Non, je ne regrette rien.



Il y a un an jour pour jour, je quittais le Parti socialiste.
Facebook, dans son génie algorithmique, me l'a rappelé dans la rubrique "Ce jour là". Donc je l'ai repartagé et Nicolas m'est tombée dessus en m'accusant de faire du recyclage de billets de blog.
Gilles a relevé que c'était parce que j'étais écolo. Ce qui est vrai aussi. Toujours est-il que trop de recyclage tue le billet de blog, donc me revoilà ici, la fleur au fusil, après un dernier billet datant de plus d'un mois.

Donc, depuis que j'ai quitté le PS, la question qui revient tout le temps, c'est :

"Alors ? ça te manque pas trop ?"

Et ma réponse est toujours la même : "du tout !"
Il se passait tellement rien d'intéressant dans ce parti quand j'y étais que rien n'a changé dans ma vie quand j'en suis partie et que, ce qui aurait pu causer un grand vide, n'a en fait eu aucune incidence. Dans la balance bénéfices-risques pour employer un terme à la mode, le soulagement et la légèreté de ne plus avoir à assumer les conneries et les pratiques de ce parti sont bien plus importants qu'un éventuel hypothétique sentiment d'être utile à ce parti, aux gens qui en attendent des choses et aux camarades qui auraient pu, potentiellement, à un moment, avoir besoin de moi.
Jamais je ne regretterai les recadrages en règle par téléphone, mail, MP, DM, m'accusant de "dégueuler sur les réseaux sociaux" ou de commettre des "fautes politiques".
Jamais je ne regretterai d'avoir quitté un parti que je n'assumais plus, m'empêchant de me regarder en face le matin dans le miroir.
Jamais je ne regretterai la lâcheté et l'incohérence de ce parti qui parlait beaucoup mais agissait peu.
Jamais je ne regretterai d'être partie au moment-même ou la Direction nationale foutait à la porte comme des malpropres des salariés traumatisés par un dircab au management brutal.
Je ne regretterai pas non plus cet épisode personnel d'avril 2020 qui m'a mise bien plus en colère que pas mal d'autres trucs dans ce parti.

Choco BN

En plein confinement, le parti n'avait rien trouvé de mieux à faire que de convoquer les bureaux nationaux à 17h30 en visio. 
Je sais pas... Au prétexte qu'on était toutes et tous en télétravail, ils devaient s'imaginer qu'on était passés à 32h / semaine ou qu'on était toutes et tous au chômage partiel pour avoir le temps de se connecter à 17h30 un mardi.
Du jour où les BN (pas les choco hein, les instances du PS) ont été convoqués à cette heure-là, je n'ai plus pu y assister. C'est pas faute de l'avoir fait savoir et d'avoir réclamé à cor et à cri, non seulement de les convoquer plus tard, mais en plus d'avoir des comptes rendus quand on ne pouvait y assister.
Je n'aurai obtenu ni l'un ni l'autre.
Olivier Faure lui-même (le Premier Secrétaire du PS hein, si tu sais pas qui c'est) m'a répondu un jour que les cadres du parti fuitaient tellement dans la presse sitôt les BN finis qu'on pouvait pas prendre le risque de faire circuler des comptes rendus. Bref.
Donc, à compter d'avril 2020, en gros, je n'ai plus assisté à aucun bureau national commençant à 17h30, sinon en me connectant avec une ou deux heures de retard, après une journée de boulot et au moment où le Premier Secrétaire les concluait, la plupart du temps. 
Pendant ce premier confinement - que j'ai pas super bien vécu, comme tu le sais si tu as l'habitude de me lire ici - j'avais pris l'habitude d'aller marcher. Presque tous les jours pendant l'heure réglementaire dérogatoire sur  une distance d'1 km, réglementaire elle aussi. Et j'avais pris l'habitude en rentrant de chaque balade de poster sur Facebook une petite photo de mon périple.

