Confinement. Episode 16. Tout fout l'camp


Je viens de réaliser que la seule raison pour laquelle je n'écris pas quotidiennement sur ce blog, c'est parce que je suis devenue l'esclave de ma routine confinée. 
C'est le soir que j'écris, juste avant le dîner. En général, entre 19h30 et 21h en gros. Il me faut presque 2 heures entre le moment où j'écris le premier mot et le moment où je partage mon billet sur mes réseaux sociaux.

La vie est une question de priorités

Donc, il suffit que j'aie un apéro qui tombe au même moment, et bien je ne suis plus en état d'écrire après l'apéro.
Il suffit que je sois en plein échange de SMS enflammés pour que l'heure tourne et que celle du dîner l'emporte sur celle du billet.
Il suffit que je finisse le boulot plus tard que d'habitude pour privilégier le rituel de la marche à celui du billet.
Il suffit que je finisse un peu plus tôt pour prendre mon courage à deux mains et me lancer à l'assaut du supermarché plutôt que de me lancer à l'assaut d'un billet de blog.
Bref, un battement d'aile de papillon peut m'empêcher d'écrire. La vie est une question de priorités comme dirait l'autre.
Et pourtant, ce blog n'a jamais été aussi animé que pendant la campagne de François Hollande en 2012 et pendant ce confinement. Je ne sais pas trop quelle conclusion en tirer. Enfin si, j'ai ma petite idée, mais je ne vais pas me lancer dans un syllogisme.

Vendredi. 25ème jour de confinement. Anniversaire d'une amie.

Vendredi soir, donc, c'était le jour de "je prends mon courage à deux mains". J'avais tellement blindé mon caddie la dernière fois que j'ai tenu 10 jours. Arrivée au portes du temple de la surconsommation, 30 minutes de file d'attente à raison d'un mètre de distance entre chaque surconsommateur, je te laisse faire le calcul. J'ai eu tout le temps de prendre conscience que ma sacro-sainte liste de course ne m'emmènerait guère au-delà de 7 jours. 
Action. Réaction. Stylo. Anticipation. J'en rajoute pas mal.
Il y a avait vraiment beaucoup de monde (compte tenu du contexte hein). Et toujours autant de gens déambulant dans les rayons vaisselle, jardinage, électroménager. Toujours autant de gens en train de benckmarker sur deux pains : tranché aux céréales ? Pain de mie ? 2 minutes. 3 minutes. Je les ai un peu poussés avec mon caddie pour qu'ils me laissent prendre celui aux céréales.
Pour la première fois, j'étais masquée. Un masque très seyant. Confectionné par mère. Livré par une amie. Basé sur le modèle du CHU de Grenoble. Triple épaisseur. Coton-polaire-coton. Parfaitement ajusté. Zéro buée sur les lunettes.
Arrivée à la caisse. 25 minutes de queue. J'en ai jamais eu pour aussi cher. Mais j'en ai pour 15 jours minimum. Petite bataille personnelle mais grande victoire sur la vie confinée.
Alors évidemment, quand l'heure de l'apéro est arrivée immédiatement après cette expédition, le billet de blog est passé à la trappe. D'autant plus que c'était un apéro d'anniversaire pour une de mes meilleures amies. Celle qui m'a livré le masque (suis un peu steuplê).

Samedi. 26ème jour de confinement. Kremlin des Blogs.

Je suis proprement incapable de dire ce que j'ai fait hier. Un visio le matin avec ma mère et ma sœur. La découverte d'une série que je n'avais jamais vue et dont je n'avais jamais entendu parler, The Good Fight. Un spin-off de The Good Wife, que j'ai également découverte 6 ans après tout le monde. Une revue de presse sans fin. Mais surtout, un apéro qui se profile pour le soir avec les copains des blogs. C'est ce qu'on appelle dans le milieu, un KdB. Un Kremlin des Blogs. Si tu suis ce blog depuis le début, tu sais de quoi je parle. Si tu viens de débarquer, je t'explique. C'est un rituel piloté par Nicolas qui vit au Kremlin-Bicêtre. Régulièrement, on se retrouve à la Comète, son QG. On picole, on refait le monde, on prend des photos et on rigole.
Confinement oblige, il a donc organisé un KdB en visio.
Il y avait du monde. Des vieux blogueurs historiques. Ceux sans qui ce blog n'existerait pas car ils m'ont tout appris. Des moins historiques. 
Nicolas, Yann, Sylvie, Catherine, Mehdi, Denis, Laurent, Eric (je ne trouve plus son blog), Céline, Styven, Gilles. Eux non plus. Je ne retrouve plus le blog de Styven. Et Gilles ne blogue plus. Il fait de la radio. C'est lui, là, en haut à droite (toujours à droite, Gilles), avec le casque, le micro, les lunettes de soleil et la veste à fleurs. Classe le mec. Même en visio.

