Allô, la gauche ?


Un mois quasiment que je n'ai rien raconté sur ce blog. Une forme de flemme immense s'est emparée de moi. Je crois que je suis devenue une flemme en fait.

#JeSuisLaFlemme

Pourtant, c'est pas les sujets qui manquent. Chaque jour draine avec lui son lot de nouvelles, bonnes ou mauvaises, ses polémiques deux points zéro, ces petits riens qui pourraient faire un billet.
Mais la flemme quoi.
Je suis toujours admirative des billets de Laurent qui, avec un épiphénomène, rédige un billet de 20 lignes plein de bonne humeur, de poésie et de vraie vie.
Bref. 

#JeNeSuisPasLaurent

Non seulement, j'ai la flemme, mais je crois que tout me souûle. Enfin presque tout : la vie confinée, le télétravail, la pandémie, les attestations, les privations, le gouvernement, les gens, les politiques, la politique, la gauche...

Oui la gauche me soûle.

Mais genre elle me soûle puissance mille au cube.
Détends-toi hein, je ne suis pas en train de te dire que je suis passée à droite. Loin de là même. Je crois même que je me gauchise avec l'âge. 
La gauche me soûle parce que je la trouve inaudible, bordélique, dispersée, incohérente, absurde, éparpillée, éclatée, puérile, lamentable.
Ouais, ça fait beaucoup pour une seule gauche.
Mais bon, comme il paraît qu'il y en a plusieurs, des gauches, et qu'elles sont irréconciliables, chaque gauchiste qui passera par ici sera suffisamment égocentrique pour considérer que c'est l'autre gauche, pas la sienne, qui est inaudible, bordélique, dispersée, incohérente, absurde, éparpillée, éclatée, puérile, lamentable.
Parce que la remise en question, c'est pas son truc, à la gauche. 
Quant à l'humilité, c'est pas non plus à l'ordre du jour.

C'est moi qui...

"C'est la France Insoumise qui appelle au rassemblement depuis 45 avant J-C."
"Moi, Yannick Jadot, j'appelle au rassemblement."
"Salut, c'est Arnaud Montebourg, c'est par où la campagne ?"
"Moi, Jean-Luc Mélenchon, je suis pour le rassemblement, mais derrière moi."
"Et pourquoi pas Anne Hidalgo ?"
"Moi, Olivier Faure, je suis à l'origine de toutes les tentatives d'union de la gauche depuis 2018."
"Moi, Fabien Roussel, je veux que la gauche soit rassemblée mais je suis quand même candidat tout seul à la Présidentielle de 2022."
"Moi, Benoît Hamon, je considère que ce serait criminel que la gauche ne parte pas rassemblée pour la Présidentielle."
"Moi vivant, jamais la France Insoumise de fera alliance avec les socialopes du PS !"
"Mais si, si, Ségolène Royal, tête de liste soutenue par le PS pour les sénatoriales des Français de l'Étranger, c'est une excellente idée, c'est notre meilleure candidate pour sauver nos fesses au Sénat !"
"Moi vivante, jamais le PS de fera alliance avec Yannick Jadot, macroniste un jour sur deux, écolo les semaines paires et gauchiste les semaines impaires."
"Moi, Guillaume Lacroix (qui ça ?), je refuse que mon parti, le PRG, s'allie avec des islamogauchistes !"

Allez, c'est bon, oublions les outrances de Mélenchon, les trahisons de Benoît Hamon, les insultes de leurs supporters, la macron-compatibilité de Jadot, la tambouille indigeste du PS, le moment d'égarement de Fabien Roussel, l'ombre trop pesante de Jean-Michel Baylet sur le PRG, la volatilité de Montebourg, aimons-nous les uns les autres et tendons-nous la main pour avancer comme un seul homme (bah oui, y a que des mecs, je n'y peux rien).

Oui mais non.

Avancer ensemble pour quoi faire ? Quelles idées ? Quel programme ?

Ne serait-il pas temps que nos responsables de gauche se réunissent d'abord pour parler programme avant de désigner une tête de gondole ?

