Mon corps, mon choix, mon utérus. Pas d'enfant : si je veux.

Image chopée chez Fiona Schmidt


Il aura donc fallu une sortie toute pétée de Macron, lors de sa conférence de presse du 16 janvier 2024 pour que je retrouve le chemin de ce blog.
Vous pouvez donc remercier notre cher Président de la République. Merci Manu.

Ainsi donc, il faut nous réarmer démographiquement.

Notre France sera aussi plus forte par la relance de sa natalité.
Nous étions jusqu'à récemment un pays dont c'était la force, sans doute la singularité en Europe, quand on se comparait aux voisins. Et c'est moins vrai depuis quelques années.
Alors, il y a derrière cela des angoisses qui vont avec la société, peut-être des choix pris jadis sur certains sujets financiers... Il appartiendra au Gouvernement de poursuivre ce travail, mais je voudrais insister sur deux points pour essayer d'améliorer les choses.
La natalité baisse aussi parce que l'infertilité progresse. Et je parle là, d'une forme de tabou du siècle, mais les mœurs changent. On fait des enfants de plus en plus tard, l'infertilité masculine comme féminine, a beaucoup progressé ces dernières années et fait souffrir beaucoup de couples. Un grand plan de lutte contre ce fléau sera engagé pour permettre justement, ce réarmement démographique.

Rien ne va dans cette déclaration.

Que l'infertilité des couples qui veulent des enfants soit une souffrance, pas une seule personne n'en doute. Mais réduire la baisse de la natalité au seul sujet de l'infertilité est, au mieux, un raccourci caricatural, au pire, une méconnaissance totale de la société dans laquelle on vit, de la planète sur laquelle on vit, des réalités du quotidien mais aussi du fait qu'aujourd'hui, au 21ème siècle, ce n'est plus un tabou d'être une femme et d'assumer ne pas vouloir d'enfant pour un tas de raisons. Non seulement l'assumer, mais aussi le revendiquer.

Sur une planète qui crève de ses 8 milliards d'habitants et dont plusieurs millions sont menacés par la guerre, le réchauffement climatique, la misère ou la pauvreté.

Sur une planète où la dégradation de notre environnement est telle, que ça fait des décennies qu'on engloutit, avec le sourire, des microplastiques, des substances chimiques, des perturbateurs endocriniens, des particules fines, des OGM, des pesticides, de la merde en barre enveloppées dans des jolis emballages, et dont la responsabilité sur l'infertilité n'est plus à prouver. (Sans parler de la génération Tchernobyl... Coucou les quadras👋)

Dans un pays où les femmes en ont ras le chignon qu'on leur dicte leur conduite en public, en privé, dans l'intimité du foyer, au travail, dans la rue, où on les exhorte à faire des bébés qui seront la force vive d'une nation de travailleurs... Mais au secours, sans déconner...

Mon corps, mon choix. Mon utérus. Pas d'enfant : si je veux.

Nous sommes 8 milliards sur terre. Et notre Président voudrait qu'on soit... quoi... 9 milliards ? 10 milliards ? Il va se passer quoi si tous les pays font ce choix du "réarmement démographique".

Et ce mot "réarmement", que veut-il dire ? C'est quoi le projet ?

Rien ne va dans cette déclaration. Absolument rien.

Et Macron aura beau agiter les bras, faire de grands moulinets et brasser de l'air pour crier à qui veut l'entendre que cette déclaration n'est pas de droite ou d'extrême-droite, personne ne peut le croire.

Remember florilège :
  • Le 13 février 2023 sur France Inter, Sébastien Chenu nous invite à mettre nos utérus au service de la natalité française pour fabriquer des ouvriers français.
  • Le 16 février 2023 sur France Inter, Xavier Bertrand appelle à une politique nataliste plus ambitieuse.
  • 19 février 2023 sur Europe 1, Geoffroy Roux de Bézieux veut lutter contre le chômage grâce à une politique nataliste ambitieuse.

Et maintenant, le 16 janvier 2024, Emmanuel Macron appelle au "réarmement" démographique.

Le point commun entre tous ces braves gars ? La réponse est dans la question, ce sont tous des hommes qui dictent aux femmes de faire des enfants. Et ils sont tous de droite ou d'extrême-droite.

Les mots ont un sens.

Les enfants ne sont pas des armes. On ne fait pas des enfants pour réarmer un pays. On dirait Poutine qui exhorte les femmes russes à faire des enfants par milliers pour combler les pertes humaines liées à la guerre. On dirait le même discours qu'aux lendemains de chaque guerre après que les classes creuses des pyramides des âges nécessitent d'être comblées par des bébés.

Les gens qui font des enfants ne les font ni pour réarmer un pays, ni pour payer nos retraites. On ne fait pas des enfants pour arrondir ses fins de mois ou faire tourner l'économie du pays.

Nous sommes 8 milliards sur terre. Il y a 330 000 personnes sans domicile fixe en France dont 3 000 enfants. 

Faire des enfants à tout prix ? Pour réarmer le pays ? Seriously ? Pour redevenir une grande puissance nataliste en Europe ? Seriously ? Quand les politiques publiques qui sont censées leur garantir un toit, une éducation, une bonne santé et un métier, le tout dans un environnement sain, sont en dessous de tout depuis des années ? 

Laisser le choix aux femmes, voilà ce qu'il faut faire, Monsieur le Président.