La mare aux canards

Le 8 avril 2020, le Canard Enchaîné sort un papier à charge contre le PS, relatif au dispositif de chômage partiel que le parti a sollicité pour celles et ceux qu'on appelle "les permanents", autrement dit, les salariés du parti.
Après avoir sollicité plusieurs cadres de la Direction Nationale du parti pour tenter d'avoir une explication ou, a minima, des éléments de langage pour défendre la chose, et ce pendant plusieurs jours, en vain, j'ai commis l'irréparable en postant ledit article sur Facebook, 4 jours plus tard, soit le 11 avril.

La magie

Il y a un truc magique au Parti socialiste : quand tu sollicites des explications ou des éléments de langage par SMS, par mail, dans les boucles ou groupes dits officiels et sécurisés, tu n'obtiens jamais, ou quasiment jamais, de réponse (enfin, moi en tous cas, c'était un rapport du genre 80-20). En revanche, si tu "dégueules" sur les réseaux sociaux, tu peux être sûre d'avoir une réponse dans les 10 minutes.
Et donc, ça n'a pas loupé. J'ai reçu un SMS du Premier secrétaire, un autre d'un autre cadre qui m'a recadrée, deux MP incendiaires qui me gueulaient dessus (sans répondre à ma question cela va sans dire), plusieurs commentaires sous mon post Facebook explicatifs et constructifs... Mais j'ai aussi reçu ça :


C'est ce jour où un salarié du parti, payé, entre autres, grâce à mes cotisations et à celles de mes camarades, a usé de telles méthodes, que j'ai compris que je ne pouvais plus rester dans un parti qui les cautionnait. 
Ça faisait déjà un an que j'en avais ras-les-couettes, il me faudra alors un an de plus pour partir définitivement. 

Alors non.
Vraiment.

Je ne regrette rien.

À part, peut-être, d'avoir attendu 2 ans de trop....

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22 commentaires

  1. Tu devrais oublier tout ça, c’est le mieux à faire. Tu as des blessures encore en toi.

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    1. Bien sûr que j'ai des blessures. Une palanquée de "camarades" se sont comportés comme des gros connards.
      Pas question d'oublier. Et pas question de me taire non plus quand ça me revient en mémoire.
      3 billets sur le PS en un an, je crois que j'ai tourné la page 😎

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  2. Sans doute, sans doute… Mais voyez un peu dans quel état est ce pauvre parti depuis que vous n'êtes plus là pour l'animer, le vivifier, le transcender, le sublimer…

    Vous devriez avoir honte !

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    1. Ahaha. En effet, c'eût été dommage de ne pas sortir ce commentaires du réceptacle à spams dans lequel il était tombé.

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  3. Je ne sais pas si quelqu'un a pensé à vous le dire, mais je pense que vous devriez oublier tout ça, c'est le mieux à faire. Vous avez des blessures encore en toi… Euh, non : tu as des blessures encore en vous… euh…

    Enfin, vous voyez le truc, hein ?

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    1. Oui je vois le truc. Parfaitement.
      Pour être tout à fait honnête, je n'y pense jamais sauf quand les connards se rappellent à mon bon souvenir. Autrement dit, 2 ou 3 fois par an seulement.

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  4. Sinon, mon premier commentaire semble être passé à la trappe. Il n'était pas spécialement intelligent ni intéressant, mais tout de même plus que celui-là.

    Néanmoins, ma réputation ne perdra rien à sa disparition… d'ailleurs, je ne me souviens même plus de ce que je pouvais bien y dire.

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    1. Ne me remerciez pas de l'avoir sorti de la benne, donc.

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    2. Finalement… après mûre réflexion… vous ne voulez pas le refoutre dans les spams ?

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    3. Vous avez vraiment mauvais fond, comme fille…

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    4. C'est tout à fait ce qui me définit en effet

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  5. J'aurais pu dire comme Jeff (je ne sais pas si tu as vu son commentaire) :
    "Tu devrais oublier tout ça, c’est le mieux à faire. Tu as des blessures encore en toi."

    Mais non, j'aurais tendance à dire trop bonne trop conne finalement, ils ont bien profité de toi.

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    1. Oui j’ai vu son commentaire, il a été publié 3 fois 🤣🤣

      Et je lui ai répondu.

      Pour le reste, sans doute, oui.
      Des connards, quoi.

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  6. Tu vas y retourner, présenter tes excuses et tout ça. Non mais sans blague.

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