Si tu viens ici souvent, tu n'es pas sans savoir que je suis engagée auprès d'Alain Bétant pour les élections municipales de 2014.
Et ça se passe dans la bourgade de Yerres, près de 30 000 habitants au compteur.
Bourgade qui est aux mains de Nicolas Dupont-Aignan depuis 17 ans.
Quand il a été élu la première fois, je n'avais pas encore le droit de vote et je ne vivais pas à Yerres. J'y suis arrivée en 1997.
Et par la suite, je n'ai jamais voté pour lui. Ce serait très prétentieux de ma part de te dire que je n'ai pas voté pour lui parce que j'étais engagée, parce que je n'adhérais pas à ses idées politiques ou que sais-je encore.
Non.
Je n'ai pas voté pour lui parce que sa politique locale ne me plaisait déjà pas. Gauche ou droite, quel qu'ait été son parti à cette époque (parce que faut suivre ses différents engagements RPR, de Villiers, Pasqua...), je n'ai pas voté pour lui:
- des candélabres en veux-tu en voilà,
- des fleurs à ne plus savoir qu'en faire,
- des ronds-points,
- des jets d'eau en mode Grandes Eaux versaillaises,
- des jardinières qui sèchent sitôt le 20 juin arrivé,
- des suspension florales qui décrépissent sitôt suspendues,
- des pavés casse-gueule qu'il faut changer tout les ans,
- des quotients familiaux dont même le plus bas place les loisirs au rayon des produits de luxe,
- une cuisine centrale qui n'a de cuisine que le nom (je ne suis pourtant pas difficile),
- une politique de l'apparat et du visible qui oublie tout ce qui ne se voit pas,
- des impôts locaux toujours plus élevés, malgré ses promesses de campagne d'il y a 17 ans,
- une politique culturelle qui exclut 1/3 de la population: les jeunes,
- des propositions d'aménagements qui me laissent sans voix...
Bref, la liste est longue et je pourrais continuer comme ça longtemps.
Et puis, au fil du temps, après avoir découvert le maire, j'ai découvert le cumulard puis le candidat aux Présidentielles.
Peu à peu, il a acquis sa petite notoriété qui fait que quand je dis aux gens où j'habite, ils répondent d'abord
"Ah? Connais pas..."
Puis quand je leur dit qui est mon maire, ça se précise et ils répondent:
"Ah! C'est moche"
Et je n'ai pas que des amis gauchistes... Loin de là.
Mais ici, à Yerres, dans ce microcosme endormi, quand on discute avec les gens, ils disent:
"C'est un bon maire."
Un bon maire de droite oui. Qui pratique une politique de droite. Un tellement bon maire de droite que 28% des Yerrois sont capables de voter pour lui aux Présidentielles. C'est surréaliste.
Aujourd'hui, Nicolas Dupont-Aignan a forcément acquis une couverture médiatique.
Grand bien lui fasse.
Le problème, c'est qu'aujourd'hui, j'ai un peu honte de vivre à Yerres à cause de "mon" maire et de ses prises de position "nationales". Ajoutées à sa politique locale que je viens de résumer, ça fait beaucoup.
- Mardi dernier, j'ai assisté à une conférence sur la "théorie du genre" dans une salle municipale. J'en ai fait un billet. Tu peux aller lire. Nicolas Dupont-Aignan n'était pas là, mais il était représenté par son directeur de la communication qui l'a excusé.
- Aujourd'hui, je viens d'apprendre que la guest star de son prochain meeting serait Frigide Barjot.
- Hier, il fricotait avec l'extrême droite européenne.
- La semaine dernière, Florian Philippot déclarait dans L'Express que le programme de Nicolas Dupont-Aignan était identique à 99,5% à celui du FN.
Pendant les campagnes municipales, on entend souvent dire qu'on vote davantage pour un homme que pour un parti. Que les Yerrois ne soient pas tous des militants de Debout la République, ça je veux bien le croire.
Mais si on vote pour un homme, je m'interroge sur le degré de tolérance qu'on peut avoir.
Vraiment.