elle n'arriverait jamais - silence radio. Plus de son, plus d'image. Alors que c'est pas comme si, avec les élections départementales et régionales qui approchent, on n'avait pas de quoi réclamer plus d'éthique en politique. Déjà qu'il a été réélu Maire 6 mois avant sa condamnation en appel, faudrait pas faire trop de vagues et perturber la torpeur essonnienne.

Mais pas que.

Parce que ce qui pourrait passer pour une "affaire" locale rayonne bien au-delà des seules frontières de la ville de Draveil.
Non seulement ça renvoie une image déplorable d'une partie de la classe politique et de son silence complice, mais en plus ça alimente la ritournelle pas très saine du "tous pourris", mais aussi ça laisse penser qu'un maire peut agresser et violer en mode open bar sans être inquiété d'être démis de ses mandats d'élu local.

Bref, ça pue.

Par conséquent, quand j'ai su que Gérald Darmanin était invité de la Matinale de France Inter ce matin, je me suis dit que l'occase était trop belle pour ne pas l'interpeller en direct à l'antenne.
J'appelle donc le standard qui prend ma question. 
Je raccroche.
Je me lave les dents.
On me rappelle.
Je décroche la bouche pleine de dentifrice.
J'active mon haut-parleur et j'éteins ma radio.
Je vais pour me rincer la bouche.
"Madame, merci de ne pas activer le haut-parleur de votre téléphone".
Après avoir failli m'étouffer, je réponds "OK. Pardon. Je reste en ligne".
"Merci Madame, votre question va passer à l'antenne d'ici 10 grosses minutes".

Waiting...

Me voilà donc dans les starting blocks avec ma question toute prête, les écouteurs aux oreilles en train d'écouter Gérald Darmanin, les yeux rivés sur la pendule, en train de calculer quelle sera l'ampleur de mon retard au taf, quand soudain, j'entends :
"Merci Monsieur le Ministre. Bonne journée."
Suivi d'un :
"Désolés Elodie, on n'a pas pu passer votre question".
Tout ça pour ça.
Voici donc ma question, pour la postérité :
Bonjour et merci de prendre ma question.
Bonjour Monsieur le Ministre,
Aujourd'hui Georges Tron est toujours maire de Draveil, Conseiller départemental et Président d’une base de loisirs régionale, alors qu’il est incarcéré pour viol et agressions sexuelles depuis le 17 février.
Il dirige sa mairie et le conseil municipal depuis sa cellule.
Deux questions :
1) Trouvez-vous ça normal ?
2) L'article L 2122-16 du code général des collectivités territoriales vous permet de révoquer Georges Tron de l'ensemble de ses mandats. Allez vous en faire usage ?
Pour rappel, Le réquisitoire de 2013:
"Le comportement de Georges Tron envers ses administrés, ses employés, envers les femmes, envers ceux qu'il considère comme ses adversaires d'une manière générale heurte évidemment la morale et notamment la morale publique".
Heureusement, quelques minutes plus tôt, Charline Vanhœnacker, a fait le job en étrillant George Tron dans sa chronique :
Georges Tron, condamné pour viol, continue de gérer la mairie de Draveil en prison. On a tellement évolué en matière d'exemplarité politique que les mecs continuent de bosser, même en taule !

Bref. Tout le monde s'en fout ou presque.

Si j'étais complotiste, j'en viendrais presque à croire que ces gens se soutiennent entre eux pour des raisons qui nous dépassent, nous pauvres gueux et geuses de la plèbe, qui ne comprenons rien. Mais je ne suis pas complotiste.
Si j'étais parano, je me dirais que ces gens-là se tiennent entre eux avec des casseroles et des dossiers plus gros qu'eux. Mais j'ai arrêté d'être parano depuis que j'ai quitté le Parti socialiste.
Quant au Gouvernement qui a fait de la lutte contre les violences faites aux femmes, sa "grande cause nationale", je tousse.

Ainsi va la vie politique française en 2021.

Mais si toi, tu t'en fous pas, tu peux signer la pétition pour exiger sa révocation en cliquant ici.
Et tu peux suivre le Collectif NADA sur Facebook et sur Twitter.

16 commentaires

  1. Ca fait penser à ces vieux mafieux qui continuent à gérer la famille depuis leur cellule.

    Après, je ne sais pas ce qui est pire : les voir faire ça ou les voir danser la macaréna à la fête de l'andouillette du vilage, un bracelet électronique à la cheville, quelques semaines après avoir été sortis de prison pour raison de santé...

    Sinon, vu ma connaissance du fonctionnement d'une collectivité, j'ai également une pensée pour tous ces obscurs fonctionnaires qui doivent gérer au quotidien le barnum épouvantable que doit générer cette situation à tous les niveaux dans les services de la Commune de Draveil (rien que le visa d'un parapheur doit ressembler à la scène d'ouverture du premier Indiana Jones)

    Gadebois

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    1. Totalement d'accord.
      Ici, en Essonne, Tron fait partie de ceux qu'on appelle les "bébés Dassault"... Parce qu'il a été à bonne école quoi.