Ça tombe bien, c'est prévu. Ce samedi si j'ai bien compris. À l'initiative de Jadot si j'ai bien compris. Mais les Insoumis sont furax - si j'ai bien compris - parce que ce fourbe de Jadot a fait exprès de planifier cette sauterie pile poil le week-end ou Mélenchon est en Bolivie. Comme par hasard... Ça sent donc le complot, hein.
On notera que nos camarades insoumis s'émeuvent davantage de l'absence de leur leader à une réunion visant à rassembler la gauche que du fait que Mélenchon se soit rendu en Bolivie, en pleine pandémie, alors qu'on est toutes et tous en confinage à moins de 10 bornes de chez nous. On m'a répondu dans Twitter que c'était une rencontre planifiée de longue date pour parler écologie, eau et protection de l'environnement et que la Bolivie n'était pas trop touchée par le Covid et encore moins par le variant brésilien. Dont acte.
Les sujets sont nobles et la cause est juste mais j'avoue que ce deux poids deux mesures selon qu'on s'appelle Elodie Jauneau ou Jean-Luc Mélenchon me chiffonne (bah quoi ? ça va hein). Cela dit, c'est un peu comme les resto clandés, remarque. Et puis 14 heures d'avion pour parler écologie, j'ai un début de bout de réponse je crois. Mais bon.

Je m'égare du sujet initial (non pas le sujet de la flemme mais celui du rassemblement de la gauche).

C'est rigolo parce que dans la théorie, tous les gens de gauche, en haut comme en bas, veulent une gauche rassemblée, mais dans la pratique, personne ne veut tendre la main à personne. Je dis que c'est rigolo mais en vrai, c'est pathétique et ridicule. Mais on va pas se mettre la rate au court-bouillon ni faire des insomnies parce qu'on a la gauche la plus bête du monde hein. 

Alors mieux vaut en rire même si c'est rire jaune.

Ce matin par exemple, Adrien Quatennens, sur France Inter, a affirmé mordicus que la France Insoumise a toujours plaidé pour l'union de la gauche. Il a juste oublié la liste longue comme le bras des insultes que les camarades qui ne sont pas Insoumis se prennent à longueur de journée de la part des militants FI. Il a aussi déclaré que le problème de la gauche, ce n'était pas sa désunion mais sa faiblesse. Hum. J'ai dans l'idée que si la gauche est faible, c'est aussi parce qu'elle est désunie et que si elle est désunie, c'est parce que tous les morceaux du puzzle sont faibles. Mais je ne suis pas politologue. Et je ne suis pas Adrien Quatennens non plus.

Comme je l'ai déjà dit what1000 fois, le problème de la gauche, ce ne sont pas ses morceaux éparpillés, ce sont ses chefs et cheffes à plumes.

Ubu roi

Voir aujourd'hui des cadres de partis de gauche appeler à l'union depuis des mois mais partir divisés pour les départementales et les régionales, ça me fait doucement rigoler. Et la double blague, c'est que comme ces deux scrutins vont avoir lieu en même temps, les campagnes aussi, et là, tiens-toi bien, on va se retrouver avec des camarades qui font campagne ensemble pour les départementales mais qui s'opposent pour les régionales. Sans parler du fait que les gens, à l'heure où on se parle, n'en ont rien à carrer des départementales et des régionales. Ils ne savent même pas ce qu'ils vont faire dans 2 jours, alors dans 2 mois, comment dire...

Et tout ce que je lis sur le rassemblement, l'union, l'unité de la gauche, appelle-ça comme tu veux, me désole. Tout le monde se bat pour une tête de pont (le contenant) mais personne ne semble se battre pour les idées (le contenu).

Eh Oh ! La Gauche ! (comme dirait Stéphane Le Foll)

J'espère que les cheffes et chefs à plumes qui vont se réunir samedi ont lu la tribune que nous avons signée avec pas mal de copains et copines (dont une bonne poignée d'éminents blogueurs, blogueuses et ex) les exhortant à cesser leurs conneries, à mettre un terme à cette surenchère de candidatures, à ce concours d'égos permanent et désolant et à parler du fond : changer la vie des gens, parler des vrais sujets (parce que les polémiques à deux balles dont tout le monde se contrefout mais qui occupent les médias et les politiques du matin au soir et du soir au matin, ça va deux secondes). Je vais pas t'en faire la liste ici, hein, parce que les vrais sujets de gauche, on les connaît.

Suffit juste que nos petits génies là-haut fassent un peu preuve d'humilité, fassent passer les gens avant leurs carrières et leurs partis (qui, pris séparément ne pèsent d'ailleurs pas plus lourd qu'une dinde farcie), se sortent les doigts pour laisser dehors leurs œillères, leurs boules Quiès et leurs plumes, et comprennent que l'enjeu de 2022 est plus grand que leurs petites personnes. Et accessoirement, par respect pour les camarades qui ont encore la foi en étant membre d'un parti, il ne faudra pas qu'ils oublient d'associer leur base militante à leurs décisions... pour une fois.
(Mais moi, j'en m'en fous, je ne suis plus membre de rien, sinon de moi-même, donc...)

