Fabien Roussel sans enthousiasme, mais Fabien Roussel quand même



La semaine dernière, à J-15 jours du 1er tour de l'élection présidentielle, toujours indécise, je me disais que j'allais jouer au bonneteau dans l'isoloir avec les bulletins des candidats et candidates de gauche. 
Militante pour que le vote blanc soit pris en compte dans nos suffrages, je sais aussi que voter blanc à cette élection me fera "plaisir" à moi-même mais ne servira à rien sinon à pouvoir me vanter de ne pas m'être abstenue et à avoir le droit de m'opposer au vainqueur puisque j'aurais fait l'effort de me déplacer pour voter.
D'où cette décision parfaitement saugrenue de jouer au bonneteau.

Changement de braquet

Mais depuis, j'ai lu, j'ai réfléchi, j'ai écouté... J'ai même fait pléthore de tests d'affinités politiques puisque tous les grands médias en proposent.
Mais comme l'a très bien dit Nicolas dans Facebook, chacun de ses tests est hyper orienté et, à part passer le temps avec un café, vautrée dans mon canapé, ils ne servent pas à grand chose.

Qui peut encore croire à une Macronie de gauche ?

J'ai lu des camarades de gauche expliquant qu'ils rejoignaient Macron, en mode entrisme, pour faire renaître la gauche de "là-bas".
Je n'ai pas pu m'empêcher de rire. Ça fait 5 ans qu'on nous annonce qu'une majorité de gauche va sortir de ce gloubi-boulga macroniste, et ça fait 5 ans qu'on constate qu'il n'en est rien.

Lire et voir des camarades de gauche rejoindre cet attelage qui ratisse de Darmanin à Estrosi en passant par Bayrou, au nom de la résurrection de la gauche de l'intérieur, me laisse on ne peut plus perplexe.

Lire et voir des camarades de gauche soutenir celui qui promeut le recul de l'âge de départ à la retraite, une contrepartie de travail aux allocataires du RSA, la destructuration du service public de l'enseignement, de la recherche et de l'éducation nationale, le durcissement des conditions d'asile, ou qui nous annonce que l'égalité femmes-hommes sera "à nouveau" la grande cause du quinquennat alors qu'on a déjà attendu 5 ans pour qu'elle le soit vraiment, me laisse sans voix.

Lire et voir des camarades de gauche défendre le bilan de celui qui a réformé l'assurance-chômage à la schlague, baissé les APL, supprimé l'ISF, mis en place la loi asile-immigration, reculé sur l'écologie, rompu le dialogue social, vraiment, je ne comprends pas.

Et pourtant, j'essaie.
Ça fait 5 ans que j'essaie.
Celles et ceux de mes camarades de gauche qui sont dans cette nébuleuse le savent.

"Au premier tour, on choisit. Au second tour, on élimine."

Dont acte.
Mais les choix obligent aussi à trier, sacrifier, hiérarchiser.
Donc mon choix est certes celui des convictions, mais pas du tout un vote d'adhésion à 100%.
De toutes façons, je ne crois pas au candidat avec lequel on est d'accord à 100%.

Bref, mon vote ira donc à Fabien Roussel.

Au moins, j'aurai voté à gauche. 
Je refuse "le vote utile". Je n'ai jamais voté selon les sondages. Jamais.
Enfin si, une seule fois. En 2002, alors que tous les sondages donnaient Jospin présent au second tour, j'ai fait un "vote contestataire" comme on disait alors, en me disant que je voterais Jospin au second tour.
La suite, on la connaît.
Depuis 2002, je me suis donc promis de ne plus jamais voter selon les estimations des sondages.

RIP l'enthousiasme

Mais, clairement, je suis très très loin de mon enthousiasme de 2007 ou de 2012.
En 2017, j'avais fait le job, je n'y croyais pas, mais le programme de Benoît Hamon m'allait bien.
Au second tour, j'avais fait le job avec les dents, tel un fidèle castor.
Cette fois-ci, je réfléchis.
Et alors que je répète depuis des semaines que je ne ferai pas le castor une fois de plus, peut-être que je changerai d'avis quelques jours seulement avant le second tour, exactement comme je suis en train de le faire aujourd'hui, avant le premier.
Je n'oublie pas que Roussel est visé par une enquête pour emploi fictif concernant son job de collab parlementaire. Et je ne lâcherai jamais l'affaire sur les élus, quels qu'ils soient et d'où qu'ils viennent, qui trimballent des casseroles derrière eux.

Et si vous vous demandez "Pourquoi lui et pas les autres ?"... En grande feignasse devant l'Éternel, je vous renverrai vers d'autres billets de ce modeste blog, qui expliquent le pourquoi du comment. Mais surtout au dernier billet du taulier en chef.

Bref, je suis de gauche, je voterai à gauche, et c'est déjà pas mal.

Et advienne que pourra.

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9 commentaires

  1. Vous rejetez le vote blanc parce qu'il ne sert à rien, mais vous allez voter pour un Fabien Roussel : la logique m'échappe, je dois dire…

    Et puis, que de contorsions et de salamalecs pour en arriver là ! On se croirait chez Nicolas, tiens…

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  2. le seul enjeu de cette élection est l'écologie et je voterai donc jadot qui est le seul à avoir un programme cohérent à ce sujet

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  3. Excellent choix !

    Je ne vais pas te tenir à nouveau mon discours sur la présomption d'innocence et tout ça mais je le fais au cas où tes lecteurs lises mon commentaires : Médiapart a eu beau jeu de faire un article pour discréditer un bazar. Pour éliminer un adversaire, il devrait en falloir plus qu'un article de presse orientée.

    C'est rigolo : la charge la plus importante contre Méluche, je l'ai lue dans les blogs de Médiapart (en lien dans mon billet d'hier).

    Et pour mon excellent choix, je suis sincère (par delà le jeu par blogs interposés) : c'est très bien qu'une militante ex "socialo galonnée" prenne son indépendance et vote pour un vieux parti historique bien orienté à gauche.

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  4. Les 100 millions de morts du communisme on les passe par pertes et profits...

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    1. Je vais aller voir à quel moment Roussel les a niés, et je reviens vers vous...

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  5. Un peu d'humour en ce jour de visites aux urnes.
    Certains experts en politique nous expliquent que le "En même temps" (gauche-droite) macronien fait "masse" électoralement. (au moins 20% au premier tour)
    Voilà une expertise scientifique par la dissymétrie quantique:
    "Lorsque le champ de Higgs est apparu dans l'univers primitif, il a uni [dans sa grande bonté] les particules gauchères et droitières les unes aux autres, conférant aux particules en même temps la propriété que nous appelons la masse.
    Lorsqu'un électron gaucher heurte un boson de Higgs, l'électron peut ricocher dans une nouvelle direction et devenir droitier, puis heurter un autre boson de Higgs et redevenir gaucher, et ainsi de suite. Ces interactions ralentissent l'électron, et c'est ce que nous entendons par "masse".
    En général, plus une particule interagit avec le boson de Higgs, plus elle a de masse. De plus, les interactions fréquentes avec les bosons de Higgs font de ces particules massives des mélanges quantiques de droite et de gauche." (Chris Quigg, physicien américain: https://www.quantamagazine.org/a-new-map-of-the-standard-model-of-particle-physics-20201022/)
    "Elementaires, mon cher Watson."

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