Pourquoi je ne voterai pas Sarkozy en 2012

pourquoi je ne voterai pas sarkozy en 2012
Samedi 11 février 2012
Bon ça y est, pour la première fois de ma vie, j’ai achetĂ© Le Figaro Magazine.
Enfin pas que… Parce que pour acheter Le Figaro Magazine, il y a des conditions : tu dois en fait acheter une espèce de package de droite all inclusive :
  • Le Figaro week-end
  • TV Magazine
  • Le Figaro Économie
  • Le Figaro Madame
  • Et enfin le Figaro Magazine
Le tout pour la modique somme de 4,50 €. Par contre, je ne comprends pas, il manque Le Figaro Monsieur… Ă€ moins que ça n’existe pas et que seul Monsieur soit concerne par Le Figaro Magazine… Bref.
En ce samedi 11 fĂ©vrier 2012, Nicolas Sarkozy est en couverture. Le ton est donnĂ© : costume sombre sur fond noir, on n’est pas lĂ  pour rigoler. Quoi que : Nicolas Sarkozy sourit. Enfin tout est relatif, il a comme un rictus. Un mĂ©lange entre « j’ai confiance en l’avenir » et « vous allez voir ce que vous allez voir ».
Le titre est sans Ă©quivoque :
« Mes valeurs pour la France – Travail, Ă©ducation, famille, laĂŻcitĂ©… Le PrĂ©sident s’engage »
C’est marrant, ça me rappelle un autre slogan vieux d’environ 70 ans, mais lĂ  ça ne me revient pas…


« Travail, responsabilitĂ©, autoritĂ© » 

On n’est vraiment, mais alors vraiment pas lĂ  pour rigoler. Bon en mĂŞme temps, (vouloir) ĂŞtre prĂ©sident, personne ne prĂ©tend que ce soit drĂ´le. Si Roger Gicquel Ă©tait toujours de ce monde, sa formule « La France a peur » conviendrait assez bien au sentiment que j’ai eu en dĂ©couvrant ce gros titre.
Les grandes lignes sont annoncĂ©es : contre le mariage homosexuel, contre l’euthanasie, pour une grande rĂ©forme de l’Ă©ducation (ça doit ĂŞtre la 297ème en vingt ans… une de plus) et pour un rĂ©fĂ©rendum sur l’indemnisation des chĂ´meurs… Et pourquoi pas sur l’immigration aussi.
 

Candidat ? Pas candidat ? 

Sans surprise, il n’annonce pas officiellement sa candidature mais il reconnaĂ®t que certains de ses amis pensent qu’il devrait entrer en campagne plus tĂ´t. Tout est dit non ?
« Je ne suis pas en campagne, je ne suis pas candidat, mais un peu quand mĂŞme, enfin pas tout de suite, mais j’annonce dans Le Figaro mes valeurs pour la France et mes projets ». OK.
Ă€ ses dĂ©tracteurs qui lui reprochent de jouer l’ambigĂĽitĂ© et de ne pas ĂŞtre clair sur ses ambitions, il rĂ©pond qu’ils feraient mieux de proposer des solutions aux Français plutĂ´t que de lui donner des conseils sur la marche Ă  suivre. Et il conclut en disant :
« Rien n’est plus important que de proposer des idĂ©es neuves aux Français. Des idĂ©es adaptĂ©es au monde d’aujourd’hui, non Ă  celui d’hier ».
Donc les mots d’ordre du PrĂ©sident seraient : nouveautĂ©, actualitĂ©, avenir.
VĂ©rifions alors…