Mais j'avoue, je n'y crois pas.

La gauche va partir éparpillée façon puzzle à tous les scrutins jusqu'à la Présidentielle incluse, elle va faire péniblement 25% toute mouillée, ce sera toujours la faute de la gauche d'à côté et elle appellera à faire barrage contre Le Pen au second tour.

Simple. Basique.

Mais moi, j'aurai poney.

24 commentaires

  1. Que cela est bien dit...la gauche française est à pleurer et, moi non plus, je n'ai plus envie de pleurer tout en courbant l'échine, en bon militant socialiste que je suis encore !
    Les égos démesurés des éléphants-es de l'ancien monde auront malheureusement toujours barre sur le doute et l'humilité, vertus essentielles de l'engagement public et de la sagesse politique.
    Il me reste malgré tout le faible espoir que socialistes et écologistes ressentent un léger soubresaut de leur fesse gauche pour tenter le consensus programmatique.

    RépondreSupprimer
  2. Constatant que l'extrême gauche et les écolos seront vaporisés au premier tour, ce qui reste des socialistes comprendra peut-être que Macron est le meilleur candidat de la gauche.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Euh... T’es sérieux ? Macron candidat de la gauche ? C’est une blague ?

      Supprimer
  3. Non. Lorsque le bilan sera fait, tu seras étonnée de voir les infographies qui fleuriront sur le mode "mesures de gauche/mesures de droite". N'oublie pas cependant, que sur les bancs de l'assemblée et dans les bancs des ministres, il y a des cohortes non négligeable de gens venant de la gauche. Après, il reste à la gauche d'aujourd'hui de définir vraiment ce qu'elle est. Et là j'attends de sourire.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Pour le coup, ce n’est pas parce qu’il y a dans les rangs de la majorité des gens venus de la gauche, que ça en fait une majorité de gauche.
      La loi asile immigration, la réforme de l’assurance chômage, la réforme des retraites, la baisse des APL, l’immobilisme face à la détresse étudiante, pardon mais elle est où la gauche là-dedans ?

      Supprimer
  4. Tu ne regardes que le verre à moitié vide, et encore, tu reprends des slogans en évitant bien de regarder ce qu'il y a dedans. Toutes ces réformes auraient dû être menées par Hollande, tu le sais très bien. Après tout pourquoi ne pas citer Benalla, la teub à Griveau ou bien les crevettes de Rugy ?

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. D’où elles auraient dû être menées par Hollande ?
      N’ayant jamais été une bénie oui oui de Hollande, je ne les aurais jamais défendues.

      Quel rapport avec Benalla, Griveaux et de Rugy ?

      Supprimer
    2. Bonjour

      Macron a été le seul candidat sur lequel une partie de l'électorat de gauche (dont moi, je l'avoue) a pu se rabattre en 2017, faute d'une part à un absence totale de candidat décent à gauche, et, d'autre part, à la trouille bleue qu'inspirait une présidence Fillon (personnellement je n'ai jamais eu autant le sentiment de me faire lâcher par un politique que le soir des primaires des républicains, qui avaient vu la victoire de Fillon, lorsque Hammon considérait que la priorité de PS restait de dégager les Hollandistes. Il ne parlait pas encore de rassemblement de la gauche à ce moment, le p'tit Ben...)

      Après, on ne va pas se mentir, Macron homme de gauche c'est pas sérieux.

      Et l'idée d'un second mandat du bonhomme, sans la pression de la réélection (mais avec peut être l'objectif de s'assurer un après mandat rémunérateur), me fait plutôt craindre pour nos acquis sociaux...

      Gadebois

      Supprimer
  5. Bah, j'essaye tout simplement de dire que la gauche libérale ou bien centre-gauche devra constituer un mouvement majoritaire pour faire avancer les idées de gauche que jamais EELV ou bien LFI ne feront avancer. Ceux-là ont d'autres priorités, dont dézinguer systématiquement le centre-gauche justement. A part ça, tu as tout à fait le droit de ne pas être une béni-oui-oui de Hollande, qui je te rappelle fut le second président issu de la gauche de la 5eme. a commence à faire long.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. On est d’accord pour Hollande.
      Quant au centre gauche et gauche libérale, aussi. Jadot a beau être chez les verts, il est quand même plus proche de cette gauche-là que de celle de LFI.

      Quant à Macron, au risque de me répéter, rien avoir, il est de droite.