Ça faisait plaisir de les voir. Finalement, le visio m'aura permis d'en voir certains "en vrai" alors que je ne les avais jamais vus "en vrai" avant. Le paradoxe du confinement.

Dimanche. 27ème jour de confinement. Winston Churchill is back.

Je JDD est sorti. En Une, Emmanuel Macron masqué. Ils nous promettent un grand discours lundi soir. On attendait Jean Moulin, on aura Churchill. Du sang, de la sueur et des larmes, à la sauce Covid-19.
On nous annonce qu'enfin, le président va arrêter le saupoudrage par tranche de 15 jours de confinement pour, enfin, coller à la réalité de la situation qui devrait normalement rester un joyeux bordel pendant plusieurs semaines, donc mois. Cette sale habitude de rajouter du confinement par quinzaine de jours est ingérable sur les plans émotionnel, personnel et professionnel. Il faut en finir avec ça. D'ailleurs, je suis d'accord avec le Maire de Toulouse. T'as qu'à voir.
Le gouvernement aurait eu tout à gagner de dire les choses plus clairement.
On nous parle d'un serrage de vis, d'écoles fermées jusqu'en septembre, de frontières fermées pendant tout l'été et jusqu'en décembre, d'élections municipales en mars 2021, d'une interdiction des rassemblements jusque fin juillet, peut-être même de couvre-feu, voire, pourquoi pas, soyons fous, d'une nouvelle attestation de sortie dérogatoire. Mais toujours aucune annonce claire sur les masques, leur utilité, leur stock, leur obligation ou pas. Le flou total. Mais, ne propageons pas de fausses rumeurs. C'est pas le genre de la maison. Attendons docilement le grand discours de MacronChurchill lundi soir.
Ces spéculations sur les tenants et les aboutissants n'empêchent pas, hélas, les injonctions contradictoires. Ainsi, des responsables macronistes ou membres des Républicains, ou les deux, on ne sait plus trop ce qui distingue ces deux droites, vigoureusement soutenus par le Medef, appellent certains secteurs à reprendre le boulot, voire, pire, à travailler plus pour déconfiner plus.



Ces gens sont fous.
Mais Nico en a fait la meilleure synthèse qui soit. Et bien meilleure que ce que j'en aurais fait.
On ne sait plus où donner de la tête.
La situation nous échappe. 
On obéit parce qu'on n'a pas le choix.
On obéit parce qu'on n'a pas de masques.
On est dimanche, j'ai rédigé ce billet entre 12h et 13h30.
Et je vais cliquer sur "Publier" à 14h32.
Tout fout l'camp.

Et sinon ? Quelqu'un a des nouvelles de Sibeth Ndiaye ?

Résumé des épisodes précédents:

Vous aimerez aussi

14 commentaires

  1. On avait dit PAS DE MAJUSCULE au "saint" de saint Louis, bon sang !

    Je vous pardonne parce que vous avez picolé hier soir, mais c'est la dernière fois…

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Ah mais au moins elle ne se trompe plus dans les jours de confinage.

      Supprimer
    2. @Didier Goux... Mais meeeeerde !

      @Nico... J'ai été aidée par France Info qui tournait en boucle en arrière son et qui répétait à l'envi "Aujourd'hui, 27ème jour de confinement"

      Supprimer
    3. Comment ça "meeeeerde" ?

      Poivrote et, en plus, mal embouchée… Ah, les jeunes femmes d'aujourd'hui, j'vous jure ! Après ça, elles iront s'étonner qu'on ne se bouscule pas pour les déconfiner…

      Supprimer
    4. J'ai hésité. Dans le doute, j'ai évidemment choisi l'hypothèse qui me permettait de faire un peu de "scrogneugneu". Le genre "vieille ganache" à la Noël Roquevert, quoi.

      Supprimer
    5. Non non. Je dis des gros dans ma tête ET en public.

      Supprimer
  2. J'ai loupé le KDB en ligne, merdum.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Mais oui merde, t’étais où?
      T’avais poney ?

      Supprimer
    2. J'ai Teams mais sur mon ordi du boulot, je ne suis pas que je puisse me connecter.

      Supprimer
    3. Tu peux te connecter en client léger à la maison sans installer l’appli

      Supprimer
  3. C'était très chouette. Et tant pis ou tant mieux si les horaires d'écriture du billet sont flexibles, l'essentiel est qu'il vienne. Ceci dit, je n'ai pas l'ombre d'une idée pour mon prochain billet. La bise.

    RépondreSupprimer