Et laisser leurs corps tranquilles.
Et leur permettre, surtout, de faire ce choix en toute liberté, sans culpabilisation ni injonction. En leur garantissant des droits et une sécurité pour leurs enfants. en leur garantissant des droits et une sécurité, en tant que mère. En leur garantissant un accès libre aux soins médicaux, gynécologiques, obstétriques et prénataux quand elles veulent un enfant (coucou les fermetures de maternités et les déserts médicaux👋). En leur garantissant un accès libre et sans entravé à l'IVG quand elles n'en veulent pas (re-coucou les fermetures de maternité et les déserts médicaux👋). 

Message de service : ne pas vouloir d'enfant et l'assumer est un choix tout aussi respectable que celui d'en vouloir.

Non. Vraiment. Rien ne va dans cette déclaration. Absolument rien.

Et on passera sur l'absence totale de considération pour les familles monoparentales, les mères seules, les couples de femmes et / ou celles qui veulent un enfant seules.

J'ai hâte d’entendre Aurore Bergé, notre nouvelle Ministre déléguée auprès du Premier ministre, chargée de l'Egalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les Discriminations, faire le service après-vente de ce réarmement démographique et nous rappeler combien la lutte contre les violences faites aux femmes est une grande cause du (des ?) quinquennat d'Emmanuel Macron, ce grand féministe devant l'éternel qui, à en croire ses propos mardi dernier, serait presque l'inventeur du mouvement #MeToo.

On est à deux doigts du #JeSuisMeToo... Mais on a déjà atteint le climax du mansplaining.

Et on passera sur la réponse, totalement pétée elle aussi, qu'il a faite pour répéter une nouvelle fois qu'il ne regrettait rien des propos qu'il a tenus sur le plateau de C à Vous pour défendre Depardieu, l'indéfendable.

Bref, au risque de me répéter : rien ne va dans cette déclaration.

Et, encore une fois, Macron a réussi l'exploit, en seulement quelques petites minutes, de se mettre 99% des féministes (et non pas des féminazies, coucou les réacs 👋) à dos.

Joli coup. Bravo champion !

La preuve :

14 commentaires

  1. Tiens un billet ! Je vais donc commenter...

    Je suis assez d'accord avec toi mais, dans les propos de Macron que tu cites, seule la première phrase me gène, notamment la locution "relance de la natalité".

    Pour le reste, il ne fait, dans cet extrait, qu'annoncer un plan de lutte contre l'infertilité. Où est le mal ?

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    1. Le diable se cache dans les détails.
      1) lutter contre l’infertilité 2) c’est le "réarmement démographique" le problème. Et tout ce qui se cache derrière.

      Toujours anonyme sur mon propre blog depuis un iPhone 😱

      Elo

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    2. Je me souviens d'une partie de cache-cache de mon enfance. L'un de nous, malin, s'était planqué derrière un réarmement démographique qui traînait là : on ne l'a jamais trouvé, on le cherche encore...

      DG

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    3. Il reste que s'énerver à ce point pour une simple ânerie macronoïde me paraît bien exagéré : c'est donner de la consistance à ce qui n'était que du vent.

      À moins, bien sûr, que le sujet ne vous touche d'une manière particulière, plus intime...

      DG

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    4. Parfaitement. Le sujet me toucbe personnellement.
      Je n’ai pas d’enfant, je n’en ai jamais voulu et je l’assume.
      Mais je peux vous dire que je ne l’assume pas depuis très longtemps et quand j étais en âge d’en avoir, je ne supportais pas ces injonctions du style « et toi ? C’est pour quand ? », « mais ça ne te manque pas ? », « et tu ne ressens pas au fond de toi cet instinct maternel? »…
      Bref…

      Elo.

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    5. Oui, j'imagine qu'à la longue, ça doit devenir particulièrement casse-couilles (ou casse-ovaires…), ce genre de sous-entendus pas toujours légers.

      D'autant que le fameux "instinct maternel" n'existe nullement, en tout cas il ne peut exister AVANT la naissance d'un hypothétique enfant. Avant la conception, seul l'instinct sexuel existe. Et le fameux "désir d'enfant" n'est qu'un assez banal désir d'imitation, de mimétisme, au sens où l'entend René Girard.

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    6. Voilà.

      Lourdingue oui.

      Elo.

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  2. J'ai trouvé le propos assez pitoyable, venant d'un homme qui n'a pas d'enfant.

    Et je souscris à tout ce que tu as dit. Les femmes sont libres de faire ce qu'elles veulent de leur corps.

    Bonne année.

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    1. Merci.

      Quand bien même il eut été père de famille nombreuse, son propos n’en aurait pas été plus acceptable pour autant.

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    2. Mon cher Denis, si le fait de se reproduire rendait plus intelligent, cela se saurait, depuis le temps.

      (Chez Nicolas, un commentateur particulièrement en surchauffe préconise de retirer le droit de vote aux gens sans enfant, sous prétexte que "l'avenir, z'en ont rien à foutre". Je suis sûr que lui, il en a une, de progéniture… mais je n'aimerais pas être à la place de la dite !)

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    3. Ah mais arrêtez de stigmatiser les cons qui commentent chez moi !
      NJ

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    4. Totalement d'accord. Ce que j'ai voulu dire, c'est que ce genre de propos, dans sa bouche, étaient d'un ridicule absolu.

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