Travail – responsabilitĂ© – autoritĂ©

Le PrĂ©sident veut rĂ©compenser le travail, et renforcer la considĂ©ration qu’on lui porte. Travailler pour rĂ©ussir : c’est une Ă©vidence. Un peu comme si « travailler pour rĂ©ussir » Ă©tait un plĂ©onasme. Le travail mène Ă  l’accomplissement de l’individu et Ă  la cohĂ©sion de la sociĂ©tĂ©. Il faut rĂ©compenser l’effort et le mĂ©rite, et punir l’assistanat. Ce n’est pas vraiment dit comme ça en fait, car il dit « faire la diffĂ©rence avec l’assistanat ».
Il faut aussi arrĂŞter de dĂ©considĂ©rer le travail comme c’est le cas depuis le dĂ©but des annĂ©es 80. Mais « depuis le dĂ©but des annĂ©es 80 », ça veut donc dire que ça continue non ? Sinon il aurait dit « entre les annĂ©es 80 et 2007 », mais ne jouons pas sur les mots.
Ensuite, il affirme que c’est la responsabilitĂ© qui donne tout son sens Ă  la libertĂ©. Mais il faut quand mĂŞme des limites Ă  la libertĂ©. Autrement dit, la libertĂ© s’arrĂŞte lĂ  oĂą commence celle des autres. La porte ouverte est enfoncĂ©e, on est d’accord. Par contre, Ă©trangement il dĂ©nonce « la libertĂ© de gagner toujours plus, toujours plus vite et sans limite ». Étrange, j’avais cru comprendre qu’il fallait travailler plus pour gagner plus et que le bouclier fiscal servait cette cause. 
 

L’autoritĂ© 

Elle est nécessaire car le système ne peut pas fonctionner si on ne respecte pas les institutions, les règles. Bon là encore, on enfonce une deuxième fois la porte ouverte.
Mais dans le mĂŞme sac, il ajoute qu’il faut respecter la famille, les parents et la personne humaine. La famille : pilier de l’autoritĂ© ? La personne humaine : existe-t-il des personnes pas humaines ?
« Travail – responsabilitĂ© – autoritĂ© : je me reconnais plus que jamais dans ce triptyque ».
Ces trois valeurs sont celles qui permettent de construire un projet personnel et collectif. Mais pourtant, pendant cinq ans, j’ai eu l’impression que c’Ă©taient surtout les projets personnels qui Ă©taient encouragĂ©s et rĂ©compensĂ©s grassement… Mais j’ai dĂ» mal comprendre.
Il n’a pas supprimĂ© les 35 heures car ça aurait Ă©tĂ© trop brutal. Il a donc prĂ©fĂ©rĂ© attaquer le « problème » de toutes part : recul de l’âge de la retraite, service minimum dans les transports en commun, recours aux heures supplĂ©mentaires :
« C’Ă©tait dĂ©jĂ  une sĂ©rieuse brèche dans les 35 heures ».
Tu m’Ă©tonnes !
Les 35 heures, de la façon dont elles ont Ă©tĂ© arbitrairement imposĂ©es Ă  l’ensemble des Français est une aberration. Il faut au contraire privilĂ©gier la discussion au sein mĂŞme de l’entreprise :
« Si, dans l’entreprise, les salariĂ©s et le chef d’entreprise se mettent d’accord sur l’emploi, le salaire et la flexibilitĂ©, alors leur contrat sera autorisĂ© par la loi et primera sur le travail individuel».
Moralité :
  • Si tu ne veux pas travailler le dimanche, va voir ailleurs.
  • Si tu voulais bien travailler juste 20 heures par semaine pour 600 € par mois, ce serait bon pour l’entreprise.
  • Ce serait bien que tu fasses 20 heures chez nous et 15 heures sur l’autre site de la boĂ®te.
  • La conjoncture est difficile : soit on vous supprime le 13ème mois et il n’y a pas de licenciements, soit on le garde mais je dois licencier 15% d’entre vous.
  • Le site de Marseille va fermer, mais je vous promets que personne ne perdra son travail, vous pourrez ĂŞtre recasĂ©-e-s chez nos partenaires dans le nord de la France. 

