C'est dimanche, c'est fermé, et c'est tant mieux.

On ne parle que de ça depuis des jours: le travail le dimanche. La loi Macron. The Law of the quinquennat.
Cette disposition qui vise à faire passer de 5 à 12 le nombre de dimanches ouverts cristallise les débats et cache tout le reste.
C'est un peu le problème des lois fourre-tout dans lesquelles on te parle à la fois d'autocars, de serruriers, de permis de conduire, de travailler le dimanche, des professions règlementées et des prud'hommes. Autrement dit, tout et n'importe quoi.
Les gens qui ont déjà le permis se foutent royalement de la disposition qui le concerne.
Les gens qui ont le mal des transports se foutent pas mal des autocars.
Ceux qui n'exercent pas de professions règlementées s'en tamponnent le coquillard.
...etc.
Mais par contre, bosser le dimanche, ça, tout le monde a son avis sur la question.
Et en ce qui me concerne, je suis d'accord avec Martine Aubry... Et avec moi-même puisque je n'ai pas changé d'avis depuis l'hiver dernier où j'avais déjà écrit sur le sujet.
Mais que dit la Macron's Law?
En gros, d'après ce que j'ai compris, il n'est pas question « banaliser » le travail du dimanche : le repos dominical doit rester la règle, le travail l’exception. Il semblerait que seules quelques zones (touristiques + gares) soient concernées par le travail dominical + quelques ouvertures exceptionnelles décidées par le maire qui autoriserait aux magasins d'ouvrir jusqu'à 12 dimanches par an au lieu de 5 actuellement. Le tout, uniquement sur la base du volontariat.

MOUARF!

Je vais raconter un truc à Emmanuel Macron qui me lit quotidiennement, cela va sans dire.
Quand tu bosses dans un magasin qui ouvre plusieurs dimanches par an, tu n'as pas le choix. C'est faux, c'est un leurre, une légende urbaine que de penser le contraire. Je parle bien sûr du salarié qui a un contrat à temps plein ou aux 3/4 temps hein... pas de l'étudiant qui ne bosse que le dimanche pour financer ses études. Pour la simple et bonne raison que si tu dis non une fois à ton boss en mode "Ah non dimanche, je peux pas, j'ai poney", il va demander à un autre de ses salariés. Si la fois suivante, tu prétextes une compétition de twirling bâton, il va encore demander à un autre salarié. Puis quand viendra le 12ème dimanche de l'année et que tu diras encore non, il va gueuler et tous tes collègues vont t'en vouloir à mort parce qu'ils vont devoir bosser à ta place ce jour-là. Du coup, tu auras la pression et tu cèderas, contre ton gré. Témoignage certifié vécu.

Donc le volontariat, c'est du flan.

Deuxième volet de cette histoire de boulot dominical, les contreparties salariales. Le fameux dimanche payé double. 

RE-MOUARF!

Oui et non hein. Parce que selon les boîtes, soit on te paie double soit on te file 2 jours de récup... Mais pas le dimanche où on ouvre hein. Ni le samedi parce que tu comprends, le samedi, c'est là qu'on fait notre plus gros chiffre. Et puis tu pourras pas non plus récupérer sur un mercredi parce que Ghislaine est à 80% pour garder ses enfants et que donc, si tu récupères sur un mercredi, on est en sous effectif. Tu comprends hein?
Donc Emmanuel Macron nous promet l'obligation d'une compensation salariale qui devra être inscrite dans la loi et qui devra répondre au principe "pas d'accord, pas d'ouverture".
Sauf que... Hier matin, il racontait plus ou moins le contraire au micro d'une matinale radio:
"Il ne serait pas réaliste d'imposer un doublement de la rémunération pour les salariés qui travaillent le dimanche car certaines petites enseignes n'y survivraient pas."
Au même moment, dans une autre matinale, télé cette fois, Thierry Mandon disait, en gros :
"Oui bon d'accord, cette loi va être amendée, elle va être discutée et puis quoi? Si la majorité des députés souhaitent qu'on limite à 10 le nombre de dimanches ouverts, et bien on limitera alors. Mais cette loi, elle sera votée."
Il a raison je crois. C'est là-dessus que les débats vont se focaliser. C'est là-dessus qu'il faut négocier. Mais moi je dirais que 8 dimanches ça suffit. Largement. Et pour tout le monde quel que soit le domaine commercial: bricolage et jardinage inclus, y compris les supermarchés. 8 dimanche par an et basta. Faut pas déconner. On a quand même autre chose à faire le dimanche que d'aller faire une course de caddies en grande surface non?

Et finalement, la seule vraie question qui vaille, c'est:
"Est-ce qu'il faut vraiment ouvrir partout les magasins 12 dimanches par an pour relancer l'économie alors que les 3/4 des ZAC sont déjà ouvertes tous les dimanches?"

Va pour les zones touristiques et les gares. OK.

Donc je récapitule ma proposition de loi:
8 dimanches par an maxi après autorisation municipale pour les boutiques hors ZAC et zones touristiques avec liberté totale des salariés pour accepter ou pas, à signature du contrat, genre en cochant une case. Ce qui correspond grosso-merdo à la moitié des dimanches de soldes + 2 dimanches avant Noël. Ce qui est largement suffisant.

Non?

Je pose la question.

