De la purge au Parti socialiste


Après moult débâcles électorales depuis 2012, après les trahisons, les dissidences, les campagnes foirées et foireuses, après la fronde au Parlement, après les califes qui se voyaient à la place du calife, le Parti socialiste a enfin trouvé sa ligne politique : la purge! 

Bravo « camarades », félicitations, vous êtes au max.

Donc, désormais, on va virer tous-tes celles et ceux qui ne répondent pas aux critères du "bon socialiste".
(Je lance d'ailleurs un appel à candidature pour le poste de distributeur de bons points, d'avertissements de conduite, de "peut mieux faire" ou d'encouragements à l'unanimité du jury)
On va virer tous-tes celles et ceux qui n’ont pas cru en Benoît Hamon.
On va virer tous-tes celles et ceux qui soutiennent "trop" Benoît Hamon.
On va virer tous-tes celles et ceux qui, de près ou de loin, gravitent autour de ceux qu’on appelle les "dissidents".
On va virer tous-tes celles et ceux qui sont presque En Marche, mais pas tout à fait, un pied dehors un pied dedans, plutôt que d'essayer de les faire (re)marcher vers nous. 

Les pousser dehors, c'est renoncer, c'est les encourager à quitter le Parti socialiste.

On va virer what 1000 personnes alors qu’on n’a viré (presque) personne pendant 5 ans.

Que n’a-t-on pas viré les frondeurs dès le début de la fronde, avant même la motion de censure?
Que n’a-t-on pas viré tous-tes les camarades qui ont fait campagne pour des « dissidents » aux élections municipales de 2014?
Que n’a-t-on pas viré tous-tes celles et ceux qui ont torpillé le quinquennat de François Hollande de l’intérieur, en sections, en fédés, dans les couloirs feutrés de l’Assemblée?
Rien. Que dalle.
On attend aujourd’hui, après l’ultime débâcle des sénatoriales, pour virer tout le monde.


Bravo « camarades », félicitations, vous êtes au max.

Si vous pensez qu’on va refonder le Parti à 12 péquins, vous êtes des génies.
Mais c’est statutaire! C’est les statuuuuuuts! Il faut respecter les statuts!
Bah voyons. Ils ont bon dos les statuts.
La première fois que j’ai mis les pieds dans ma Fédé il y a 3-4 ans, on m’a dit « les statuts, c’est fait pour s’asseoir dessus ».
Je te confirme camarade, les statuts, on s’est confortablement assis dessus. Tranquille Pépère (sans jeu de mot hollandais).
Les brandir maintenant au nom de la refondation du Parti socialiste m’afflige. Il est trop tard camarade. Il fallait les brandir avant.


La caravane est passée. Pas la peine d’aboyer une fois qu’elle est déjà loin.
La caravane est passée: Manuel Valls n'est plus au PS, François Hollande ne s'est pas représenté, Jean-Christophe Cambadélis est (enfin) parti, Benoît Hamon a claqué la porte du PS, fondé son propre mouvement, présenté des candidats contre des socialistes aux sénatoriales et quitte le groupe à la Région Île-de-France pour un autre groupe.
La caravane est déjà loin.


Zéro respect des statuts pendant des années, et maintenant qu’on est au fond du trou, on creuse encore un peu plus en les brandissant comme ultime argument. Un peu comme les derniers mots du condamné que nous sommes tous-tes. Collectivement.

Alors non, camarade, tu te goures.

Ressaisis-toi, ouvre les portes et les fenêtres de ce parti qui sent la naphtaline.
Discute, débats, vire les dissidents puisque c’est statutaire, mais tolère l’égarement, le doute, l’émulation collective.
Consulte vraiment les militant-e-s, autrement que par un QCM. Demande-leur ce qu’ils veulent vraiment pour « la refondation ».
Demande-leur si c’est la purge à tous les étages qu’ils veulent.
Pose-leur cette satanée question. Demande-leur pourquoi ils ont été voir ailleurs.
Écoute-les, les militant-e-s qui militent jour et nuit pour un Parti en lequel ils croient toujours.
Demande-leur pourquoi ils militent encore alors qu’ils sont déçus.
Demande-leur pourquoi ils adhèrent toujours au Parti socialiste alors qu’ils n’y croient plus.
De toi à moi, j’ai ma petite idée de leur réponse.
Si seulement tu pouvais, toi aussi, Parti socialiste, mon parti, avoir une idée de la réponse... crois-moi que la purge serait la dernière de tes préoccupations.
La dernière.

Car la purge, c'est l'entre-soi. 

L'entre-soi sur la base d'un label "bon socialiste" décerné de façon arbitraire par quelques survivant-e-s zombies.
La purge, c'est le renoncement. Le renoncement à la refondation d'un grand parti avec ses sensibilités, ses débats et son collectif.
La purge, c'est se perdre collectivement dans ce qui deviendrait un micro-parti tournant en vase clos.
La purge, ce n'est pas la solution aujourd'hui. Ce n'est ni l'urgence ni la priorité.
La purge, elle se fera naturellement à la lecture de la nouvelle ligne politique de notre parti refondé. Elle se fera lorsqu'il faudra adhérer à cette ligne politique. Et seulement à ce moment-là.

Alors non. Vraiment. La purge, c'est pas le moment. C'était avant. Ce sera demain.
Par contre, la refondation, c'est maintenant! (sans jeu de mot hollandais)

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