PrĂ©sident d’honneur du fan-club du modèle allemand, Nicolas Sarkozy rappelle que c’est en fonctionnant ainsi que les Allemands ont recueilli « tant de succès dans leur lutte contre le chĂ´mage »…
Autrement dit, en cumulant les « mini-jobs », en supprimant le SMIC dans bon nombre de secteurs, en contraignant les femmes Ă  rester chez elles pour s’occuper de leurs enfants jusqu’Ă  ce qu’ils soient en âge d’aller Ă  l’Ă©cole…etc. Dans ces conditions, on comprend mieux le «succès» des Allemands.
 
  • Mais c’est le seul moyen d’ĂŞtre compĂ©titif.
  • Mais compĂ©titif avec qui au juste ?
  • Est-ce que j’ai envie de faire la compèt’ avec les Allemands ?
  • Est-ce que j’ai envie de me battre contre mon voisin ou contre un-e candidat-e au mĂŞme poste que moi ?
  • C’est quoi la compĂ©titivitĂ© au juste ?
  • Ça se manifeste comment dans mon quotidien ? 

Le RSA 

Nicolas Sarkozy affirme que le RSA « a mieux fonctionnĂ© comme instrument de lutte contre la pauvretĂ© que comme outil de rĂ©insertion ». J’aimerais bien savoir ce qu’ils en pensent celles et ceux qui touchent le RSA. Ont-ils- le sentiment de ne pas ĂŞtre pauvres ? Comment en arrive-t-on Ă  de telles conclusions ? Ça m’intĂ©resse… 

Le chĂ´mage 

« Il faut une forme de rĂ©volution ».
Nicolas Sarkozy, le rĂ©volutionnaire, ça fait rĂŞver…
Il faut aussi que les chĂ´meurs arrĂŞtent de toucher leurs ARE « passivement ». En effet, si les chĂ´meurs et chĂ´meuses pouvaient arrĂŞter de se la couler douce, vautrĂ©-e-s dans leur canapĂ© en mangeant des chips, en buvant de la bière et en jouant Ă  la console, ce serait mieux.
Il faudrait qu’ils touchent leurs allocations en contrepartie de la formation qu’ils devront suivre.
  • Mais quelle formation ?
  • Pour quel job ?
  • Qu’est-ce qu’on va proposer comme formation Ă  un-e bac + 5 en gĂ©ographie ?
  • Ă€ un-e bac + 8 en histoire ?
  • Ă€ un-e commercial-e qui touchait 5 000 € et Ă  qui on ne propose que de l’interim dans le prĂŞt-Ă -porter ?
  • Devront-ils-elles tous-tes tourner le dos Ă  leurs diplĂ´mes ?
Dans ces conditions, pourquoi ne pas simplement supprimer toutes les filières qui ne sont pas compĂ©titives et qui mènent inexorablement au chĂ´mage ? Pourquoi ne pas obliger tout le monde Ă  faire des Ă©tudes dans des filières d’avenir : finance-commerce-informatique-bourse ? 

VoilĂ  ce que propose le PrĂ©sident : 

« PassĂ© un dĂ©lai de quelques mois (attention, quelques mois c’est vague : 3 ? 6 ? 12 ?), toute personne au chĂ´mage sans perspective sĂ©rieuse de reprise d’emploi (la faute Ă  qui ?) devra choisir une formation qualifiante (c’est quoi une formation qualifiante ? Qualifiante au profit de qui ? De la « personne humaine » ? Ou de l’Ă©conomie globale ?). Celle-ci sera dĂ©finie par un comitĂ© national qui identifiera, avec des chefs d’entreprise et des syndicalistes, les secteurs d’avenir crĂ©ateurs d’emploi (lesquels ? L’hĂ´tellerie-restauration ? Les assurances ? La grande distribution ? L’agroalimentaire ? La sociĂ©tĂ© de consommation ?). Ă€ l’issue de cette formation, qui sera obligatoire, le chĂ´meur sera tenu d’accepter la première offre d’emploi correspondant au mĂ©tier pour lequel il aura Ă©tĂ© formĂ© ».
Dans ces conditions, je vois mal comment,
  • quand on subit son job,
  • quand on ne l’a pas vraiment choisi,
  • quand il est en totale contradiction avec les Ă©tudes qu’on a faites ou avec nos « valeurs »,
Je vois mal comment cela peut mener « Ă  l’accomplissement de l’individu et Ă  la cohĂ©sion de la sociĂ©tĂ© », pour reprendre les mots du PrĂ©sident himself.
Et puis il faudrait aussi penser Ă  expliquer Ă  LĂ©o, 6 ans que « non » il ne pourra pas ĂŞtre instituteur comme papa ou cheminote comme maman. Il ne sera pas non plus prof comme tata ou infirmier comme son cousin. Par contre, il peut toujours songer Ă  ĂŞtre manager chez Mc Do.
 
