Le permis de tuer du projet de loi Boyer révolte une militante discrète
- 26.5.16
- Par Elodie Jauneau
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Noura Bellili milite activement pour les droits des femmes et contre les violences dont elles sont victimes.
Elle a récemment participé au concours de
courts-métrages initié par l'association "Ensemble contre la gynophobie"
en présentant "Libre", un film dont elle est
la narratrice et l’auteure
du texte.
Particulièrement attentive et vigilante quant
aux projets de lois relatifs à ces questions, elle conteste vivement
celui de Valérie Boyer qui entend mettre en place une « irresponsabilité
pénale »
pour les femmes battues qui se vengent de leur conjoint.
Comme je l’ai déjà fait pour d’autres avant elles, je lui confie aujourd’hui les clés de mon blog.
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Quand on est une militante comme moi,
accepter le projet de loi Valérie Boyer est tout simplement impossible.
Accepter que les femmes soient reconnues pénalement irresponsables
revient à dire que l’Etat reconnaît implicitement que les fonctionnaires
de police, les associations, les avocats, les juges, les spots de
prévention télé… sont inefficaces.
Instaurer l’irresponsabilité pénale revient à
autoriser les femmes victimes de violences conjugales à se venger en
tuant leur conjoint. Il ne s’agit ni plus ni moins que d’un permis de
tuer, voire un appel au meurtre !
Une expertise permettrait de juger si la femme
était atteinte de troubles psychiques au moment des faits. Et si tel est
le cas, elle serait considérée comme irresponsable. Les conséquences
d’une telle loi, en amont des faits concernés,
ne sont ni plus ni moins qu’un encouragement pour les femmes victimes
de violences à se faire justice elles-mêmes. Implicitement, cela revient
à dire que le système judiciaire n’a pas été capable de protéger les
femmes, mais que la « Loi Boyer » est là pour
pallier à cette carence en exigeant la démission de la société et des
institutions.
Une pure folie !
Au lieu de proposer de sauver des vies, la loi de
Valérie Boyer autorise le meurtre d’un conjoint violent, tout en
ajoutant la notion de « présomption de légitime défense ».
Cette proposition de loi, au lieu d’aider les
victimes à sortir de la spirale de la violence dans laquelle elles sont
emprisonnées, leur propose tout simplement de se venger en toute
légalité.
Noura Bellili
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