      Supprimer
  6. Une seule option possible: faire lâcher le connard de chien vert qui nous tient la jambe depuis pas mal de temps. Il nous a tout piqué: les électeurs, la possibilité d'avoir un programme propre et plein d'autres choses...
    Ça ressouderait un peu le parti.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Ce billet parle de la gauche. Pas d’un parti plus qu’un autre... 🤷🏻‍♀️

      Supprimer
  7. Une seule option possible: faire lâcher le connard de chien vert qui nous tient la jambe depuis pas mal de temps. Il nous a tout piqué: les électeurs, la possibilité d'avoir un programme propre et plein d'autres choses...
    Ça ressouderait un peu le parti.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Euh... Je parle de gauche et vous me parlez de parti, n’est-ce pas un des noeuds du problème ?

      Supprimer
  8. Je ne savais même pas que le Leader Minimo était parti en vacances en Amérique du sud. Il y a lui qui m'insupporte avec ses supporters de merde et les autres qui sont lamentables, je crois que j'aurais poney aussi.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Ton commentaire était parti dans les spams avec Fredi M.
      C’est un scandale

      Supprimer
  9. OOOOh comme tu es chou de me citer avec autant d'admiration hihi. Je t'admire aussi, tu sais, même si tu blogues moins. #JenesuispasElodie

    Pour ce qui est de la gauche irréconciable pour tous les gnagnagnas que tu évoques, y a pas un bouton kekpar qui permettrait de faire un reset, d'effacer réellement les ardoises, les égos ? bisou ma grande

    RépondreSupprimer
  10. Bonjour Madame, j'ai l'impression, parce que je vous lis régulièrement, qu'ici nous sommes dans la pensée socialiste "rose céladon". Et, parce que je suis un socialiste déçu, un mot comme "gauchistes", qui est malheureusement du même ordre qu'un étiquetage promotionnel à deux balles, je me sens visé, je ne suis pas le seul. Ici, dans cette ville du Sud, où, dans les arènes se rassemblent en communion bruyante la droite et la gauche, lors des dernières municipales tous les courants de la gauche rose, rouge et rouge violet + verte se sont unis dans une liste. Cela ne s'est pas fait sans mal, des mois durant des équipes se sont mises au travail afin de bâtir un programme. On y croyait ! Le premier tour fut une péripétie grotesque, le score inespéré du second tour en corrigea les erreurs. La gauche nationale tergiverse: Un an pour établir un plan de table ou un an pour travailler un programme ?
    Merci pour l'accueil.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Bonjour Bulle de Gomme et merci pour votre fidèle lecture ici.
      Dans ma bouche ou sous mon clavier, le mot « gauchiste » n’est absolument pas péjoratif.
      Je ne doute pas que vous le savez si vous me lisez souvent.

      Oui la gauche nationale tergiverse trop, là-dessus on est d’accord.

      En revanche, je suis très attachée au clivage gauche droite, non par idéologie mais parce que les exemples ne manquent pas pour montrer qu’une ville, un département, une région ou un pays, géré par la droite ou par la gauche, ce n’est pas pareil.

      Les alliances locales hyper larges deviennent totalement ubuesques quand les scrutins nationaux arrivent.

      Par contre, je n’ai pas compris la métaphore de la « gauche céladon ». Que vouliez-vous dire ?

      De rien pour l’accueil, vous êtes le bienvenu !

      Supprimer
  11. Bonjour Madame,
    "rose céladon", c'est joliment esthétique dans le paysage printanier ou dans un intérieur ouaté. ça ne détonne pas, ça n'étonne plus. Dans un pays peu apaisé, comme le nôtre, ce rose céladon est invisible. C'est le résultat d'une lessiveuse électorale: délavé. Pourtant les idées et les espoirs demeurent, qu'est donc devenu le parti qui voulait "changer la vie" ?
    Ici, la province, PC, PS, Génération.s, LFI et les Verts sont au-delà de ce que l'on a voulu nous faire accroire, le mot "traître" est aux abonnés absents.
    Le respect du résultat électoral, qu'il soit celui des primaires du PS ou celui d'une municipale est le pivot de tout action concertée.
    (si cela peut vous rassurer, ce qui réunit les édiles dans les arènes est un amour déraisonnable de la tradition taurine).
    Merci.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Vous avez raison et c’est en effet une partie du problème. Ce qui est possible à échelle locale serait impossible à échelle nationale.
      C’est désolant.
      Et bien vu pour le céladon en effet.

      Supprimer