 
On pourrait aussi imaginer un État qui injecte des fonds dans des domaines en perte de vitesse et dans lesquels il y a beaucoup de demandeurs-es d’emploi. 
  • Qui retrouveraient alors un job.
  • Qui ne seraient donc plus des « assistĂ©-e-s ».
  • Qui gagneraient en pouvoir d’achat.
  • Qui feraient baisser le taux de chĂ´mage.
  • Qui relanceraient la croissance.
Mais puisque cette rĂ©forme s’annonce comme un chantier immense, Nicolas Sarkozy envisage de la soumettre Ă  un rĂ©fĂ©rendum.  
  • Pour ou contre indemniser les chĂ´meurs-es plus de 24 mois ?
  • Pour ou contre ĂŞtre prĂ©levĂ©-e tous les mois pour des « assistĂ©-e-s » ?
  • Pour ou contre obliger les chĂ´meurs-es Ă  accepter n’importe quel job pourvu qu’ils-elles arrĂŞtent de se la couler douce « passivement », vautrĂ©-e-s dans leur canapĂ© en mangeant des chips, en buvant de la bière et en jouant Ă  la console ? 

Ă€ la question, « pourquoi vous n’avez pas organisĂ© de rĂ©fĂ©rendum pendant votre quinquennat?», la rĂ©ponse est sans appel : le pays n’a jamais connu de blocage.
Il y a bien eu quelques manifestationounettes, quelques protestationounettes, mais les rĂ©formes « sans drame et surtout sans violence », ont pu ĂŞtre adoptĂ©es et appliquĂ©es.
Autrement dit, les gens râlent, manifestent, mais on s’en fout, on passe les rĂ©formes en force… Alors c’est vrai, la question mĂ©rite d’ĂŞtre posĂ©e « pourquoi faire des rĂ©fĂ©rendums alors » ? C’est marrant parce que j’ai en mĂ©moire 14 semaines de blocage et de grève Ă  l’UniversitĂ©… Entre autres.
Peut-ĂŞtre que Nicolas Sarkozy aurait-il pu proposer un rĂ©fĂ©rendum sur la LRU, sur la loi Bachelot, sur la rĂ©forme des concours et de la formation des enseignant-e-s…
 

Les impĂ´ts 

« Si nous pouvons ne pas augmenter les impĂ´ts ni maintenant ni demain, c’est parce que nous poursuivrons l’effort indispensable d’Ă©conomies engagĂ© ».
Pourtant, si j’ai bien compris ce qu’on nous a annoncĂ© il y a quelques temps : les tranches d’imposition ne vont pas suivre l’inflation et 100 Ă  200 000 personnes non imposables jusqu’Ă  prĂ©sent vont dĂ©sormais payer des impĂ´ts. Quant Ă  celles et ceux dont le salaire n’a pas Ă©voluĂ© entre 2011 et 2012, ils paieront autant. Par contre, je me suis toujours demandĂ© pourquoi quand le montant de l’impĂ´t Ă©tait infĂ©rieur Ă  60 €, il n’Ă©tait pas prĂ©levĂ©. Mais, comme le souligne Nicolas Sarkozy !
« Il n’y aura aucune augmentation d’impĂ´ts dissimulĂ©e ».
  

