KDB

Heureusement, il nous reste les ApéroVisio


Hier soir, comme tous les samedis depuis qu'on est confinés, semi confinés, couvre-foyés, libérés mais pas trop puis reconfinés et recouvre-foyés, nous avions rendez-vous pour notre Visio KdB hebdomadaire.
On n'est pas toujours inspirés, pas toujours motivés, de moins en moins apprêtés, mais on se connecte et puis on avise, on improvise.
Parfois, on s'engueule, on gueule surtout (enfin surtout moi), parfois on parle politique, souvent même.
 

Et à chaque fois, on picole.

Bières pour Nico et les deux Fred, vin pour Denis, Sylvie et moi, Pastis pour Laurent, on parle tireuse à bière, sulfites ou pas dans nos breuvages viticoles, dosage du petit jaune marseillais, invitations à se voir en vrai quand tout ce bordel sera derrière nous.
J'ai déjà planifié sans planning (cette période est tellement pleine de contradictions qu'on n'est plus à ça près) d'aller à Marseille chez Laurent, manger du cake au camembert et divaguer dans les calanques, et en Anjou chez Christian.
Un jour...
Hier, on était particulièrement en forme. On a beaucoup rigolé. C'était un beau KdB.
On a commencé par notre rituel habituel:
Alors ? Comment ça va ?

Bah comme d'hab en fait. Comme la semaine dernière, celle d'avant et la prochaine. On fait aller.

Et alors ? Ce couvre-feu à 18h ? ça va ?
Outre le fait qu'on est tous plus ou moins arrivés à la conclusion que ça ne changerait rien sinon ajouter de la charge mentale à la charge mentale et à nos privations de libertés déjà bien grandes, ça ne change pas grand chose finalement. Surtout pour Stéphane qui, vivant à Nice, est sous couvre-feu depuis 15 jours et sous Estrosi depuis 15 ans. Ambiance.

Le couvre-feu

Nico a rappelé, à juste titre que ce couvre-feu universel dans toutes les régions de France était complètement inique. Dans son patelin de confinage à Loudéac, ça n'a aucun sens. Cela dit, dans le mien, c'est complètement débile aussi. La semaine dernière, vers 18h30, après une journée de télétravail bien dense, j'ai voulu aller me dégourdir les jambes derrière chez moi en allant à pied poster une lettre à la boîte jaune. Un peu plus d'1km aller-retour. Je n'ai évidemment croisé personne. J'en ai profité pour faire quelques photos de ma rivière by night, c'était joli. Avec le réglage automatique en mode nuit de l'iPhone, c'est carrément beau. N'importe quel amateur ou amatrice photo comme moi se sent pousser des ailes d'artiste avec tous ces bidules technologiques. Bref. C'est pas le sujet. Le sujet,  c'est qu'avec ce couvre-feu débile,  je ne pourrai plus aller me dégourdir les jambes le soir après le travail. Je ne pourrai plus prendre le risque de croiser un hérisson, un héron ou une oie, tous covidés et sans masque, les cons !

Boris la Frite

Passées ses considérations horaires de couvre-foyage, on a parlé de Boris et de son blog qui s'est fait blackboulé par Facebook. On a essayé de trouver des soluces pour forcer le vilain GAFAM à laisser les portes ouvertes pour Bobo Le Belge... Finalement, il semblerait que notre ami des frites va continuer à bloguer peinard et que, si les gens veulent le lire, eh bien, s'ils veulent vraiment le lire, ils trouveront bien un moyen de mémoriser le chemin de son blog sans passer par Facebook.

Charentaises, chaussons et autres tatanes

C'était un beau KdB, on a abordé tellement de sujets, que je ne saurais en faire la liste. On a passé un moment à parler chaussons. Rapport au dernier billet de Boris justement. Parmi les convives, plusieurs teams s'opposent. Il y a la team Charentaises, la team pantoufles, la team espadrilles (enfin... Je suis cette team à moi toute seule en fait), la team chaussettes... Bref. On a été capables de parler made in France, Slip Français et Jeva pendant un bon moment. D'où cette photo d'illustration mémorable des participant-e-s avec leurs chaussons, chaussettes et autres pantoufles. Sauf moi, parce que moi je porte des espadrilles (au cas où tu l'aurais pas compris) et que c'est moi qui ai fait la photo. Un espadrille à la main + ALT/CTR/IMPECR en même temps, c'était un peu compliqué pour mes seuls dix doigts.

