Je vous promets que je n'avais pas prévu de bloguer sur la quenelle ou sur Dieudonné. Croyez-moi, c'est vrai.
Et je ne suis pas encore ivre. Donc je ne mens pas.
Oui mais voilà. Dieudo s'est invité chez moi samedi soir au cours d'un poker* arrosé de Mojitos.
Voilà ce qu'on m'a demandé :
"Et toi? T'en penses quoi de l'intervention de Valls à propos de Dieudonné?"
Deux-trois anges ont eu le temps de faire deux-trois allers-retours avant que je ne sorte un mot.
Ça fait des jours que je lis tous les blogs de tout le monde, de gauche, de droite, et que je suis de plus en plus perplexe.
Ce que je retiens de Dieudonné moi, c'est ça:
Je ne sais plus de quand date ce sketch, mais si mes souvenirs sont bons, j'étais une jeune ado, c'était chez Drucker, et je pleurais de rire. J'étais fan d'Elie et Dieudonné. Une fan immodérée.
Et puis quelques années, plus tard, alors que je regardais l'émission de Marc-Olivier Fogiel, j'ai vu ce sktech pas drôle de Dieudo déguisé en juif orthodoxe terroriste. Je n'ai pas ri du tout. Je n'ai pas non plus crié à l'antisémitisme. Je n'ai pas compris. Je me suis demandé où il venait en venir.
Et puis il y a eu son combat pour défendre la mémoire de l'esclavage et sa reconnaissance comme génocide. J'ai adhéré au projet. J'ai défendu cette cause. Mais j'ai détesté l'argument employé consistant à dire en gros:
"Ca fait des années qu'on nous soule avec la Shoah, ça va bien maintenant. Les Juifs n'ont pas le monopole du génocide. Et l'esclavage alors?"
J'ai trouvé cet argument complètement con. En parlant de "pornographie mémorielle", j'ai trouvé qu'il tombait plus bas que terre. Je ne comprends pas l'idée qui veut qu'on oppose les génocides ou qu'on fasse une hiérarchie des drames humains, genre:
"Vas-y c'est bon, ton génocide c'est de la merde à côté du mien".
On peut tout à fait défendre la mémoire de tous les génocides sans les hiérarchiser, non?
Et puis, il y a eu toutes ses prises de positions sur le "lobby sioniste" qui noyauterait la planète, les médias et les sphères de pouvoirs. Aujourd'hui, les fans de Dieudonné disent qu'il est seulement antisioniste et pas antisémite. Mais lorsqu'il employait le mot sioniste, Dieudonné lui-même disait que c'était pour éviter d'employer le mot "juif" parce qu'il savait que ça lui poserait des problèmes. Dieudonné faisait lui-même cet amalgame que ces fans refusent d'entendre aujourd'hui. Et il le faisait volontairement. Stratégiquement.
Et puis il y a eu son business avec Soral, son interview de l'autre trépané de Serge Ayoub, ses accointances avec Robert Faurisson, négationniste notoire.
Aujourd'hui, il semble que Manuel Valls veuille faire taire Dieudonné. Je suis perplexe. Selon moi, ce n'est pas la solution. Ce serait de la censure d'une part, et Dieudonné deviendrait alors une victime.
Censure > victimisation > complot > médiatisation > guichets fermés.
Mon problème à moi, ce n'est pas tant ce que raconte Dieudonné dans ses spectacles (dans lesquels il épingle aussi les Noirs, les cathos et les musulmans). Tout le monde sait que le racisme, le sexisme, l'antisémitisme et l'homophobie sont des fonds de commerce inépuisables pour les humoristes. Chacun ses goûts. Moi, ça a vite fait de me souler. C'est de l'humour facile. Et pas très sain quand ça devient la seule source d'inspiration des humoristes.
Mon problème à moi, c'est ce que raconte Dieudonné en dehors de scène, sur la voie publique, sur le web, dans les médias. Car jusqu'à preuve du contraire, ses prises de positions antisémites, antisionistes, proches de Soral et de Faurisson, ce ne sont pas des sketches.
Ou alors, le type est mégalo et s'imagine que la sphère médiatique est une vaste scène de théâtre.
Quant à cette histoire de quenelle, je ne sais même plus par quel bout la prendre. Oui, les nazis posaient dans cette position, oui les fachos de Mussolini aussi.
Point Godwin atteint, ça c'est fait.
Mais si demain, j'engueule mon neveu parce que je lui ai filé 5 bonbons et qu'il en veut 10, que je lui fait comprendre que quand on lui donne "ça", il veut tout le reste, que je mime le geste du poignet à l'épaule, et qu'un tocard passe par là et me prend en photo, on dira que j'ai fait la quenelle.
Bon, en même temps, avec des si hein... Comme on dit... Et puis, il y a peu de chances que ce scénario digne des meilleurs films hollywoodiens se produise, car mon neveu va bientôt faire 2 têtes de plus que moi.
Je me fous de savoir si la quenelle est un geste antisémite ou pas. Et je me fous de savoir si tous les mous du cerveau qui reproduisent ce geste à l'envi sont tous antisémites ou pas.
Partons du principe que c'est un geste "anti-système" comme se plaît à le dire notre révolutionnaire en crampons Nicolas Anelka. Partons du principe que c'est une spéciale dédicace à "son copain Dieudonné".
Quand on sait que le "système" de Dieudonné est noyauté par les Juifs et que ce geste est anti-système, on a vite fait d'en conclure que ce geste est antisémite.
Et à mon avis, on n'a pas tort.
Surtout quand on voit tous ces bouffons qui se quenellent devant Auschwitz ou devant le Mémorial d'Anne Frank.
Surtout quand on voit tous ces bouffons qui se quenellent devant Auschwitz ou devant le Mémorial d'Anne Frank.
Quant à Anelka, je me demande ce qu'il serait ce brave garçon sans ce "système" qui a fait de lui ce qu'il est, pétant dans les millions tout en arborant un T-shirt Che Guevara.
Ça m'a toujours fait marrer les millionnaires qui "enculent" le système bien profond.
Et puis, à 2 heures d'un dîner pantagruélique, rappelons-nous d'une chose, la quenelle est et restera toujours uns spécialité lyonnaise, à base de brochet.
Remballez vos quenelles bordel de merde.
* Ah au fait, j'ai gagné au poker. C'était quand même important de vous le dire. Surtout après 4 mojitos.