Page 36 : ou comment Nicolas Sarkozy se prend pour Jeanne d’Arc et entend des voix qui lui dictent d’ĂŞtre contre le mariage homosexuel. 

Il n’est pas favorable au mariage homosexuel, on l’aura compris. En 2007, il a proposĂ© un contrat d’union civile. Mais, il n’a pas Ă©tĂ© mis en place parce que comme il Ă©tait rĂ©servĂ© aux seul-e-s homosexuel-le-s, il Ă©tait anticonstitutionnel. Pourquoi alors ne pas proposer un contrat d’union civile Ă  tout le monde ?
Mais surtout « il aurait portĂ© atteinte Ă  l’institution du mariage ».
L’IN-STI-TU-TION.
Le mariage institutionnel comme seule norme sociale possible pour un couple… de sexes opposĂ©s cela va sans dire.
« En ces temps troublĂ©s oĂą notre sociĂ©tĂ© a besoin de repères, je ne crois pas qu’il faille brouiller l’image de cette institution sociale essentielle qu’est le mariage ».
Autrement dit, mieux vaut rĂ©cupĂ©rer le triple A, ça c’est une vraie prioritĂ©.
C’est plus important que le mariage homosexuel. Et puis surtout, s’il Ă©tait autorisĂ©, la sociĂ©tĂ© serait perdue, sans repères. OĂą suis-je ? Qu’entends-je ? Dans quel Ă©tat j’erre ? Bref.
Par consĂ©quent, il est aussi contre l’adoption par des couples de mĂŞme sexe. Autoriser le mariage, c’est ouvrir « la porte Ă  l’adoption ». Ah oui, parce que pour adopter, il faut forcĂ©ment ĂŞtre mariĂ©-e.
S’aimer, vouloir un enfant, ĂŞtre confortablement installĂ©-e et apte matĂ©riellement Ă  l’accueillir, cela ne suffit pas. Il faut ĂŞtre mariĂ©-e.
Pourtant, il sait bien qu’il existe des « situations particulières » avec des hommes et des femmes qui assument parfaitement leur rĂ´le (sans doute fait-il rĂ©fĂ©rence Ă  l’autoritĂ© des parents et de la famille qui lui tiennent Ă  cĹ“ur). Mais c’est quoi au juste ces situations particulières ?
  • Des femmes et des hommes divorcĂ©-e-s qui se sont mis-e-s en couple avec quelqu’un du mĂŞme sexe et ayant dĂ©jĂ  des enfants ?
  • Des femmes qui ont recours Ă  l’insĂ©mination artificielle dans un autre pays ?
  • Des hommes qui font appel Ă  une mère porteuse ?
  • Des couples gays qui partent Ă  l’autre bout du monde pour adopter ?
Peu importe. Ces « situations particulières » ne doivent pas amener Ă  l’inscription « dans la loi d’une nouvelle dĂ©finition de la famille ».
La famille, c’est un papa (de sexe biologique masculin) + une maman (de sexe biologique fĂ©minin) + des enfants.
ET PUIS C’EST TOUT ! Compris ?
 

La discussion est close, elle n’aura pas durĂ© longtemps : 2 questions, 2 rĂ©ponses. Point-barre.  

Et l’interview glisse ensuite vers l’euthanasie. Conclusion radicale : Nicolas Sarkozy n’y est pas favorable, « on n’est pas obligĂ© de lĂ©gifĂ©rer sur tout et tout le temps ». Pourtant, moi j’ai eu l’impression qu’en 5 ans, de la « lĂ©gifĂ©ration » superflue il y en a eu un paquet… mais bon. 

