En 2013, je publiais un billet dans lequel j'expliquais pourquoi on ne dit pas "Journée de LA Femme" pour le 8 mars.
Aujourd'hui, rebelote. A J - 2 de ladite journée, force est de constater que c'est encore un festival de joyeusetés et de libertés sémantiques qui révèlent, certes, de (parfois) louables intentions, mais également une espèce que je m'en foutisme du pourquoi du comment le 8 mars est, non pas la journée de LA femme, mais la journée internationale pour les droits des femmes.
Car non, le 8 mars, on ne célèbre pas LA femme, on ne rend pas hommage à LA femme, ce n'est pas non plus SA journée.
On ne rend pas hommage à son talent naturel pour entretenir sa féminité, ni à sa dextérité innée pour les tâches ménagères, ni à son goût immodéré pour les fleurs et autres futilités superficielles.
Tout comme la France peine à traduire correctement le mot gender, il semble qu'elle ait également quelques soucis de traduction pour International Women's Day Rights... qui, sauf erreur de ma part, ne se traduit pas par un singulier, et encore moins par "Journée de la femme". Expression dans laquelle les femmes deviennent un archétype et où les droits passent à la trappe.
Pourtant, quand l'ONU a adopté la résolution 32/142 en 1977, le premier mot de cette résolution, est bien Women (et non pas woman).
Et quand elle invite tous les pays du monde à proclamer un jour de l'année comme la journée des Nations Unies pour les droits des femmes et la paix internationale, c'est encore le mot Women qu'elle emploie.
Alors oui, ça fait une légère différence. Parce que quand on décide de transformer la "journée internationale pour les droits des femmes" en "journée de LA femme", c'est une entité singulière qu'on met en avant, avec tout ce qu'elle draine dans son sillage de préjugés, de clichés, de soi-disant vertus naturelles et talents innés.
Et c'est ainsi que, dans certaines villes, comme à Courcouronnes, on se retrouve avec des manifestations telles que : ateliers maquillage, cours d'art floral, pédicure, manucure, massage voire, comme à Angoulême : un concours de repassage.
Où sont donc passés les droits des femmes ? In the kitchen ? Avec Brian ?
Alors tant qu'on continuera à galvauder cette journée, ignorer ses origines, occulter ses objectifs et déformer son appellation, on assistera, chaque année, ici ou là, à des manifestations toutes plus sexistes et réductrices les unes que les autres.
Les mots ont un sens, le pluriel et le singulier aussi.
19 commentaires
A quand la journée de la pipe ?
RépondreSupprimerEt la journée des cons? C'est aujourd'hui non?
SupprimerCe commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.
SupprimerLa journée des femmes : ce sont les habitantes de Cologne qui en parlent le mieux.
RépondreSupprimerSinon, dites : vous faites dans le troll bas de gamme maintenant ? Sans m'vanter, c'était mieux avant…
RépondreSupprimerOui tout fout l'camp.
SupprimerRappel salutaire. Malheureusement, nous allons être inondés de "Journée de la femme, journée internationale de la femme".
RépondreSupprimerJe me demande s'il ne faudrait pas envoyer ce texte aux directeurs de rédaction et autres des médias, un peu avant ladite journée, histoire de les inciter à en parler correctement.
Voilà : ne perdons jamais une occasion d'inciter les journalistes à parler correctement. Par la contrainte, au besoin.
SupprimerUne incitation par la contrainte? Ca résume toute votre pensée politique.
SupprimerC'est un peu comme "Human rights" qu'on traduit par "Droits de l'homme" et pas "Droits humains" comme il se doit. Je me souviens que Ségolène Royal s'en prenait plein la gueule quand elle disait préférer la première.
RépondreSupprimerCela m'ennuie profondément, mais je suis d'accord avec Mme Royal sur ce point: "droits humains" est du charabia. Comment un droit pourrait-il être humain ? Il faudrait tout de même, avant de parler, comprendre ce que les mots signifient !
SupprimerRassurez-vous Didier, j'ai fait une coquille dans mon commentaire : Ségolène Royal préfère la SECONDE expression à la première. L'honneur est sauf, vous pouvez continuer à ne pas être d'accord avec elle, !
SupprimerOuf ! Vous m'ôtez un sacré poids ! (Ça m'étonnait, aussi…)
SupprimerJe crois que le français est la seule langue dans laquelle on parle de droits de l'homme, et non de droits humains.
SupprimerAdmirable autant qu'universel polyglotte, est-il bien sage de croire savoir ?
Supprimer(Ignace, agnostique ignare)
C'est une sorte de tradition républicaine les "journées de ceci celà" .... La journée des semailles , la journée du vent , la journée de la lune , du soleil ..... La journée de l'ETRE SUPREME ...... Il y a quelque chose de religieux dans cette volonté d'associer chaque journée à quelque chose .... Bon , chez les curetons c'était à tel ou tel saint ..... Il y a quelque chose de mystique et de mystificateur dans ce genre de truc ceremoniel ...............
RépondreSupprimerJ'ai bien compris qu'aujourd'hui, il s'agissait de la "Journée des Droits de la Femme" et j'a décidé de m'y associer pleinement.
RépondreSupprimernous sommes jeunes mariés et il n'y a que quelques mois que nous avons soufflé nos cinquante premières années et aujourd'hui, pour la première fois, j'ai laissé un droit à ma chérie : celui de me porter le café au lit et elle en a été parfaitement heureuse.
Aaaaah... Les droits de LA femme (mariée), quel pied ! ;-)
SupprimerC'était bien sûr le clin d’œil à la journée.
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