Et pourtant... Le craquage est imminent

On s'est quittés deux bonnes heures plus tard sur un ton moins enjoué, un peu plus mélancolique et nostalgique. Toujours rapport au contexte sanitaire. On est arrivés à la conclusion que la coupe était pleine, que les étudiants pètent des plombs, que nos aîné-e-s n'en peuvent plus (Nico en parle très bien dans son dernier billet du jour), que nos responsables politiques sont totalement déconnectés et hors-sol et qu'ils n'ont pas le début d'une once de moindre idée de ce que sont nos vies de confiné-e-s. Nos vraies vies. 

La vraie vie. À nous, les gens.

Cette histoire de couvre-feu à 18h "pour contrer l'effet apéro", élément de langage ressorti à l'envi par Stanislas Guérini, Jean Castex et toute la clique gouvernementale... Faut-il qu'ils soient tous à ce point en orbite, loin, très loin de nous, pour s'imaginer que la France entière cesse toute activité séance tenante tous jours à 18h pour picoler ? Sont-ils à ce point cons ou cons ? Les deux à mon avis.

Même Le Figaro leur a balancé deux-trois scuds. C'est dire.

Et puis, la politique... En fait, on n'en peut plus. On overdose. On est ailleurs. On est loin de 2022. On est loin des Régionales, Départementales, tellement loin de la Présidentielle et de toutes ces déclarations, supputations, ambitions de candidatures. Si tous-tes celles et ceux qui semblent intéressé-e-s par la chose à gauche, étaient vraiment candidat-e-s, on en serait déjà à huit. HUIT. Sérieusement, qui peut croire à une présence de la gauche au 2nd tour de la Présidentielle si ont part à huit ? Allô ?

Et puis, en fait, hier soir, on s'est rendu compte qu'on s'en foutait. Même moi. Même Stéphane. On ne sait déjà pas où on sera demain ou le week-end prochain, et il faudrait qu'on sache déjà pour qui on va voter en 2022 ? Pour qui... Pour quoi devrais-je plutôt dire. Qui veut quoi ? Qui promet quoi ? Personne à gauche n'est capable de répondre à cette question. Ou alors, si la question est vite répondue, personne n'entend. Personne n'écoute. Personne ne relaie. Elle est où la gauche en ce moment ? A-t-elle, elle aussi, le début d'une once de moindre idée de ce que sont nos vies de confiné-e-s ?

En orbite. 

Ils et elles sont toutes et tous en orbite. Et pendant qu'ils gravitent à des années lumière des préoccupations du quotidien des Françaises et des Français, nous on picole en ApéroVisio. Parce qu'il ne nous reste guère plus que ça pour conserver un semblant de vie sociale dès lors que nos seules libertés se limitent à bosser, bosser et... [insérez ici les rares loisirs auxquels ont a encore le droit].

Hier après-midi, je suis allée manger la galette des rois chez des amis. À 17h30 pétantes, branle-bas de combat, il faut partir. On se quitte sous la neige fondue en essayant de ne pas se vautrer dans la soupe:

Temps de merde ! Monde de merde ! Heureusement qu'il nous reste l'humour hein... Bisous! Rentrez bien et soyez prudents sur la route ! 

Sourires forcés, sourires retenus. Heureusement, j'avais un KdB une heure plus tard.

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6 commentaires

  1. Chez les Québécois (qui en connaissent un rayon sur le sujet), la neige fondue s'appelle : la sloche.

    C'était juste pour vous donner un autre son de cloche (attention : contrepet !).

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  2. Les Calanques, un voyage en bus ou en bateau et le tour est joué 😉 On est tous d'accord pour dire que ce couvre-feu à 18h partout c'est débile ! C'est encore plus débile et dommage de rater le hérisson du soir, espoir déçu.

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  3. Nicolas devient adepte de Michou ???? C'est quoi ces lunettes bleues. Sinon, continuez comme ça, je parle pour la picole.

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    1. Ah ben ça... les filtres bleus pour les écrans, ça pardonne pas.

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