L’Éducation Nationale 

Sur l’Éducation, il prĂ´ne une forte augmentation « des adultes dans l’Ă©cole ». Mais quoi comme adultes si ce ne sont pas des profs ? « La classe est le lieu de l’enseignement, l’Ă©cole celui de l’Ă©ducation. J’aurai l’occasion de faire des propositions sur le sujet ».
Autrement dit, n’en demandez pas trop, vous verrez bien.
La question lui est alors posĂ©e de « comment faire sans augmenter le nombre d’enseignants ? ».
Il faut arrĂŞter de raisonner en termes d’effectifs. Le nombre de profs a augmentĂ© ces vingt dernières annĂ©es alors que le nombre d’Ă©lèves a diminuĂ©. Dans la Creuse ou le LubĂ©ron peut-ĂŞtre. Mais comment expliquer alors qu’en RĂ©gion Parisienne par exemple, certaines classes de maternelle ont 30 Ă©lèves ? Ou 37 en lycĂ©e ?
Il veut revaloriser le mĂ©tier d’enseignant. Ă€ mon avis, ce n’est pas en supprimant l’annĂ©e de stage et en catapultant de jeunes diplĂ´mĂ©-e-s dans des classes de 37 Ă©lèves sans aucune formation pĂ©dagogique sur le terrain auparavant qu’on va y arriver. Mais lĂ  encore « il faudra faire preuve d’imagination ».
Autrement dit, n’en demandez pas trop, vous verrez bien.
Ceci dit, de l'imagination, on en trouve trace tous les jours sur le site de Pôle Emploi car des annonces d'offre d'emploi pour être prof de tous les niveaux, dans toutes les disciplines, il y en a en-veux-tu-en-voilà. Moralité : quiconque a étudié n'importe quoi peut l'enseigner : sans formation, sans concours, sans diplôme. en voilà une revalorisation du métier qu'elle est belle !

Par contre, lĂ  il est contre un rĂ©fĂ©rendum sur l’Ă©cole.
« Il serait vu comme un moyen de monter une partie de la sociĂ©tĂ© contre le monde Ă©ducatif. On ne peut pas faire une rĂ©forme sans y associer les enseignants ». 
 

C’est marrant : montrer une partie de la sociĂ©tĂ© contre les chĂ´meurs-es, ça ne lui pose pas de problème pourtant. Et pourquoi alors ne pas faire une rĂ©forme des allocations chĂ´mage en y associant les chĂ´meurs-es ? Pourquoi ne pas demander leur avis aux « assistĂ©s » ? 

L’identitĂ© Nationale et l’immigration 

« Nous avons pu intĂ©grer dans le creuset rĂ©publicain les vagues migratoires prĂ©cĂ©dentes parce qu’il y avait chez les nouveaux venus une communautĂ© culturelle et religieuse au fond très proche de notre histoire ».
De qui parle-t-il ? De quelle vague parle-t-il ?
 
  • De celles et ceux qui se sont retrouvĂ©-e-s parquĂ©-e-s dans des tours ou des barres d’immeubles devenus aujourd’hui vĂ©tustes ?
  • De celles et ceux qui sont continuellement stigmatisĂ©-e-s par les envolĂ©es lyriques de Monsieur GuĂ©ant ?
  • De celles et ceux qui sifflent la Marseillaise dans les stades parce qu’ils-elles en ont ras-le-bol d’ĂŞtre continuellement montrĂ©-e-s du doigt ?
  • De celles et ceux qui refusent de voir dĂ©barquer en bas de chez eux des CRS armĂ©s de kärchers ?
  • De celles et ceux qui en ont marre d’ĂŞtre d’en ĂŞtre rĂ©duit-e-s Ă  de la racaille portant la casquette Ă  l’envers et parlant verlan ? (J’avais oubliĂ© de citer Madame Morano, je rĂ©pare cette erreur). 

« L’an passĂ©, nous avons procĂ©dĂ© Ă  l’expulsion d’une quinzaine d’imams qui profĂ©raient des prĂŞches violents »
Et que fait-on alors de l’intĂ©grisme catholique qui dĂ©nonce l’avortement, l’homosexualitĂ©, la pilule du lendemain, les relations sexuelles avant le mariage ? N’est-ce pas violent ?
 

