Confinement. Episode 14. Passion bullshit

Notre croisière en Confinement attaque sa quatrième semaine. On ne sait toujours pas quel jour on est ni quel jour ça va se finir. Enfin, sauf Cyril Hanouna. Lui, il sait. Il a même la carte du déconfinement. Et il l'a même partagée en direct et en live avec des millions de fanzouzes. Et il s'est fait déglinguer dans les heures qui ont suivi par tous les fact checkers de France. Mais il s'en fout, il est content. Il l'a même tweeté. Il est content parce que ses émissions cartonnent mais attention les ptits chéris, cette carte est fausse.
Trop tard mec. What1000 fanzouzes l'ont partagée sur les réseaux sociaux.

Passion bullshit

La France s'ennuie. Les médias aussi. Comme chez Le Parisien. On s'y fait tellement chier qu'on ne sait plus quoi inventer pour meubler le vide intersidéral des Français-es confiné-e-s. Alors ils n'ont rien trouvé de mieux à faire que de dégainer un sondage exclusif en avant-première mondiale all over the world:
D'après vous, ce protocole à base de chloroquine est-il un traitement efficace contre le coronavirus?
Et alors là, tenez-vous bien. 59% des Français-e-s pensent que oui. Ou comment Le Parisien la joue 67 millions d'infectiologues. Ces gens sont des génies. Pas les 59% qui pensent que la chloroquine fonctionne hein. Mais Le Parisien et les instituts de sondages. Des génies, on vous dit.

Le Parisien, encore lui, a fait très fort, deux fois de suite. S'inscrivant dans la tendance du moment qui veut réfléchir à l'après, au jour d'après, au monde d'après, à la France d’après, il nous a offert une belle une, bien virile, bien blanche, bien mâle.


Bravo les veaux.
Dans les heures qui ont suivi, Le Parisien s'est excusé. Trop tard les gars.
Et dans la série "Le monde d'après promet d'être trop cool", on aussi eu le droit à une séquence sensationnelle sur BFM Business :
Peut-on faire travailler ses salariés bénévolement pour aider à l'effort national de production? #BFMBusinessAvecVous
Notez bien le hashtag. BFM avec nous. Mais avec qui au juste ? On se demande

Tout le monde y va de son monde d'après

C'est la grande foire à 10 balles des plateformes participatives et des scénarios plus verts, plus courts, plus égalitaires, plus friendly, mois mondialisés. Tout le monde se rue sur le jour d'après alors qu'on attend toujours le jour du pic de l'épidémie. Et dans cette joyeuse cacophonie, on retrouve Guillaume Peltier (qu'on avait un peu oublié il faut bien l'avouer) qui dégaine l'idée de génie. The idea : lui, numéro 2 des Républicains et créateur de la Droite Forte à l'époque de Sarkozy, suggère carrément de supprimer jusqu’à 5 jours de RTT tout en augmentant les salaires, afin de financer santé et agriculture dans la "reconstruction" post-épidémie de coronavirus.
Bravo le veau.
Les réflexions autour du monde d’après sont sympathiques et décalées : en réalité, personne ne sait dans quel état se trouveront le pays et le reste du monde (Françoise Fressoz)

Au bal masqué Ohé Ohé

Pendant ce temps-là, la France se met à la couture, au découpage, au pliage, aux origamis, pour fabriquer des masques. Parce qu'on n'a pas de masques mais on a des tutos. Et maintenant que le masque est devenu le must have de la saison printemps-été 2020, pas question de passer à côté. Ils doivent bien rigoler les ministres qui se sont succédés sous Sarkozy puis sous Hollande et qui ont jugé qu'il n'était pas nécessaire de fabriquer, puis de stocker, des masques en quantité industrielle. Ils rigoleront moins quand l'heure sera venue de rendre des comptes.
Parce que même si je suis sur le point de déambuler avec un joli masque à fleurs en guise de barrière psychologique mais certainement pas de geste barrière, je l'ai un peu mauvaise et je ne suis pas la seule. Mais chut ! Il paraît que ce n'est pas le moment de polémiquer. Il faut faire nation. Il faut faire corps. Comme à l'armée. Comme pendant la guerre. 
Parce que c'est la gueeeeeeeerrrrrrre.

Et sinon ? La vie, la vraie ? Ça dit quoi ?

Mon week-end a duré trois jours. J'avais posé mon lundi. Donc, évidemment, aujourd'hui, je me crois lundi. Il fait beau, ça fait du bien. Mais lundi, il a fait moche. Et j'ai eu le sentiment d'entrer dans un long tunnel de lassitude. Je me suis collée devant La Casa de Papel que j'ai bingée d'un coup, d'un seul. J'ai enfin fait des nuits à peu près normales si on considère que rêver que je suis Batman est normal.
Mais comme il n'y a plus grand chose de normal en ce moment, on n'est plus à ça près.
Après le boulot, je suis allée marcher, comme d'habitude dans ma routine de confinée. Et ce fut un festival. J'ai croisé un hérisson et des oies. Mais j'ai aussi croisé un jogger en nage. Et si je ne m'étais pas décalée d'un mètre à son approche, je crois que j'aurais eu droit à une quantité incommensurable de fucking gouttelettes de sueur.

Je dois vous laisser. C'est l'heure de l'apéro.

Ainsi va la vie dans la France confinée du temps présent.

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7 commentaires

  1. J'ai enfin fait des nuits à peu près normales si on considère que rêver que je suis Batman est normal. alors , donc "normal" deux fois ? et Batman . Très bien allongez vous là c'est 100€ en espèces.

    Batman ? et pas Batwoman ? THIS IS SORCERY !

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  2. The grass was greener
    The light was brighter
    When friends surrounded
    The nights of wonder...

    tout ça semble si lointain, merci.

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  3. Il y a une chose proprement sidérante, dans cette une du Parisien avec ses quatre gourous futurologues : c'est que Jacques Attali n'y soit pas ! Il va nous en faire une jaunisse, à défaut d'autre chose davantage à la mode.

    Sinon, j'ai trouvé La Casa de papel regardable, pas déplaisante, mais sans plus : de gros défauts, tout de même. (Je parle de la première histoire, celle à la fabrique de monnaie : après j'ai décroché.)

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    1. Moi, en pareil contexte, cette troisième saison tombait à pic.

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