Vous aimerez aussi

22 commentaires

  1. Tu confonds les ZAC et les PUCE, non ? Toujours est-il que ces machins ne devraient pas déroger à la règle.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merde, c'est quoi les PUCE? c'est quoi la différence avec les ZAC?
      Moi je dis 8 dimanches par an, OK, si c'est la règle pour tout le monde.
      Sinon, en l'état actuel des choses, je suis d'accord avec toi.

      Supprimer
    2. Je suis d'accord, 7! Un dimanche de plus pour ne pas faire de la peine à Macron, c'est non. 7 ou 8 dimanches, c'est zéro impact, donc, no change.

      Et ta loi est adoptée!
      (Bobiyé, j'ai bien mourfé) ;-)

      Supprimer
    3. PUCe : Périmètres d’Usage de Consommation Exceptionnel
      http://travail-emploi.gouv.fr/IMG/pdf/fiche_PUCE.pdf

      Supprimer
    4. Ah oui OK. Donc certaines ZAC sont des PUCE mais toutes les PUCE ne sont pas des ZAC, c'est ça?

      Supprimer
    5. Non, des ZAC ne sont pas des PUCES mais peuvent être dans des PUCE.

      Supprimer
    6. OK. C'est très clair. Merci bien!

      Supprimer
  2. Donc, à 5 dimanches par an on est de gauche, à 12 on est un immonde ultra-libéral, et à 8 une gentille fille qui se préoccupe des travailleurs mais garde le sens des réalité, c'est ça ? Et quand on aura fixé le nombre de dimanches, on recommencera à s'étriper à propos des horaires ? Les gentils "de gauche" diront qu'ils ne faut pas ouvrir avant 9 h 30 pour préserver les grasses matinées des sans-grade ; les méchants libéraux voudront ouvrir dès 8 h 30 pour ne pas que les riches touristes lève-tôt aillent faire leurs courses à Londres ?

    Vous vous rendez compte dans quel néant on est tombé ? Même le sexe des anges, à côté, ça fait sujet sérieux !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. 12 c'est un par mois, voire plus si on prend en compte d'éventuelles fermetures annuelles et / ou congés / 1er mai...etc. Donc oui ça peut faire une différence.
      Et il n'y a pas que le nombre de jours qui me pose problème mais les conditions salariales de la chose.

      Supprimer
    2. Le 1er dimanche du mois , tout est ouvert
      le dernier dimanche du mois tout est fermé

      Supprimer
    3. Je ne peux qu'être d'accord...On sombre dans le néant...Mais le néant politique complet...

      Supprimer
  3. Si je peux me permettre, petite piqûre de rappel: http://corto74.blogspot.fr/2014/12/le-principe-du-repos-dominical.html

    RépondreSupprimer
  4. @Eloooody
    Mouarf! Oups (J'ai bien mouarfé!).
    Du verbe "Mouarf" (Je Mouarf, tu Mouarf (sans s), j'ai Mouarfé, tu ... etc...
    Sérieusement, sans ce truc "dimanche", il y a des choses à regarder dans cette #LoiMacron, mais bon, toucher au repos dominical, c'est ouvrir la porte à d'autres révisions, c'est sur "le principe" et les "conséquences à suivre" que la question se pose. Il (Macron) avait (déjà) osé la remise en cause des 35 heures avant de retropedaler. A croire que: abattre les citadelles qui fondent les avancées de la gauche est sa seule préoccupation au ´tit Macron. C'est ce qui se dégage, c'est certainement pas vrai mais....

    L'idée n'est pas de se figer dans "les principes de gauche", mais depuis notre belle victoire de Mai2012, on a fait beaucoup trop de concessions (impôts, Pacte de responsabilité c'est à dire des économies sur la Sécu, pour réduire les déficits toussa, sans oublier le célèbre "J'aime l'entreprise"). Je passe sur le départ de l'aile gauche du gouvernement (Montebourg, Hamon, etc).

    Trop c'est trop, un peu de "Gauche" m'ira très bien. Ma casquette "blogueur de Gvt" est toujours à portée main. "Je rêve d'un gouvernement style "La banque de Gad El Maleh" dans une certaine pub.

    Voilà!
    @bembelly

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merde tu veux qu'on soit dirigé par le Crédit Lyonnais à la sauce El Maleh? ;-)

      Supprimer
    2. Oui! Je veux un gvt qui pense à mes intérêts de Gauche! Un Gvt qui respecte le contrat initial!
      Pcq tous ces avenants, ça me...

      Supprimer
  5. "Témoignage certifié vécu".

    Vous avez beaucoup souffert.
    C'est pourquoi je vous admire.
    Secrètement.
    J'en souffre.

    RépondreSupprimer
  6. Je suis 100% d'accord avec toi... Pas la peine d'ouvrir les magasins le dimanche, sauf peut être les Galeries Lafayettes et le Printemps à Paris, qui sont dans des zones très touristiques...

    Mais pour la majorité des magasins, je ne vois pas ce que ça va apporter. Je n'aurais pas plus d'argent à dépenser parce que c'est Dimanche, alors autant faire ses courses un autre jour et consacrer son dimanche au Seigneur, ou à défaut à sa famille, ses amis, la culture, les musés, le ciné, une balade nature, et toutes autres joyeusetés qui nous rappellent que la vie ne se résume pas à Métro, boulot, dodo et consommation...

    RépondreSupprimer