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    2. "les chiards Dassault" ça le ferait pas mieux ?

      Gadebois

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  2. D'un autre côté, on ne voit pas pourquoi un violeur ne pourrait pas être aussi un excellent administrateur de sa commune : soyons pragmatique, quoi, merde…

    Et soyons également positifs : le fait d'être enfermé, c'est-à-dire privé de la plupart des distractions humaines (comme violer ses administrées par exemple) doit permettre à ce pauvre homme de se concentrer davantage sur ses responsabilités de maire.

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    1. Vous vous rendez compte que vous militez pour l'incarcération automatique de toute personne élue (à des fins d'efficacité, je précise) ?

      (perso, je trouve que c'est une idée à creuser...)

      Gadebois

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    2. Le pragmatisme de Didier Goux est épatant.

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  3. Ton billet tend à faire croire que le gouvernement permet ce genre de pratiques alors que ce sont juste des dispositions légales à la portée de n'importe quel élu local sans scrupule. Tron est sans scrupule et puisqu'il gère encore sa ville c'est aussi parce que ses administrés sont des abrutis et ça aucune loi ne peut le circonvenir. J'espère que tu seras d'accord avec moi. Quant à passer du temps à s'occuper du cas de ce gugusse en convoquant les législateurs et les élus sur un gros dossier pour lequel ils devront plancher pendant des semaines, excuse-moi mais je suis comme toi, je dénonce ces pratiques politiques, les viols que je ne minimise pas... mais il y a un autre péril autrement plus urgent à traiter comme les assassinats de flics par des islamistes et les guérillas urbaines qui finiront par en laisser sur le carreau et le trafic de drogue et son cortège d'exécutions.

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    1. Je n'ai jamais dit que le gouvernement était permissif.
      Je dis juste qu'on l'interpelle depuis des semaines et qu'aucune prise de parole d'aucun ministre que ce soit ne s'est faite sur ce dossier.
      Pourtant, ils sont souvent loquaces sur les réseaux sociaux. Particulièrement Marlène Schiappa.
      Une révocation par le Conseil des Ministres, ça prend pas des plombes non plus.
      ça peut être plié rapidement.
      Quant à hiérarchiser les sujets et les urgences, je ne l'ai jamais fait et je ne commencerai pas aujourd'hui.
      On a un Gouvernement composé de 43 ministres et secrétaires d'état, j'ai peine à croire qu'ils ne sont pas assez nombreux pour s'attaquer à plusieurs sujets en même temps.
      Donc, non. On n'est pas d'accord.

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  4. « Quant à hiérarchiser les sujets et les urgences, je ne l'ai jamais fait et je ne commencerai pas aujourd'hui. »

    Non seulement, tout le monde le fait (y compris vous, j'en suis bien certain), mais il est absolument nécessaire de le faire, sous peine d'être inefficace voire franchement nocif.

    Imaginez que, dans votre maison, il y ait simultanément le feu au grenier et une fuite de robinet dans la cuisine : vous allez voir si vous n'allez pas, spontanément, "hiérarchiser" comme une bête…

    Dans le cas présent, celui soulevé par M. Haka (de manière un peu cheveu-sur-la-soupe, je vous l'accorde), tout le monde comprendra que votre réponse signifie en fait : « Je ne veux pas en entendre parler. » Stratégie d'évitement, donc, encore assez répandue à gauche.

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    1. Pas du tout.
      Dans ma maison qui fuit et qui brûle, je n’ai pas 43 ministres sous le coude pour répartir les sujets hein.
      Pas de comparaison possible.
      Je parle de politique et d’un gouvernement en place.
      Pas la peine d’avoir 43 ministres s’ils ne peuvent pas gérer 5 ou 6 sujets en même temps hein.

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    2. Cheveu sur la soupe? ça se voit que vous ne me connaissez pas. Mon dernier cheveu sur le caillou, je l'ai perdu en 82. Sinon, Tron tout le monde s'en fout, hiérarchiquement parlant. Mais je persiste à dire que si ses administrés sont contents de lui, c'est eux qu'il faudra révoquer.

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    3. Il me semble que si les habitants d'une ville sont satisfaits de leur maire et le disent, eh bien il convient de le leur laisser. C'est une chose que je pensais déjà à l'époque de Balkany à Levallois.

      Mais ça, évidemment, ça ne pourrait se réaliser que dans un monde libre et non dans une société semi-carcérale et démocraticoïde comme l'est de plus en plus la nôtre.

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    4. "une société semi-carcérale et démocraticoïde".

      Bah voyons 🤦🏻‍♀️

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  5. Vous noterez que Tron est à ma connaissance toujours membre de L.R. donc LR soutient un criminel incarcéré

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