Aujourd'hui, on célèbre la libération du camp d'Auschwitz-Birkenau.
Quiconque y a déjà mis les pieds s'en rappelle toute sa vie.
Impossible donc d'imaginer ce que ressentent encore aujourd'hui les survivants qui y ont été internés.
J'ai visité Auschwitz en 2010. En plein mois de décembre, j'accompagnais un voyage scolaire organisé par le Conseil Régional d'Île de France.
J'ai visité Auschwitz en 2010. En plein mois de décembre, j'accompagnais un voyage scolaire organisé par le Conseil Régional d'Île de France.
Il neigeait, il ventait. Arrivée en Pologne, la température extérieure était de -20° et la température ressentie de -30°. Je n'exagère pas. C'était clairement affiché sur les panneaux le long des routes.
Visiter Auschwitz dans ces conditions ajoute encore plus de lourdeur à l'émotion qui vous submerge dès l'entrée du camp.
Une étendu blanche de neige à perte de vue.
Une superficie impossible à imaginer tant qu'on ne l'a pas vue.
La visite a commencé par le camp que tout le monde a à l'esprit. Le nº2, celui constitué de baraquements, celui de la mort industrielle sur plusieurs km².
De la neige jusqu'aux genoux, des larmes gelées sur les joues, voilà les conditions dans lesquelles j'ai effectué cette visite.
Imaginer des prisonniers, avec seulement la peau sur les os et un minable pyjama rayé sur le dos tenter de survivre dans ces conditions relève de l'impossible. Les baraquements ont presque tous disparu. Et parmi ceux qui restent, un seul se visite: il a été reconstitué à l'identique. Une baraque en bois tapissée de paillasses superposées faites de planches et de briques sur lesquelles s'entassaient des centaines de déportés. Le tout avec des "jours" aux jonctions du toit et du sol, pour mieux les user, les affaiblir, les exterminer à petit feu.
-20° en plein hiver.
Au-delà du compréhensible, de l'imaginaire. L'indicible à perte de vue. Un silence de mort au sens propre comme au figuré. Un pauvre groupe de quelques adultes et vingt jeunes perdus au milieu de nulle part, muets, choqués, secoués par les bourrasques de vent et de neige, figés devant chaque baraque, et les vestiges de fours crématoires.
Vers 14h, on quitte le camp nº2 pour aller à Auschwitz 1, celui qui fut le le "brouillon" du 2: une ancienne caserne de pompiers "en dur".
C'est là que furent internés les premiers prisonniers. Dans des chambrées transformées en cellules où les Allemands enfermaient entassées leurs premières victimes.
C'est là qu'on peut voir les tristement célèbres monticules, de vêtements, de valises, de lunettes, de chaussures... Emmurés derrière des vitrines, figés pour l'éternité.
C'est encore là qu'on peut voir les premiers fours.
C'est aussi là qu'on peut voir le "mitard" où les Allemands enfermaient les prisonniers récalcitrants: une espèce de clapier d'un mètre de côté où on ne peut tenir qu'assis, la tête dans les genoux, dans le noir. Une prison dans la prison.
-20° en plein hiver dans un pays de l'Est : il est 16h et la nuit tombe. Il faut partir.
Arbeit macht frei. L'horrible devise me tourne le dos.
Il faut partir.
Terrible journée mémorielle.
Terriblement inoubliable.
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