Le droit de vote des Ă©trangers 

Il est contre. Ce n’est pas le moment. Des questions contraires aux valeurs de la RĂ©publique risqueraient de se poser :
« Faut-il des cantines scolaires hallal ? Des piscines rĂ©servĂ©es aux femmes ? »
Bonjour les clichés.
Comme si les étrangers ne se préoccupaient que de ça et pas des lois du pays dans lequel ils vivent depuis des années.
Et puis il y a « trop de risque de communautarisme ».
Parce que, c’est bien connu, tous les Ă©tranger-ères sont communautaristes. En mĂŞme temps, s’ils Ă©taient mieux intĂ©grĂ©s, ils n’Ă©prouveraient peut-ĂŞtre pas le besoin de se replier sur eux-mĂŞmes, sur leur communautĂ©.
Faut pas dĂ©conner, l’intĂ©gration a des limites. 
 

Les Ă©tranger-es en situation irrĂ©gulière 

Quant Ă  rĂ©gulariser ceux qui sont en situation irrĂ©gulière, ça crĂ©erait « un appel d’air ».
Mieux vaut tester leur motivation en leur faisant faire la queue 14 heures devant les prĂ©fectures. Au moins, s’ils sont rĂ©gularisĂ©s c’est qu’ils l’auront mĂ©ritĂ©.
Et quand ça l’arrange, Nicolas Sarkozy aime manier les chiffres. Il reproche au gouvernement Jospin de n’avoir expulsĂ© QUE 9 000 immigrĂ©-e-s en situation irrĂ©gulière.
Mais lui, Monsieur le PrĂ©sident, aidĂ© de son gouvernement, il en a fait expulser 33 000 rien qu’en 2011.
Par contre, ça a coûté combien sur 5 ans ?
Et il propose que « les titres de sĂ©jour obtenus par le mariage soient soumis Ă  des conditions de logement et de ressources ».
Ça veut dire quoi au juste ? Tu peux te marier en France mais t’as pas le droit d’ĂŞtre pauvre ni SDF ?
 

L’immigration du travail 

Pour l’immigration du travail : pourquoi pas, du moment que les immigrĂ©s ne prennent pas le travail des 100 000 jeunes qui entrent sur le marchĂ© du travail chaque annĂ©e.
Je serais curieuse de savoir si les jobs convoités par ces 100 000 jeunes sont les mêmes que ceux des immigrés du travail.
Ah mais si ! Évidemment ! Puisque les jeunes vont suivre une formation obligatoire aux termes de laquelle ils devront accepter la 1ère offre d’emploi qu’on leur proposera, ça rĂ©pond Ă  la question.
Ă€ ce sujet, il utilise l’expression « immigrĂ© professionnel ». Et bien, s’il « rĂ©fute » l’expression «TVA sociale », moi je rĂ©fute celle d’« immigrĂ© professionnel ». Je ne crois pas que ça existe comme mĂ©tier : « immigrĂ© ». Mais peut-ĂŞtre qu’un code ROME au PĂ´le Emploi prouvera le contraire.
 
Finalement, Ă  la place de nouveautĂ©, actualitĂ© et avenir, j’ai l’impression que ce programme (qui n’en est pas un puisqu’il n’est pas (encore) candidat) se rĂ©sume davantage en ces termes : contrĂ´le, autoritĂ©, conservatisme et rĂ©gression.
Mais cela n’engage que moi.


EDIT du 21 février 2012. 15h48
Je prends les paris (sur une idée de Bembelly) que mes arguments seront encore valables en 2017.

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2 commentaires

  1. Très bon billet!
    Tiens, je vais le twitter avec 2017 dedans.
    ;-)

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  2. ahahaha très bonne idée tiens!
    Je vais y remettre la photo d'origine si je la retrouve!

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